« C’est une grande satisfaction. Dans le contexte actuel d’austérité, ce n’était pas gagné ». Idir Boumertit, adjoint en charge du Grand projet de ville, a le sourire. Avec le maire, Michèle Picard et la Première adjointe, Yolande Peytavin, il était à Paris, début janvier, pour défendre face à l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) le protocole de préfiguration du nouveau programme de renouvellement urbain des Minguettes, qui porte sur les années 2015-2030.
« Michèle Picard a su se montrer convaincante, précise l’adjoint. L’ANRU s’est engagée à apporter sa quote-part au financement des quatre opérations définies comme prioritaires. Nous avons maintenant un délai de 18 mois pour les lancer. Après quoi, nous signerons une convention de site pour la réalisation de l’ensemble du programme. »
Quelques chiffres pour mesurer l’ampleur des transformations annoncées d’ici à 2030 : 1185 logements démolis, 2085 construits, 4000 logements rénovés, 4000 autres résidentialisés et 90000 m2 d’activités économiques créés.
Mais dans les trois ans qui viennent, il s’agit donc de traiter quatre urgences : la démolition de la grande barre de Monmousseau (ICF – 197 logements), celle de la tour 36 de la Darnaise (GrandLyon Habitat – 69 logements), la réhabilitation de la résidence du Couloud (Sacoviv – 220 logements) et celle d’Edouard-Herriot (Alliade – 200 logements).
Le coût global de ces quatre opérations, en incluant les missions d’accompagnement pour le relogement et les études techniques et sociales, s’élève à quelque 37 millions d’euros. L’ANRU prendra en charge 70 % du financement des démolitions et 10 % de celui des réhabilitations. Une aide substantielle !
La délicate question du relogement
Tant dans les conseils de quartiers que dans les réunions de concertation sur la révision du Plan local d’urbanisme et d’habitat (PLU-H), plusieurs habitants se sont récemment inquiétés de la problématique du relogement après démolition. Vénissieux a certes une longue expérience en la matière. Mais ces opérations sont toujours délicates car elles touchent à l’intime, la mémoire, l’attachement à un territoire. « C’est extrêmement sensible, convient Idir Boumertit. Nous allons faire le maximum pour rassurer et accompagner les locataires. Dès le mois de mars, une première réunion d’information sera organisée pour bien expliquer la procédure. Puis une enquête sociale sera réalisée par un bureau spécialisé. Enfin seulement nous entrerons dans la phase proprement dite de relogement. Avec les bailleurs, nous nous donnons trois ans pour mener à terme ce processus. »
La question est d’autant plus délicate que les nouvelles règles de la Politique de la Ville, au nom de la mixité sociale, interdisent toute construction HLM dans les quartiers qui comptent plus de 50 % de logements sociaux. Or ce taux aux Minguettes est aujourd’hui de 77 %. Et le taux de vacance par ailleurs, on le sait, est très faible. Les possibilités de relogement dans le même quartier sont donc réduites. « C’est pourquoi nous défendons dans la majorité municipale l’idée de pouvoir encore construire du logement social, souligne l’adjoint au maire. On ne peut pas faire que de l’accession. Ou alors cela reviendrait à dire aux personnes qui seront délogées que les futures constructions ne sont pas pour elles ! »