Les scores réalisés par le FN au premier tour des élections régionales sont venus confirmer et même amplifier les estimations des instituts de sondages. En tête dans six des treize régions métropolitaines, le parti de Marine Le Pen, avec 27,96 % des suffrages au niveau national, devance légèrement l’union de la droite (26,89 %) et beaucoup plus largement le PS (23,33 %).
En Auvergne/Rhône-Alpes, la droite classique, emmenée par Laurent Wauquiez, parvient toutefois à virer en tête (31,73 %). La liste FN conduite par Christophe Boudot n’est « que » 2e avec 25,5 %, talonnée par celle du président socialiste sortant Jean-Jack Queyranne (23,9 %).
Mais la percée du parti frontiste n’en est pas moins spectaculaire. Et Vénissieux n’échappe pas à la règle. Dans notre commune, où la participation n’a été que de 32,34 %, la liste de Christophe Boudot a en effet recueilli plus du quart des suffrages exprimés (27,26 % – 2511 votes). Elle n’est devancée que d’une grosse centaine de voix par la liste PS-PRG (28,8 % – 2653 votes). L’union de la droite est en revanche loin de son niveau régional puisque Laurent Wauquiez a séduit 15,24 % des électeurs (1404 votes). Juste derrière, la liste PCF-MRC conduite par Cécile Cukierman obtient 14,58 % (1343 votes), très au-dessus de son résultat régional (5,39 %). Puis vient la liste EELV et PG de Jean-Charles Kolhass (6,48 % – 597 votes), un score quasiment identique à ce qu’elle obtient dans la région (6,90 %). Toutes les autres listes plafonnent entre 1 et 2,6 %.
Par rapport à 2010, on observera que Jean-Jack Queyranne améliore son score d’un point à Vénissieux. La droite est en légère progression également (+2,5 points), mais en intégrant les voix centristes (en 2010 le total UMP + MoDem était supérieur avec un total de 18 %). À la gauche du PS, les comparaisons sont moins évidentes puisque le Front de gauche partait divisé cette année. Sans la composante du Parti de gauche, allié cette fois à EELV, la liste de Cécile Cukierman perd 2,5 points. Les écologistes d’EELV enregistrent un recul plus sévère : – 6 points. Mais le principal enseignement reste la progression spectaculaire du FN qui passe de 15,10 % à 27,26 %. Il atteint presque son plus haut niveau historique, enregistré au premier tour des élections municipales de 1995 (29,56 %). À l’époque, le choc avait été tel que le maire, André Gerin, avait commandé une enquête « qualitative » à la SOFRES pour mieux cerner les motivations des électeurs du FN.
Si le FN avait ensuite reflué, il est remonté en flèche à l’occasion des élections européennes de 2014 où Jean-Marie Le Pen avait obtenu 27,06 % des suffrages des Vénissians, loin devant toutes les autres formations politiques. « À chaque scrutin, le Front national renforce son ancrage dans tous les territoires, a déploré dimanche soir le maire de Vénissieux, Michèle Picard. Le tremblement de terre est à la hauteur des scores historiques réalisés par l’extrême droite partout en France, et plus particulièrement dans le Nord-Pas-de-Calais, en PACA et en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Dans une moindre mesure, Vénissieux n’échappe pas, malheureusement, à cette tendance. »
Dans la perspective du second tour de dimanche prochain, qui s’annonce extrêmement serré en Auvergne/Rhône-Alpes, Michèle Picard, « face aux idées de repli identitaire, de rejet de l’autre et de haine proférées par l’extrême droite », a appelé « toutes les forces de gauche à faire barrage au Front national et à la droite libérale et réactionnaire ».
