La quarantaine passée, les remises en question sont plus difficiles, dit-on. Meziane, Thierry, Jérôme et Frédéric ont pourtant décidé de franchir le pas. Ils se sont lancés dans une formation de gardien d’immeuble, un métier plus complexe et plus enrichissant qu’il n’y paraît. Débuté fin octobre au Certa, ce cursus en alternance débouchera fin juin sur le passage d’un CAP.
“Avant, je travaillais comme régulateur de nuit dans un foyer social à Bourgoin-Jallieu. Ce travail avec des gens en grande difficulté était passionnant, mais suite à des restrictions budgétaires, mon contrat de vacataire n’a pas été renouvelé”, relate Thierry. Qui ajoute que sa future profession correspond bien à ses attentes et à son expérience : “Gardien d’immeuble, ce n’est plus seulement un travail de laveur de carreaux. On attend de nous des compétences techniques, mais aussi une capacité d’écoute vis-à-vis des locataires.”
Jérôme, lui, officiait dans l’industrie comme agent de montage avant d’être licencié. Il apprécie l’autonomie que lui confère ce nouveau métier : “Je voulais un travail qui me permette d’assumer mes choix, bons ou mauvais. C’est aussi un travail valorisant qui nous responsabilise, car il nous oblige à être exemplaire. Il m’a fait grandir en tant qu’homme.”
Ce que ne démentira pas Jean-Yves Rembowski, leur formateur : “Dans cette profession, il faut d’abord avoir une main de fer dans un gant de velours. Être capable de gérer des situations complexes sur le plan humain, tout en gardant la distance nécessaire. Les gens qui postulent ont souvent déjà un véritable niveau. Et mieux vaut être déjà un peu âgé pour l’exercer, à moins de faire preuve d’une rare maturité.”
Le métier est-il pour autant reconnu à sa juste valeur? Pas toujours, concède Meziane. “Dans les conversations de tous les jours, à niveau de qualification égal, un chef d’équipe sur un chantier ou à l’usine aura souvent une meilleure image auprès de ses proches. Mais les choses sont en train de changer et la fonction est de plus en plus valorisée. Les locataires s’aperçoivent bien qu’on améliore leur qualité de vie! Sans compter qu’avant, on pouvait travailler sans qualification. Alors que maintenant, les employeurs demandent systématiquement un CAP et de l’expérience.”
Sur les 35 heures par semaine que les élèves consacrent à leur formation, 21 sont réservées aux cours théoriques, les 14 restantes au terrain. “Cette formule nous permet d’apprendre d’un côté et de tester de l’autre”, avance Frédéric.
Pascal a terminé sa formation au Certa il y a plus d’un an. Depuis, cet ancien technicien de précision est en poste dans une résidence à Saint- Priest. “Je gère un parc de 126 logements. Au début, toute la partie liée au nettoyage et à l’entretien s’est avérée un peu difficile, puis je m’y suis fait, sourit-il. Maintenant, j’apprécie surtout le côté social, l’écoute des locataires. Dans cette résidence, je côtoie beaucoup de personnes âgées, avec qui le courant passe bien.”
Il est donc fini le temps des concierges, celui de Josiane Balasko et de son chat dans “L’Élégance du hérisson”. “Gardien d’immeuble, c’est un métier que je conseille aux gens qui n’ont pas peur de travailler, qui ont le sens du relationnel et sont bien dans leur tête”, conclut Pascal.
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