Le même problème se pose tous les ans. Avec un festival aussi riche que le sont les Nuits de Fourvière, comment être synthétique ? Ne pas se contenter de balancer juste une liste de noms — et la liste est longue, emplie de spectacles qui mériteraient tous, peu ou prou, d’être cités — sans avoir toutefois la place d’entrer dans le détail ?
Commençons par les généralités : financée à présent par la Métropole et non plus le Conseil général, la manifestation qui s’étend sur deux mois (juin et juillet) s’exporte de plus en plus hors les murs des théâtre romains. Sont ainsi également sur la brèche la patinoire Charlemagne avec « Vertical influences » (7 au 11 juin), la cour du lycée Saint-Just qui accueille la compagnie MPTA (9 au 11 juin) et le préau du collège Jean-Moulin où Éric Elmosnino fera revivre le grand footballeur brésilien Garrincha, du 16 au 30 juin — les deux établissements scolaires sont dans le 5e arrondissement de Lyon. Sur la scène des Célestins, le Québécois Robert Lepage s’installe avec « Quills » (16 au 18 juin) et sur celle du théâtre de la Renaissance à Oullins, ceux qui ont le tort de ne pas le connaître découvriront le collectif belge Mensuel (15-19 juin). Les autres se souviendront qu’il y a quelques années, il avait fait crouler de rire le Théâtre de Vénissieux avec « L’homme qui valait 35 milliards », sur l’enlèvement de Lakshmi Mittal. Ces sympathiques hurluberlus reviennent dans la région en convoquant Julia Roberts, Brad Pitt, Sean Penn et quelques autres stars. Directeur des Nuits de Fourvière, Dominique Delorme explique : « Avec « Blockbuster », le collectif reprend pour thématique la révolte du peuple contre la classe dominante. Ils ont remonté des extraits de films qui vont durer 1h30 et qu’on verra en version muette. Sous l’écran, nos cinq acteurs vont doubler l’intégralité des dialogues, faire des bruitages et jouer la musique. »
Hors les murs encore, Mikhail Baryshnikov retracera la vie de Nijinski à la Maison de la danse, sous la direction de Bob Wilson (23-26 juin), et Simon McBurney, talentueux acteur et metteur en scène britannique qui a fait l’ouverture du festival d’Avignon en 2012, investira le Radiant-Bellevue de Caluire pour « The Encounter » (23-25 juin). Enfin, les Flamands de la Comp. Marius, qui avaient déjà présenté deux œuvres de Pagnol (« Jean des Florettes » et « Manon des sources ») et, l’an dernier, du Beaumarchais (« Figaro »), reprennent aux Subsistance la célèbre trilogie qui donne son nom à la compagnie, « Marius », « Fanny » et « César », du 1er au 10 juillet. Il y aura encore du cirque au parc de Lacroix-Laval mais aussi un concert, celui de Silvain Vanot (18 juillet), en partenariat avec l’Épicerie moderne de Feyzin.
Et les deux théâtres romains de Fourvière, alors, la grande scène et l’Odéon ? Pas de panique : sur les 56 spectacles annoncés, 43 s’y dérouleront. À tout seigneur, tout honneur : commençons par ceux qui ont déjà été annoncés en avant-première et qui font désormais saliver la quasi totalité de l’agglo : Radiohead fera l’ouverture des Nuits le 1er juin. Les doux rêves sont faits de cela, nous souffle Eurythmics, tandis que le groupe de Thom Yorke se contente de nous souhaiter un « Nice Dream ». Question concerts, Fourvière nous gâte : du rock, bien sûr, avec dans le sillage de Radiohead, PJ Harvey (14 juin), The Offspring (5 juillet) et Pixies (20 juillet). Du rock français avec Dionysos et Katerine (27 juin), Deluxe (13 juillet) et Louise Attaque (19 juillet). De la chanson française avec le retour inespéré de Michel Polnareff (21 juillet) mais aussi Benjamin Biolay (17 juin), Zazie (1er juillet), Christophe (11 juillet), William Sheller (12 juillet), Francis Cabrel (18 juillet), Souchon et Voulzy (25 juillet), Thomas Dutronc et Cœur de Pirate (26 juillet).
Ajoutons Idir le 12 juin. Également Barbara Hendricks (22 juillet) et Didier Lockwood (28 juillet). Vinicio Capossela, musicien italien qui se produit le 9 juillet, est moins connu chez nous mais les Nuits de Fourvière en font leur invité d’honneur et nous le recommandent vivement. Enfin, un ensemble de soirées à thème rythmeront le festival : nuit africaine (29 juin), nuit italienne (30juin), nuit soul (2 juillet), nuit rumba (3 juillet), nuit des Balkans avec Emir Kusturica et son No Smoking Orchestra (8 juillet), nuit des accordéons du monde (14 juillet), nuit blues avec Taj Mahal (16 juillet), nuit bretonne (17 juillet), nuit grecque avec Angélique Ionatos (23 juillet) et, en guise de conclusion, l’Éclat final du 30 juillet.
Inclassable, la création musicale « Moondog » (11 juin), rendra hommage au « Viking de la 6e avenue », un musicien qui compta parmi ses admirateurs des artistes aussi différents que Toscanini, Stravinsky, Zappa, Paul Simon et Damon Albarn.
Le théâtre a également toute sa place à l’Odéon ou sur la grande scène. Ariane Ascaride et Didier Bezace liront Aragon le 16 juin. Serge Valletti, déjà présent sur « Garrincha », continue ses nouvelles traductions d’Aristophane et adapte « Lysistrata », cette histoire de femmes qui refusent leurs corps aux hommes tant qu’ils seront à la guerre, sous le titre « La stratégie d’Alice » (22 au 26 juin). La mise en scène est signée Emmanuel Daumas. Sophocle sera lui aussi de la partie avec Gwenaël Morin qui monte « Ajax », « Œdipe roi » et « Électre » dans trois quartiers du 5e arrondissement (Jeunet, Sœurs-Janin et Ménival) avant de réunir le tout sur l’esplanade de l’Odéon le 23 juillet, toute la nuit.
Renseignements : www.nuitsdefourviere.com