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Régionales : Vénissieux bien ancrée à gauche

Alors que la région Auvergne/Rhône-Alpes vire au bleu foncé, Vénissieux réaffirme, sur fond de remobilisation des électeurs, son attachement aux valeurs progressistes. La tête de liste de l’union de la gauche, Jean-Jack Queyranne, a recueilli près de 54 % des suffrages, très loin devant le candidat de la droite, Laurent Wauquiez, et celui du FN, Christophe Boudot.

Avec des sondages serrés et une participation annoncée en forte hausse dans l’après-midi, on pouvait s’attendre à une photo-finish pour départager Jean-Jack Queyranne et Laurent Wauquiez, au soir du second tour des élections régionales en Auvergne/Rhône-Alpes. Mais le candidat de la droite et du centre, qui a usé dans l’entre-deux tours d’une communication ultra-droitière, n’hésitant pas à reprendre sur ses tracts le discours et le graphisme propres au FN, a finalement creusé un confortable écart sur son concurrent socialiste. Avec 40,61 % des voix, Laurent Wauquiez devance beaucoup plus largement que prévu Jean-Jack Queyranne (36,84 %). La tête de liste FN, Christophe Boudot, recueillant 22,55 % des suffrages, soit un recul de trois points par rapport au premier tour.

Est-ce à dire que Laurent Wauquiez a été élu avec les voix du Front national ? Pas si évident quand on constate que Christophe Boudot, s’il régresse en pourcentage, a tout de même gagné quelque 27 000 électeurs entre les deux tours. Mais dans un contexte de forte hausse de la participation (+ 8 points), le candidat de la droite, qui avait beaucoup moins de réserves de voix que son adversaire socialiste, est parvenu à séduire plus de 400 000 électeurs supplémentaires.
Cela donne au final une région Auvergne/Rhône-Alpes très à droite. Seuls le Puy-de-Dôme, la Métropole de Lyon, l’Isère, la Drôme et l’Ardèche ont placé la liste d’union de la gauche en tête. Au Conseil régional, la droite va disposer d’une majorité absolue avec 113 sièges sur 204, tandis que le FN fait entrer 34 élus, la gauche devant se contenter de 57 conseillers.
Dans cette colorisation bleu foncé du paysage politique régional, Vénissieux est une des villes, avec Vaulx-en-Velin et les 1er et 4e arrondissements de Lyon, où Jean-Jack Queyranne obtient l’un de ses meilleurs scores dans l’agglomération. Le candidat de l’union de la gauche recueille 53,91 % des voix (+ 25 points par rapport au premier tour), loin toutefois des 66,25 % obtenus en 2010. Laurent Wauquiez avec 23,80 % progresse de 8,5 points, tandis que Christophe Boudot (22,30 %) en perd cinq. Le Front national, qui avait renoué le 6 décembre avec ses scores les plus élevés localement, est donc en recul. Mais il faut observer qu’il gagne quand même 200 voix entre les deux tours.

Michèle Picard : « La gauche doit reconquérir les classes populaires »

Motif de satisfaction : la participation a enregistré une très forte progression à Vénissieux (+10,35 %). Pour Michèle Picard, ce regain de participation « est une première réponse au premier tour ». Mais le maire constate aussi que « de scrutin en scrutin, le Front national cristallise le rejet des politiques libérales menées en France et à Bruxelles depuis des décennies. […] Même si l’extrême droite ne gagne aucune région, un changement de politique est urgent et nécessaire, sinon la démocratie et la république seront un jour ou l’autre en très grand danger. La gauche doit se réveiller, elle se doit de résister, et non pas de s’adapter au libéralisme mortifère. Elle doit reconquérir avec des mesures de justice sociale fortes toutes les classes populaires laissées à l’abandon depuis des années. »
Et Michèle Picard d’ajouter : « La victoire de Laurent Wauquiez illustre la droitisation du débat politique. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les services publics de nos territoires, en matière de formation, d’éducation, de culture et de transports. Ce n’est pas une bonne nouvelle non plus pour les salariés en difficulté, qualifiés d’assistés par la droite. »
Autre réaction locale, celle émanant de l’ancien maire André Gerin, pour qui Gérard Collomb porte « une grande part de responsabilité » dans la défaite de la gauche en Auvergne/Rhône-Alpes. « En figeant la campagne électorale de Jean-Jack Queyranne, la fédération socialiste du Rhône a donné un sacré coup de main à Laurent Wauquiez, écrit André Gerin. En toile de fond, l’impérial Gérard Collomb a participé à cette non-campagne électorale. »

 

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