Portraits

Mick Wagner : elle ferait chanter des chevaux de bois

Enseignante de chant choral à l’école de musique depuis 25 ans, chanteuse dans le trio vocal Quai des Brunes, Mick Wagner multiplie les actions. Et mène ses chœurs de jeunes vers un accord parfait, entre musique et épanouissement. 

Lorsqu’on discute avec Mick Wagner, professeur de chant à l’école de musique Jean-Wiéner, qu’on l’entend chanter sur une scène ou plaisanter avec les autres, on ne sait pas s’il faut retenir en premier lieu la chaleur et la sympathie qu’elle dégage ou la qualité de sa voix, capable de vous faire vibrer quel que soit l’auteur de la chanson.

« Il paraît que j’ai su chanter avant de parler, plaisante-t-elle. J’entonnais « Ma petite est comme l’eau », debout sur la table, pendant que ma mère m’habillait. Elle était mon rayon de soleil et elle m’a donné ma motivation ! Elle disait de moi que j’aurais fait chanter des chevaux de bois ! »

Cette « Eau vive » de Guy Béart a couru dans les veines de Mick jusqu’à nos jours. Son coup de foudre pour le chant choral, Mick le ressent alors que ses parents l’inscrivent, tous les étés, dans les camps chantants de l’Institut de musique sacrée de Lyon. « Mes études musicales, je les commence à 16 ans au lycée Lumière. Une fois embringuée là-dedans, en parallèle du lycée, je suis entrée au Conservatoire de région de Lyon. J’ai mis les bouchées doubles et ai rattrapé sept années de solfège en une ! Puis je suis entrée aux Cantourelles de Lyon, qui étaient dirigées par Christian Wagner. »

Entre 1980 et 1998, avec d’autres chefs, Mick dirige ces chœurs regroupant 200 enfants âgés de 5 ans et demi à 8 ans, répartis sur toute l’agglomération. Elle choisit et met en place des répertoires, forme des chefs de chœur, organise et dirige rassemblements et concerts de fin d’année. « Christian Wagner m’a sollicitée pour la direction d’une chanterie À Cœur Joie. Je me souviens de concerts au Palais des sports où nous avions plus de mille enfants ! »

Dans le même temps, Mick s’inscrit en fac de musicologie. « Je me suis vite rendu compte que je n’étais pas faite pour enseigner l’opéra chez Lully à des élèves de 6e qui n’en ont rien à faire. Le chant choral et les méthodes actives m’intéressaient plus. Je me dirige alors vers l’IMMAL, l’Institut musical de méthodes actives à Lyon. »

Là et à l’Institut Jaques-Dalcroze de Genève, où elle suit plusieurs stages, elle s’initie aux méthodes pédagogiques de Carl Orff, Émile Jaques-Dalcroze, Maurice Martenot, Edgar Willems… A l’IMMAL, Mick enseigne l’éveil musical et corporel entre 1975 et 1997.

« J’ai quitté la rue Bugeaud, à Lyon, pour emménager à Vénissieux. Je me suis présentée en 1989 à l’école de musique Jean-Wiéner, qui était alors dirigée par Chantal Guiraud, mais aucun poste n’était vacant. A la rentrée suivante, Chantal m’appelle pour que je m’occupe de l’éveil musical. L’année suivante, j’avais un chœur junior. Les petits ont grandi, on a ouvert un chœur ado puis, en 2004, on a créé Fusion, qui rassemble des jeunes adultes. »

Non seulement Mick et son mari Thierry Wagner, le fils de Christian Wagner, puis leurs trois enfants s’intègrent dans la vie vénissiane et son tissu musical mais il se trouvent même de plus en plus accaparés. Parents et enfants participent aux Fêtes escales, aux Biennales de la danse, aux fêtes de quartier…

« Je faisais également des formations de formateurs au CFMI (Centre de formation de musiciens intervenant à l’école) mais j’ai lâché progressivement pour ne garder que Vénissieux. »

« Le chant choral a aidé l’ado timide et introvertie que j’étais à prendre confiance en elle. »

Mick et ses chœurs d’enfants et de jeunes multiplient les aventures. Avec la compagnie Traction Avant, ils participent aux projets Oradour et Démocratie, ce dernier pour la démolition des dix tours du quartier du même nom. Les spectacles s’enchaînent : Prévert, « Le petit tailleur », « Sister Act », « Bestiaires d’hier et d’aujourd’hui », « Horizons », « Adiemus », « Cats »…

« Le chant choral, avoue Mick, a aidé l’ado timide et introvertie que j’étais à prendre confiance en elle. Le chant est devenu mon moyen d’expression avec lequel je n’avais peur de rien. J’écoute beaucoup la chanson française du XXe siècle, avec un goût particulier pour les années trente, le caf’ conc’ et le cabaret. Les études m’ont placée sur des rails plus classiques et c’est vrai que ma première émotion musicale, je la dois au « Stabat Mater » de Pergolese. »

Outre les trésors de pédagogie dont elle fait preuve auprès des enfants — il n’y a qu’à voir la confiance absolue qu’ils lui accordent —, Mick cache aussi une âme d’artiste qu’elle a pu mettre en pratique au sein du groupe Quai des Brunes, entre 1996 et 2012. Avec Marie-Anne Isnard-Michel et Élisabeth Ponsot, elles reprennent les chansons de Brassens, Michèle Bernard, Anne Sylvestre, Gainsbourg (entre autres « Les petits papiers », écrite pour Régine). Accompagnées au piano par Jean-Luc Michel, leurs voix font merveille. Trois albums naîtront de cette aventure atypique. « J’ai toujours fait partie de chœurs, noyée dans la masse. Pour des qualités qu’elles avaient pressenties, Marie-Anne et Babette sont venues me chercher. Je me suis régalée et, aujourd’hui, ça me manque. Quai des Brunes a aussi permis des rencontres magiques avec Michèle Bernard et Anne Sylvestre. »

Les mélodies des deux chanteuses, Mick les inscrit justement au répertoire de Fusion, son groupe de jeunes. Elle les a amenés déjà plusieurs fois aux Choralies de Vaison-la-Romaine et s’apprête à y repartir en août 2016. « Mes premières Choralies furent extraordinaires. On sent une véritable osmose entre les gens, une passion commune, comme si l’on respirait à 5000. César Geoffray, qui fut l’élève de Vincent d’Indy et Florent Schmitt, et son poulain Christian Wagner ont voulu démocratiser la musique et offrir à tout le monde la possibilité de chanter avec À Chœur Joie et les Choralies. Cet été, Fusion présentera à Vaison-la-Romaine un spectacle et participera à un projet du collectif La Compagnie. « Upgrade » réunira 150 jeunes, sous la direction du chef italien Alessandro Cadario. La partie rythmique sera assurée par Billy Hickling, le percussionniste de Stomp. »

Les différents chœurs, en provenance de Vénissieux, Lyon, Grenoble et de Belgique se retrouveront fin novembre à Dijon puis à Lille en mars. « Upgrade » sera rodé à Vénissieux pour les concerts de fin d’année de l’école de musique. Programmé à Vaison-la-Romaine pour le 11 août et la soirée de clôture des Choralies, « Upgrade » va faire, Mick en est sûre, « le plein d’émotions ».

Le mot est lâché. La vie de Mick en est pleine, de ces émotions. À commencer par celles que lui ont procurées tout au long de sa carrière les jeunes chanteurs. Quand on lui demande si certains ont poursuivi dans la musique, elle cite Marine qui, devenue médecin, continue d’écrire ses propres chansons, tout comme Priscilla. Ingénieur du son et régisseur de théâtre, Adrien a côtoyé Alicia Keys, dans le studio où il travaillait aux États-Unis. Jérémie, lui, est entré aux Clés à molette, le groupe que dirige Élisabeth Ponsot.

Et les autres se donnent corps et âme au chant. Une preuve ? Comme si la préparation des Choralies ne leur suffisait pas, les jeunes vont illustrer musicalement la conférence sur la chanson que donne le musicologue Philippe Lacorne à la médiathèque Lucie-Aubrac, le 21 novembre à 15 heures. À côté de Fusion, on retrouvera l’ensemble vocal d’Anatole Buttin et le chœur Jean-Wiéner.

Pour financer tous les déplacements qu’ils devront faire pour « Upgrade », les Fusionneurs ont commencé à fabriquer des décorations pour un Marché de Noël, qui se tiendra à l’école de musique du 15 au 18 décembre, entre 15 et 20 heures.

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