Le 31 mars sonnera la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives. Plusieurs familles vénissianes pourraient se retrouver sans toit. S’inscrivant dans une tradition qui remonte à 1990, le maire, Michèle Picard, dépose tous les ans en préfecture des arrêtés interdisant à la fois les expulsions, les saisies mobilières et les coupures d’énergies. Systématiquement, ils sont contestés au tribunal administratif par le préfet. Lequel obtient gain de cause à chaque fois.
L’année 2016 verra-t-elle le maire prendre de nouveaux arrêtés ? “Oui, bien sûr, annonce Michèle Picard. Au-delà du symbole, il s’agit d’interpeller les pouvoirs publics avant que l’actualité ne soit marquée par de nouveaux drames humains […]. Chaque année, nous travaillons nos arrêtés selon un nouvel angle, dans l’espoir de trouver celui qui convaincra les pouvoirs publics.”
Et l’élue de revenir sur l’audience qui a vu la suspension de ceux pris en 2015: “Le tribunal a estimé que, pour prévenir un trouble à l’ordre public et en cas de circonstance particulière, le maire peut utiliser ses pouvoirs de police pour s’opposer à une coupure d’énergie. Il doit cependant apporter la preuve que cette interdiction est nécessaire en raison des risques encourus.”
Pour s’engouffrer dans la faille, reste à apporter cette preuve. Mais Michèle Picard compte puiser ses arguments dans l’actualité. “Je rappelle qu’à Vénissieux, une dame en difficulté a voulu récemment se jeter par la fenêtre. Je rappelle aussi qu’en 2013, une autre a été retrouvée pendue par l’huissier qui venait l’expulser.” Et de pointer le danger des coupures d’énergie, évoquant “les gens qui s’endorment en se chauffant avec des moyens de substitution, et qui risquent de s’asphyxier dans leur sommeil”.
Message bien reçu du côté du Réseau d’alerte et de solidarité des Vénissians. “Chaque fois que ce sera possible, nous serons présents pour nous opposer à ces expulsions indignes”, abonde André Mazuir, le porte-parole de l’association. “Ces expulsions et ces saisies ne règlent rien, elles ne font que renforcer les difficultés des gens qui vivent déjà des situations catastrophiques.”
Les habitants des tours gérées par GLH n'ont toujours pas de chauffage. Ils étaient une soixantaine à manifester leur mécontentement ce mercredi matin.