« Malgré tous les discours du groupe et ses soi-disant valeurs, la boucherie sociale se poursuit et, à Vénissieux comme ailleurs, les coulisses des abattoirs ne sont pas belles à voir. » Ils ne décolèrent pas, et restent mobilisés : les syndicats CGT, CFE-CGC et FO des usines Robert-Bosch France, Sillia et Bosch Rexroth organisaient un débrayage commun sur le site historique de Bosch à Vénissieux, le 5 avril au matin. Objectif de la mobilisation : rappeler haut et fort au préfet de région la nécessité d’un réunion entre l’Etat, les représentants du personnel et ceux du groupe allemand Bosch pour « mettre fin au saccage industriel » à l’oeuvre selon eux sur ce site qui regroupe actuellement 890 emplois, contre 1 700 en 2008.
Un groupe en bonne santé
« Il y a trois semaines, nous avons rencontré de nouveau le préfet de région, explique François Marquès, secrétaire général de l’union locale CGT. Il nous a dit qu’il convoquerait cette table-ronde. Mais pour l’instant, nous ne l’avons pas obtenue. Ce que nous voulons, c’est responsabiliser Bosch. C’est un groupe en très bonne santé. Robert Bosch GmbH a réalisé un chiffre d’affaires de 70 milliards d’euros en 2015, avec un bénéfice avoisinant les 5 milliards. Un chiffre d’affaires réalisé en bonne partie en France, pourtant Bosch retire ses sites de production chez nous pour les délocaliser dans des pays à bas coût. C’est inacceptable », ajoute le syndicaliste. Un avis partagé par Patrick Faure, délégué CFE-CGC de Rexroth. « La France est le premier client européen de Bosch hors Allemagne. Mais alors que les familles françaises investissent dans l’outillage électroportatif ou l’électroménager de la marque, l’entreprise investit des millions d’euros dans la destruction massive d’emplois en France » s’insurge le cadre.
L’ensemble du site menacé
La situation est inquiétante pour les trois entreprises du boulevard Joliot-Curie. Chez Bosch Rexroth, qui conçoit, fabrique et vend des composants hydrauliques et électroniques pour les engins agricoles et de travaux publics, on a tout à craindre des effets du plan d’économies de 19 millions d’euros imposé par la direction générale. Il pourrait entrainer, selon l’intersyndicale, la suppression de 185 emplois sur 365. Chez Sillia, à qui Bosch a cédé son activité de panneaux solaires en juin 2014, il manquerait entre 8 à 12 millions d’euros pour boucler 2016. La CGT redoute une cinquantaine de licenciements dès juin 2017, ce qui ferait passer son effectif de 128 à 80. Quant à l’usine historique de Robert-Bosch, qui fabrique des composants pour les moteurs diesels, elle doit stopper définitivement cette activité dans un an, en mars 2017. Cette unité compte 160 salariés, dont 50 travaillent au sein du bureau d’études. En juin débuteront des discussions pour fixer les modalités de départ volontaires ou en pré-retraite, tandis que les salariés sont incités à rejoindre l’usine de Rodez, dans l’Aveyron. « Les trois sociétés du site de Vénissieux ont mis des forces en commun au travers de services partagés, ce qui les rend indissociables, explique Gilles De Gea, délégué syndical CGT chez Rexroth. Lorsqu’on met tous les éléments bout à bout, on peut légitimement en arriver à la conclusion que le groupe Bosch a décidé de supprimer l’ensemble du site. »
Retour : Bosch Diesel : reconversion en vue. Quel en sera le coût social ? - Expressions Les nouvelles de Vénissieux