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Au collège Aragon : « L’école, c’est votre tremplin pour la vie »

Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, Karim Bouhassoun, diplômé de Sciences po, Nacer Safer, Algérien sans-papiers pendant 12 ans, ont dialogué avec les élèves de quatre classes de 4e du collège Aragon sur la France, la République, la construction du vivre ensemble et l’école, lieu de tous les possibles. Une rencontre passionnante.

Xavier Driencourt a été ambassadeur de France en Algérie de 2008 à 2012. Diplômé de Sciences po, Karim Bouhassoun est conseiller technique pour des élus en région. Nacer Safer, Algérien de naissance, a vécu la vie d’un sans-papiers en France pendant douze ans. Avec le journaliste Rachid Arhab, ils préparent un ouvrage collectif, qui devrait sortir en décembre : “Quatre nuances de France, quatre passions d’Algérie”. Mardi dernier, tous trois étaient présents au collège Aragon, pour dialoguer avec les élèves de quatre classes de 4e sur la France, la République, l’école, le vivre ensemble… Une rencontre passionnante que l’on doit en partie à Jean-François Chemain, professeur d’histoire-géographie au collège.

“Tous les trois, expliquait le diplomate aux adolescents, nous avons un rapport différent à la nationalité : je suis né en France, Karim né en France est d’origine algérienne, Nacer né en Algérie a choisi de rester en France alors qu’il était sans papiers. Les hasards de la vie ont fait que nous nous sommes rencontrés »… Et s’ils sont venus échanger avec les collégiens, c’est pour leur faire comprendre que que l’échec n’est pas une fatalité. Et même que tout est possible à celui qui le veut.

“ Je suis le résultat d’une histoire, intervient Karim Bouhassoun. J’ai été scolarisé dans un collège entouré d’immeubles, dans une banlieue comme la vôtre. À l’époque, j’aurais aimé que quelqu’un me dise que mon avenir serait plus difficile pour moi que pour d’autres. Mais j’ai suivi des études supérieures longues (université, Sciences po) et je suis aujourd’hui conseiller d’un président de région. La plupart de ceux qui étaient avec moi n’ont pas fait de grandes études, parce qu’ils considéraient qu’ils n’y avaient pas accès. Il faut que vous sachiez que toutes les écoles vous sont ouvertes. Vous devez prendre conscience que rien ne vous est impossible, vous devez miser sur le travail et l’éducation. L’école, c’est votre tremplin pour la vie. Le plus important c’est de vous accrocher à vos études, vous devez croire au mérite. »

Nacer Safer n’a pas eu le même parcours. Il raconte. “J’ai été collégien en Algérie, j’allais au collège à pied. Au lycée, c’était encore plus difficile : le bus ne passait pas toujours, on devait marcher 8 kilomètres. J’ai obtenu mon bac, puis un  diplôme d’orthophonie avec mention Très bien. Mais en Algérie, je n’ai pu décrocher que de petits boulots. C’est pourquoi j’ai décidé de venir poursuivre mes études en Sciences de l’éducation à la Sorbonne, à Paris. Ce fut difficile, car j’ai dû travailler pendant mes études dans la restauration. Le rythme était insupportable si bien que j’ai arrêté la fac, mais j’ai quand même décidé de rester en France. Je préférais être clandestin sans-papiers en France plutôt que de retourner dans mon pays. Pendant douze ans, j’ai travaillé dans l’illégalité. J’ai vécu avec la peur de me faire arrêter.  Mes papiers, je les ai eus en février 2015. Je commence ma vie maintenant, à 36 ans. Être en France, c’est un privilège. Cette France qui vous donne tant, vous devez l’aimer, la respecter, apprendre son histoire…”
Au cours de cette rencontre, les collégiens ont pu dialoguer avec les trois invités : “Pourquoi avez-vous choisi Karim, Nacer et Rachid pour écrire votre livre ?”“Vous avez craint la police quand vous étiez sans-papiers ?”; “Vous devez parler l’arabe puisque vous avez été ambassadeur en Algérie ?”;  “Être diplomate, c’est créer des liens d’amitié ?”  La question la plus déroutante était adressée à Nacer Safer : “S’il y avait la guerre entre la France et l’Algérie, tu te battrais pour qui ?”  Et Nacer de lui répondre : “Pourquoi parles-tu de guerre ? Ces deux pays, je les considère comme mon père et ma mère. »

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