Ce n’est pour l’heure qu’un protocole de préfiguration, élaboré en partenariat avec l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) et la Métropole. Le document définitif doit être validé le mois prochain. Mais son contenu est arrêté. Dans la continuité du premier programme de renouvellement urbain (2005-2014) conçu par Antoine Grumbach — qui a donné lieu à 170 millions d’euros d’investissement — cette seconde phase, conduite par l’agence d’urbanisme Passagers des villes, dirigée par Humbert David, ambitionne de poursuivre l’intégration des Minguettes au reste de la ville et de l’agglomération.
Le programme est impressionnant : 1172 logements démolis, 2085 construits, 4000 logements rénovés, 4000 autres résidentialisés, et 90000 m2 d’activités économiques créés. À l’horizon 2030, le Plateau pourrait compter 28 000 habitants, dans une commune qui en totaliserait entre 75 000 et 85 000 selon les différents scénarios possibles. Le dossier a été présenté par Idir Boumertit (PG), adjoint au Grand projet de ville.
Deux secteurs géographiques ont été identifiés comme prioritaires. Le premier, à l’est du Plateau, englobe Monmousseau, la place du marché et les balmes (autrement dit l’amorce des pentes qui mènent vers le centre-ville). Il s’agit là de réaliser, autour d’une nouvelle place de marché en partie couverte, la jonction avec le cœur de ville. Le second secteur, au sud, concerne Darnaise au sens large, en lien avec Saint-Fons. L’objectif ici est « de réussir le développement économique et le changement profond du quartier ». Dans cette perspective, les premières opérations consisteront à travailler sur le relogement des habitants de la grande barre ICF (198 logements du 1 au 21, avenue Monmousseau) et de la tour 36 GrandLyon Habitat de la Darnaise (69 logements), toutes deux vouées à la démolition.
Ne pas oublier le projet social
Ce nouveau programme de renouvellement urbain a été approuvé à la majorité lors de la séance du conseil municipal du 12 octobre. Le FN s’est abstenu, ainsi que le groupe divers droite « Rassemblement pour Vénissieux ». Son leader, Christophe Girard, a dénoncé une « course au bétonnage et à la densification ».
Le maire, Michèle Picard, s’est félicitée au contraire de voir « les politiques de la Ville continuer de se déployer dans les quartiers prioritaires ». Elle a toutefois émis des réserves : « Démolir pour reconstruire à taille plus humaine, c’est bien, mais pas suffisant, si les habitants et les jeunes restent exclus du marché du travail. Toute la difficulté réside dans le fait de lier davantage le projet urbain au projet social, et de ne pas inverser les priorités. Jamais les politiques de la Ville, et ce n’est pas leur vocation, ne pourront se substituer au droit commun de l’État dans les quartiers en difficulté en termes d’éducation, de sécurité et autres. »
Pour le groupe Europe Écologie Les Verts (EELV), Georges Bottex a jugé « les propositions intéressantes et en conformité avec les objectifs de la politique de la Ville, dont l’enjeu principal est de modifier l’image de ces quartiers, avec par exemple la diminution du locatif social. »
Au nom des élus communistes et apparentés, Pierre-Alain Millet, adjoint en charge du logement, s’est à l’inverse inquiété, tout en approuvant le rapport, de cette réduction programmée du parc social. Les nouvelles règles de la politique de la Ville interdisent en effet toute construction HLM dans les quartiers qui comptent plus de 25 % de logements sociaux. Or ce taux aux Minguettes est de 77 %. Ce qui signifie que les nouveaux logements relèveront obligatoirement de l’accession. « La part de logements sociaux passerait de 77 % à 50 % !, soulignait l’adjoint. Si certains se félicitent de ces nouvelles orientations, comme les maires de Saint-Fons et de Vaulx-en-Velin, c’est leur choix politique, mais ce n’est pas le nôtre. Ce qui nous guide, ce n’est pas un seuil, mais la réponse aux besoins des Vénissians. Ils sont 3000 à attendre un logement social. (…) La mixité sociale, ce n’est pas envoyer les pauvres chez les riches et faire venir les riches chez les pauvres. Non, c’est un travail de proximité qui développe des services publics forts pour l’éducation, la culture, l’insertion… et surtout le retour à l’emploi. Car à la fin c’est bien l’emploi qui décide des revenus, pas le logement. »
Et Pierre-Alain Millet, en conclusion, de s’alarmer : « Imaginez un seul instant : dans trois ans, il faut vider un immeuble social devant être démoli et voisin de nouveaux immeubles construits, et il faudrait dire aux habitants «Ces reconstructions ne sont pas pour vous » ? C’est évidemment impossible ! »
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