On l’appelait autrefois la maison des jardiniers. Ce local technique qui servait à ranger du matériel, dans le quartier Pyramide, aux Minguettes, s’est ensuite transformé en salle de prière. Puis la mouvance salafiste, qui prône un islam rigoriste et puritain, en a pris le contrôle. Depuis plus de dix ans, le petit local de la rue Komarov est identifié comme l’une des 90 mosquées salafistes recensées en France, au point de figurer sur la liste des adresses fournies par le site internet « Salafiactu ».
Géré par l’association Bilal, ce lieu de culte est aujourd’hui officiellement fermé. Les responsables associatifs ont deux semaines pour quitter les lieux. Le local sera ensuite muré et détruit. La fermeture administrative est motivée par une absence de conformité aux règles de sécurité imposées aux établissements recevant du public (ERP). C’est ce qu’indique un communiqué publié ce jeudi par le service des relations publiques de la Ville de Vénissieux.
« En juillet 2015, la sous-commission départementale de sécurité civile, présidée par le préfet de la région Rhône-Alpes et du Rhône, a conclu à une impossibilité de continuer à exploiter le local de l’avenue Vladimir-Komarov, précise le communiqué. L’occupation maximum évaluée à 91 personnes était à de nombreuses reprises dépassée avec la présence de plus de 500 personnes installées à l’extérieur. Une situation constituant un risque majeur à la sécurité en cas d’évacuation du bâtiment. La décision de la sous-commission a rendu impossible la signature d’une nouvelle convention et donc la poursuite de l’exploitation. Cet avis défavorable a conduit l’autorité municipale, en accord complet avec le préfet de la région Rhône-Alpes et du Rhône, à procéder à la fermeture administrative de ce local. »
Le préfet Michel Delpuech rappelle de son côté que «la réglementation du Code de la construction et de l’habitation s’applique à tous les établissements recevant du public quels qu’ils soient (salles de spectacle, restaurant, enceintes sportives, établissement de culte…), et qu’il n’est pas d’activité dispensée du respect de ce cadre juridique républicain».
Cette décision est-elle également motivée par la situation d’urgence que connaît le pays ? La question se pose évidemment. Le Premier ministre, Manuel Valls et son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ont clairement annoncé leur volonté de fermer les mosquées considérées comme radicales. Mais dans le cas présent, la procédure de fermeture était manifestement engagée avant les attentats de Paris. « Les éléments qui fondent la fermeture étaient à l’ordre du jour d’une rencontre formalisée le jeudi 12 novembre et tenue le mercredi 18 novembre, indique le communiqué de presse de la Ville de Vénissieux. Les partenaires impliqués dans ce dossier, la Ville, le Conseil régional du culte musulman et l’association Bilal, ont convenu que ce local ne se prêtait plus à l’activité de l’association. Il appartient au CRCM et à l’association de trouver un lieu adapté et réglementaire. »
L’utilisation à des fins cultuelles de ce minuscule local technique était sur la sellette depuis plusieurs années. Dès 2011, la Ville, le CRCM et l’association Bilal avaient entamé un travail commun afin de déboucher sur une solution plus conforme en termes de sécurité. La convention temporaire d’utilisation était rediscutée chaque année en novembre.