« J’ai découvert le travail de Bruce Clarke à la fin des années quatre-vingt-dix, grâce à un article de Télérama. Je le suis depuis. »
Michèle Picard, le maire de Vénissieux, n’a jamais caché la profonde admiration qu’elle voue à l’artiste d’origine sud-africaine qu’elle définit comme « un habitant du monde ». Alors qu’elle inaugure la grande peinture murale que l’artiste a réalisée sur une façade située à l’angle de l’avenue Pierre-Semard et de la rue Eugène-Maréchal, Michèle Picard rappelle qu’en 2012, Bruce Clarke avait accepté d’illustrer le livre d’entretiens qu’elle avait publié à La passe du vent, « Alors, maintenant, que la lutte soit belle… » Elle explique que sont nées à ce moment-là une complicité et la reconnaissance de valeurs partagées : « Donner plus à l’humain, refuser l’injustice et l’intolérance… La culture permet de s’ouvrir aux autres et suscite la réflexion ! »
De cette « belle rencontre artistique et humaine », un projet s’est aujourd’hui, 12 juillet, concrétisé : Bruce Clarke a été le premier plasticien à être accueilli en résidence artistique par la Ville. « Pendant un mois, reprend Michèle Picard, il y eut de nombreux échanges et des rencontres avec les Vénissians. L’alchimie qui en résulte est placée sous le signe de l’Histoire et de la Résistance. »
Sur la fresque gigantesque, Bruce Clarke a représenté Frantz Fanon, psychiatre martiniquais qui fut le farouche défenseur de la décolonisation. On reconnaît aussi les portraits des enfants juifs enfermés avec leurs parents par les nazis dans le camp de Bac Ky —ainsi dénommé parce qu’on y cantonnait des travailleurs indochinois—, dans le quartier de l’Arsenal, à Vénissieux, et qui furent tous sauvés par des associations caritatives. Des visages de chibanis, aussi. Et cette phrase de Lise London —l’épouse de Jack London—qui vécut à Vénissieux avant la Seconde Guerre mondiale : « Savoir dire non. »
« Tu es tombé amoureux de Vénissieux, remarque Michèle Picard en regardant Bruce Clarke, et les Vénissians se reconnaissent dans cette fresque ! »
Chaque fois que l’on parle de Bruce Clarke, on évoque la portée politique de son travail, tel « Les hommes debout » sur le génocide au Rwanda. « Mon objectif était de créer quelque chose de beau, intervient l’artiste à propos de sa peinture vénissiane. On ne peut pas véhiculer des valeurs sans la beauté qui porte ces valeurs. Quant au titre, « Savoir dire non », je ne l’avais pas choisi tout de suite. Je voulais mettre quelques mots mais c’était exclure les autres. Cette citation partielle de Lise London, « Savoir dire non », représente la résistance et une proposition d’autre chose. »
En compagnie de Thierry Renard, directeur de l’Espace Pandora et représentant de La passe du vent à Vénissieux, Michèle Picard et Bruce Clarke se sont ensuite rendus dans le parc Louis-Dupic pour une séance de dédicaces.
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