Depuis le lundi 9 mai, une négociation non-stop se tient dans les locaux de Bosch Rexroth à Vénissieux. Face à face, le directeur de Bosch France, Heiko Carrie, qui est mandaté par la direction du groupe allemand, et l’intersyndicale CGT, FO et CFE-CGC.
Les discussions ont duré toute la journée, les 9 et 10 mai, de 8h30 à tard dans la soirée. Elles ne sont interrompues que pour les repas et les comptes-rendus, fait à la direction à Stuttgart pour l’un, aux salariés du site pour les autres.
Le point sur les négociations
Ce mardi à 15h, il semble que le « scénario 1 » soit abandonné. C’est ce plan qui avait mis le feu aux poudres. Présenté au CE le 2 février dernier par la direction de l’entreprise, il prévoyait une économie de 19,5 millions d’euros à réaliser sur trois ans et une délocalisation de la production de distributeurs hydrauliques (60% du chiffre d’affaire de l’unité DSI). Un scénario refusé par les salariés, qui ont débrayé massivement à plusieurs reprises depuis mi-février, et qui sont en grève perlée reconductible depuis le 26 avril.
Le « scénario 2 » semble, lui aussi, écarté. Proposé par le cabinet d’expertise Secafi Alpha (mandaté par le CE) en alternative au plan de la direction, il permettait de réaliser une économie de 12 millions d’euros tout en garantissant une rentabilité à 7%. La direction a rejeté cette solution.
Un « scénario 3 » en bonne voie ?
Une troisième piste semble constituer la base de discussion actuelle. Ce « scénario 3 » prévoirait de conserver une ligne de montage (sur quatre actuellement) et ses deux bancs d’essai. Cette solution permettrait d’économiser 16 millions d’euros sur trois ans, mais ne maintiendrait qu’un quart des effectifs ouvriers actuels, sans compter les services annexes. Si cette piste se confirmait, Bosch ouvrirait un plan de départs en retraite anticipée mais aussi un plan de départs volontaires.
Position de force
Selon plusieurs observateurs, la direction allemande aurait sous-estimé la détermination des salariés de Bosch Rexroth à Vénissieux, et comptait sur un essoufflement rapide du mouvement. Or, après deux jours de blocage total, 90% du personnel était encore en grève, dans les ateliers comme dans les bureaux de R&D (recherche et développement) ou au service commercial. Pour éviter les sanctions encourues lors d’une fermeture totale du site constatée par huissier, les salariés se sont ensuite organisés pour laisser entrer les livraisons mais en interdisent la sortie, grâce à des grèves ciblées (caristes…) et ponctuelles (une ou deux heures chacun, suffisant pour gripper le processus de travail). « Nous avons court-circuité leur procédé de « sécurisation » de la production, explique un salarié. L’usine de Bursa, en Turquie, est loin d’être prête à prendre le relais. De plus, nous retenons sur le site des éléments qui commencent à manquer aux usines d’assemblage. L’une d’elles, en Angleterre, est à l’arrêt, et harcèle la direction de Bosch pour être réapprovisionnée. Plus le temps passe, plus nous sommes en position de force. »
Sa politique du « zéro stock » semble se retourner contre l’industriel, qui a fini d’écouler les pièces présentes dans les hangars de DHL à l’aéroport Saint-Exupéry et entre maintenant dans une phase de rupture de ses livraisons. Une situation qui devrait permettre d’accélérer la conclusion d’un accord de sortie de crise.