Et si le monde était divisé en deux ? Avec, d’un côté, des gens ayant élevé le traitement des ordures au rang de culte. Appelons-les les H. Et de l’autre, des irréductibles en retard en matière de nouvelles technologies et qui, les fous — ou plutôt les PHOU, personnes humaines organiquement usagées —, mettent leurs déchets dans des sacs poubelles. N’importe quoi !
C’est de ce monde futuriste (vraiment ?) que Caroline Nataieff a choisi de nous parler dans son roman “Les Haches”, édité chez Persée. Cette psychologue vénissiane, qui a déjà publié sous son véritable patronyme des essais professionnels (“Autour de la psychothérapie”) mais aussi de la poésie, s’essaie, avec “Les Haches”, à l’anticipation. “J’ai écrit ce roman il y a déjà quelque temps. Les éditeurs à qui je l’avais envoyé m’avaient répondu que c’était bien mais que cela n’entrait pas dans leur ligne éditoriale.”
Ce refrain connu, c’est Jean-Bernard Pouy qui le remet en cause. L’auteur de polars et créateur du personnage récurrent du Poulpe lit le manuscrit et relance l’idée qu’il doit être édité. “J’ai opté pour Persée, des éditions participatives, parce que je n’écris pas pour moi mais pour être lue. Je vais entrer dans la collection “La traversée du miroir”.”
La rencontre avec Pouy s’est déroulée au Carré 30, une petite salle de théâtre lyonnaise que Caroline a contribué à ouvrir. “Je viens de la quitter, place aux jeunes. Mais j’aimerais bien recréer ici, à Vénissieux, un espace identique, qui permette d’accueillir des soirées autour d’un poète.”
Caroline revient sur les deux populations qu’elle met en scène dans son roman. “Chez les H, tout est programmé : ils vivent entourés d’ordinateurs et de robots. Ils ont enterré Dieu depuis longtemps et vouent un culte au tri des déchets, avec un édifice où ils se rendent le dimanche pour incinérer les ordures. Ils recréent des rituels quasi liturgiques. Un mur virtuel les sépare des PHOU.”
Alors, bien sûr, un jeune garçon PHOU, qui se sent différent, et une jeune fille H, mal dans sa peau, vont se rencontrer. Comme dans “Le meilleur des mondes “ de Huxley — et Caroline assume la référence —, l’acte sexuel n’existe plus et les naissances sont programmées. “Je voulais dénoncer les humains, parler de mon manque de confiance en eux et des déviances de l’écologie, explique Caroline Nataieff. J’ai décrit un monde nouveau qui devrait tout résoudre mais les humains sont-ils capables de venir à bout de leurs problèmes ?”
Grande lectrice d’Asimov et de Bradbury, grands maîtres de la science-fiction — “Je suis cliente sans être spécialiste” —, l’auteur s’est amusée à trouver dans le Vidal, le dictionnaire des médicaments, le nom de ses protagonistes.
Après avoir organisé une signature dans son quartier, le Monery, le 3 avril dernier, Caroline Nataieff renouvellera l’expérience le 17 mai à 20 heures au Carré 30, après avoir participé aux Intergalactiques, le festival de science-fiction de Lyon, qui se tiendra du 12 au 15 mai.
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