Depuis trois décennies, une vingtaine de familles de la communauté des gens du voyage vivait dans des caravanes et des mobile-home sur un terrain situé en bordure du boulevard Jodino, au sud de la ville. Début 2017, elles pourront emménager dans des maisons neuves, en lieu et place de leurs anciennes demeures. Afin de les reloger dans des conditions plus décentes, la municipalité s’est en effet lancée en 2013 un projet de construction de logements neufs. Elle s’est associée pour cela à l’Association régionale des Tsiganes et de leurs amis Gadgé (ARTAG), à la Métropole et au bailleur Est Métropole Habitat*.
Le 3 novembre a eu lieu la pose de la première pierre, en présence de tous les acteurs du projet. « Le temps a passé, les familles se sont quasiment toutes sédentarisées. Les enfants ont été scolarisés à l’école Pasteur, au collège Aragon. Il y a eu l’arrivée à Vénissieux, puis l’attachement à Vénissieux, et enfin l’appartenance à Vénissieux », a souligné le maire, Michèle Picard. Et d’ajouter à l’attention des intéressés : « Vénissianes, comme d’autres et à part entière, avec des droits et des devoirs, vos 22 familles font partie de notre commune, de notre territoire, de notre histoire collective. »
Durant toute l’élaboration et la mise en place du projet, les familles ont eu voix au chapitre. L’ARTAG a été mandatée pour recueillir les besoins des futurs habitants, en terme d’usages et d’habitudes de vie. L’association a établi avec eux la typologie des résidences en fonction de la composition des ménages, de leurs moyens et de leurs compatibilité de voisinage. Ce qui a permis, par exemple, de prendre en compte la problématique de la circulation des caravanes dans l’espacement entre les maisons. « Il s’agit ainsi de respecter la culture des gens du voyage, qui peuvent être à la fois sédentaires puis nomades, nomades puis sédentaires« , a souligné Michèle Picard.
Pendant tout le temps des travaux, les familles sont relogées, après une concertation entre les services de la Ville, le bailleur et la Métropole. « Des solutions ont été trouvées pour les 22 familles : douze se sont installées sur une aire d’accueil des gens du voyage, huit ont été relogées par un bailleur social, et les deux dernières auprès de leurs proches, a précisé le maire. Pendant les travaux, la vie de famille continue, la scolarisation des enfants se poursuit. Nous nous devions de ne pas bouleverser le quotidien des uns et des autres. »
Mais peut-on parler de sédentarisation ? Pas vraiment. L’architecte de la résidence, Bernard Pierrot, avait auparavant souligné l’importance de la culture nomade dans l’élaboration du programme. « J’espère que cet habitat, s’il ne leur enlève pas l’envie de se déplacer, leur donnera l’envie de revenir », a-t-il avancé. Quelques minutes plus tard, le maire répondait plus précisément encore : « Il ne faut pas que vous considériez ce projet comme un projet de sédentarisation, car personne ne peut renier ses racines, et nul ne doit ignorer que, dans l’expression « gens du voyage », il y a le mot voyage.«
La livraison des 22 logements est prévue pour janvier 2017. Ce sera l’aboutissement d’un projet dont les études ont débuté en décembre 2013, tandis que le permis de construire a été déposé en septembre 2014. Et depuis quelques jours, sur ce terrain d’un peu plus de 5 000 m2 situé et à proximité de l’école Pasteur, de la mairie et de la médiathèque, les engins de chantier ont commencé à niveler les parcelles. Il accueillera à terme quatre îlots, sur une surface habitable de 1558 m2.
Les logements, du T2 au T5, ont été conçus pour limiter les charges de leurs futurs occupants. Chacun d’eux sera ainsi équipé d’une chaudière à granulés de bois, et d’un ballon d’eau sanitaire thermodynamique, pour la production d’eau chaude sanitaire et la ventilation. Ils disposeront en outre d’un espace de stationnement pour un véhicule et une caravane, ainsi que d’une terrasse, d’un jardin privatif et d’un abri de jardin.
Le budget global du projet s’élève à 4,1 millions d’euros. La Métropole y contribue à hauteur de 738 000 euros, tandis que l’État apporte 317 000 euros, la Ville 497 000, et Est Métropole Habitat 484 000. Le reste de l’opération est financé par un prêt de 2,1 millions, contracté auprès de la Caisse des dépôts et consignations.
C’est le porte-parole des familles Robert Benoni qui a conclu la cérémonie, sourire aux lèvres et truelle à la main. « Grâce à la municipalité et à l’ARTAG, nous avons été vraiment écoutés, et les maisons seront adaptées à nos besoins. Nous sommes déjà impatients de revenir à la Glunière ».
* Rattaché à la Métropole de Lyon, Est Métropole Habitat est né début 2014 de la fusion entre deux bailleurs, Porte des Alpes Habitat et Villeurbanne Est Habitat.
Derniers commentaires