Les finalistes ayant pris part aux derniers assauts de la 16e édition du Circuit national d’épée de Vénissieux, dimanche, auraient dû se méfier. Quand Ivan Trevejo se qualifie pour les derniers tours, il devient dur au mal et dur à battre. Même le grand espoir colombien John Edison Rodriguez Quevedo, qui s’est hissé en finale, a fini par se casser les dents. Ivan est toujours aussi terrible, c’est un fin stratège des pistes. « J’ai vu comment ce longiligne Quevedo, que je connais bien, profitait de son allonge pour s’imposer depuis le début du circuit. J’ai décidé de marcher sur lui, de l’attaquer en profondeur, ça a marché. »
Et quand le souffle venait à lui manquer, quand ses jambes de quadra se sont légèrement dérobées, payant vraisemblablement les effets secondaires du décalage horaire — il avait concouru quelques jours plus tôt à Vancouver –, Ivan a su jouer de son expérience : petite contestation sur l’arbitrage, petite pause pour se rafraîchir… À 45 ans, cet escrimeur d’origine cubaine argenté lors des JO d’Atlanta sous les couleurs de Cuba, s’est installé au début des années 2000 en France, dont il défend les couleurs depuis 2010. Et de belle manière. Il a encore remporté une médaille d’or aux Jeux européens de Bakou, l’an dernier.
« J’aimerais finir ma carrière sur une sélection à des JO, confie Ivan Trevejo. Au niveau individuel, cela est très compliqué, je suis loin du quatuor des meilleurs escrimeurs français. Mais j’ai de sérieuses chances de prendre un billet en équipes pour les Jeux de Rio. Même avec un statut de remplaçant, cela me conviendrait. » Habitué des pistes vénissianes — victorieux en 2006, 2010 et 2013, il s’impose pour la 4e fois au gymnase Jacques-Anquetil — Ivan Trevejo a médusé escrimeurs, entraîneurs et même le président Aurélien Tivilier. « Ce champion est incroyable, c’est Highlander, l’Inoxydable et l’Inusable à lui tout seul. Pour cette édition 2016, j’ai de quoi être satisfait, on a pu compter sur la présence de tireurs espagnols, autrichiens, italiens, luxembourgeois, suisses et colombiens. On touche l’international. »
L’occasion de dresser, en creux, un tableau plutôt sombre des épéistes français et vénissians. « En cette année olympique, les meilleurs escrimeurs français ne pouvaient prendre part à un circuit national, se désole Aurélien. La fédération a voulu les préserver de la fatigue et d’éventuelles blessures. Ceux qui se sont illustrés font partie de la vieille garde, à l’image Grégory Goetz, vétéran qui s’est hissé à la 8e place. » Et du côté des Vénissians ? « Petite déception puisque Stéphane Vienne, premier de cordée, a décroché une 17e place, Hervé Lapierre qui ne peut s’entraîner sérieusement puisqu’il est sur Aix en ce moment a pris une 25e place, Fabien Battut, notre espoir, a fini 60e. » Par ailleurs, on attendait beaucoup de Nelson Lopez Pourtier, ancien de Vénissieux Escrime, désormais licencié à Saint-Gratien, et qui est entré dans le Top 10 des épéistes nationaux. Trop technique, pas assez calculateur, Nelson s’est contenté d’une piètre 23e place.
Pour le reste, tout a été frappé du sceau de la réussite : organisation sans faille, programmation respectée, convivialité de tous les instants… Même si parallèlement, au gymnase Jean-Guimier, la petite séance d’initiation à l’escrime n’a pas reçu le succès public escompté.
Classement de l’édition 2016
1- Trevejo (Saint-Gratien), 2- Rodriguez Quevedo (Saint-Gratien), 3- Correnti (Aix) et Varela (Saint-Gratien), 5- Lemarie (Normandie), 6- Bon (Amiens), 7- Molic (Paris), 8- Goetz (Pont-à-Mousson), 9- Gonon (Lyon Epée Métropole), 10- Fleury (Tourcoing)…