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Espace Pandora : 30 ans et des projets plein la boîte

L’Espace Pandora vient de fêter ses trente ans d’existence. Trente années à promouvoir la poésie et la littérature depuis Vénissieux. Thierry Renard et son équipe n’en ont pas fini. Ils ambitionnent d’ouvrir une librairie associative. À Vénissieux évidemment.

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Le festival Parole ambulante célébrait sa vingtième session et son organisateur, l’Espace Pandora, ses trente ans d’existence. Cela se passait le 7 novembre, au NTH8. « Ce fut une belle édition, assure Thierry Renard, le directeur de Pandora. Nous avons réuni les trois générations d’écrivains qui nous ont accompagnés dans notre parcours. Les plus anciens (Charles Juliet, Jean-Pierre Siméon), les quinquas (Brigitte Giraud, Joël Vernet) et les trentenaires (Magali Mougel, Sébastien Berlendis). »

Poète et éditeur de La passe du vent, Thierry Renard avait été reçu à l’émission « Apostrophes » en 1992, alors qu’il dirigeait sa précédente maison d’édition, Parole d’Aube. Bernard Pivot s’était étonné de son implantation vénissiane. « Vous ne songez pas venir à Paris ? » Vingt-trois ans après, Thierry Renard est toujours dans sa ville, où il a créé Pandora avec Sylviane Crouzet, Olivier Fischer et Patrick Vighetti. Quatre créateurs synonymes de cette interdisciplinarité toujours revendiquée par l’association. Sylviane et Thierry ont été comédiens, Olivier est tout à la fois chef d’entreprise avec Sienne Design et artiste. Patrick est prof de philo, disciple de François Dagognet — publié à La passe du vent et qui vient de disparaître — ; il écrit des articles et traduit des polars de l’italien.

« Pandora est l’un des rares espaces consacrés à la poésie et la littérature né en banlieue à y être encore ! Cela nous oblige à une ouverture d’esprit plus grande. Au début, ce n’était pas gagné ! La littérature se place toujours à la croisée des genres et c’est pour cette raison que l’on monte des partenariats avec différents équipements. Notre diversité, on la retrouve autant avec la soirée Pasolini au Théâtre qu’avec la participation à Hors Cadre, le festival du cinéma Gérard-Philipe.»

Fil rouge de cette trentième année, le cinéaste et poète Pier Paolo Pasolini, assassiné il y a quarante ans, est symbolique de cet éclectisme revendiqué. « Il est tout à la fois représentatif du cinéma, du théâtre, de la poésie écrite jusqu’à sa mort, de la fiction romanesque et du journalisme. Les écrivains qui ont compté pour Pandora ont souvent été aussi journalistes, tel Camus. Qui a également écrit pour le théâtre. En termes de lisibilité, nous ne sommes jamais partis dans tous les sens, nous avons de la cohérence. »

Thierry et son équipe doivent à présent gérer « l’après trente ans ». « Il faut que je prépare ma succession, même si je suis encore jeune, assure en souriant Thierry. A Vénissieux, Pandora participe à créer du lien. La culture peut être efficace ! Nous avons toujours véhiculé une autre image de cette ville. Nous aimerions pouvoir transformer l’essai en ouvrant un autre lieu en rez-de-chaussée, plus pratique pour accueillir tous les publics, pour développer une nouvelle dynamique, de nouveaux projets. Nous n’allons pas inventer de nouvelles manifestations importantes. Nous sommes déjà liés au Printemps des poètes, à Parole ambulante, à la Semaine de la langue française, au Jour du livre, à la résidence d’auteur… J’en profite pour annoncer notre prochain résident : Denis Pourawa, un auteur de Nouvelle-Calédonie. »

En pourparlers avec l’équipe municipale pour obtenir une nouvelle implantation, Thierry avance une de ses envies : « tenter une librairie associative ». « Des étudiants de Bioforce se sont joints à nous pour travailler sur ce projet. »

L’autre souhait de Thierry serait de relancer l’édition, en rapprochant La passe du vent de La rumeur libre d’Andrea Iacovella, un Vénissian parti travailler à l’ENSIIE d’Évry. « Avec les événements de janvier dernier, le livre de Castellion, « Conseil à la France désolée » s’est imposé ! »

Écrit en 1562, ce formidable ouvrage donne aux guerres de religion de l’époque un écho tout à fait contemporain, avec cette remarque incroyable : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine : c’est tuer un homme. » Il faut en outre louer le travail de Michel Kneubühler, qui a traduit en français d’aujourd’hui un récit diffusé dans une belle langue archaïque. Thierry Renard ajoute que Pandora a ceci de particulier que l’engagement fait aussi partie de sa ligne éditoriale.

Pour le Printemps des poètes 2016, les Vénissians préparent un hommage à André Breton dont on célébrera le 120e anniversaire de la naissance et le 50e de sa mort. Titre du recueil : « J’ai cessé de me désirer ailleurs ». Une phrase qui deviendra peut-être le leitmotiv de l’Espace Pandora.

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