À la crèche Arc-en-ciel, un groupe de parents planche sur les questions de parentalité et de co-éducation depuis plusieurs années. Grâce à l’UPP (Université populaire des parents), ces sujets font l’objet de recherches. Il y a d’abord eu un temps d’échange très libre autour de ces thèmes. De ces discussions à bâtons rompus est ressorti le sentiment d’être soumis à une forte pression, une obligation d’excellence concernant les enfants. Mais aussi que l’éducation est éclatée, partagée avec l’école, l’environnement social. D’où leur recherche sur la meilleure co-éducation possible, guidée par une chercheuse, Jeanne Desmoulins.
“Nous en sommes à la troisième génération d’UPP, chacune représentant un cycle de recherches d’environ trois ans, précise Samia, responsable de la crèche parentale Arc-en-ciel et animatrice du groupe UPP. Nous valorisons les compétences des parents.” Les parents des quartiers populaires ont été souvent mis à l’index comme étant des parents démissionnaires. “Mais ce sont les politiques, les médias qui disent cela, quand ça les arrange. Nous ne supportons pas d’être réduits à cette affirmation totalement fausse”, regrettent les parents. Comme le résume bien un ouvrage publié par les UPP, “la société impose un cadre, nous donne des contraintes qui peuvent parfois entrer en conflit avec les pratiques éducatives que nous avons reçues. Comment cette responsabilité se partage-t-elle ? Pourquoi avons-nous le sentiment de ne pas être reconnus dans cette responsabilité, sauf en cas de difficultés où nous devenons alors coupables ?”
Réunis à la crèche le jour de notre rencontre, Karima, Déo (le seul papa de l’UPP), Samira, Aurore, Sabrina et Leïla, nous donnent leur définition de la parentalité : “Être parent c’est avoir la responsabilité légale de son enfant qu’il soit biologique ou non ; c’est l’aider, l’éduquer, lui transmettre des valeurs ; c’est aussi un état d’esprit. En grandissant, il doit acquérir une certaine autonomie.”
Autour de la table, tous en conviennent, la célèbre psychanalyste Françoise Dolto a révolutionné le rôle des parents en faisant comprendre que l’enfant était une personne. Depuis, l’explication et le dialogue ont pris une place importante dans l’éducation. “Le meilleur exemple, illustre cette maman chercheuse, c’est quand on va chez le médecin pour faire un vaccin. Quand j’étais enfant, on nous faisait la piqûre et c’est tout. Aujourd’hui, on explique à notre bébé ce qui va se passer.”
Les parents de l’UPP de Vénissieux mènent depuis cette année une recherche en direction des professionnels : les enseignants, les animateurs des maisons de l’enfance, des centres sociaux. “Nous avons lancé les questionnaires.” Ils souhaiteraient que le résultat de leur travail soit porté bien au-delà de l’UPP. “Pourquoi pas auprès des élus, de l’Éducation nationale ?”
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