Si l’on attribuait une unité de mesure à cette première soirée des Fêtes escales, samedi soir, ce serait forcément le joule. D’une formation à l’autre, c’est bien d’énergie dont il était question, une énergie équitablement partagée avec le public.
Ouvrant la soirée, Marie-Amandine et son groupe Amayé, dont plusieurs membres sont originaires de Vénissieux, ont solarisé la scène.
« Notre première chanson parle de métissage, annonçait la chanteuse, et nous sommes fiers d’avoir un public aussi métissé ici ce soir ! »
Ajoutés à la belle voix de Marie-Amandine, Mehdi à la guitare, Félix au clavier, Jules à la basse et Nicolas à la batterie ont fait honneur à la musique réunionnaise. Suivi par l’association Bizarre ! auprès de qui il a été en résidence, Amayé a su conquérir les spectateurs amassés devant la petite scène du parc Louis-Dupic.
Énergie toujours avec le groupe suivant, cette fois confortablement installé sur la grande scène. Les cinq musiciens de Tram des Balkans – violon, contrebasse, clarinette, accordéon et batterie – s’en donnent à cœur joie pour emballer le public. Leur musique entraînante colle à la chaleur ambiante. Après les mélodies des îles chantées par Amayé, ce Tram nous met, avec ses airs balkaniques et klezmer, sur des rails méditerranéens (ou proches) que l’on ne va plus quitter.
Car Juan Carmona, qui leur succède et qui accompagne sa propre guitare de deux autres guitares sèches, d’un clavier/flûtiste, d’un percussionniste, d’un chanteur et d’une danseuse, a décidé d’inscrire l’Espagne et son flamenco au plus haut de l’affiche. Une Espagne fière qui, le talon haut, martelle l’allégeance du rythme à cette musique qui trouve son inspiration des deux côtés de la Méditerranée.
« L’échange qui se produit sur scène avec le public, avoue Juan Carmona sur son site officiel, est pour moi une sensation unique et un véritable moteur de création. »
Et lorsque le zapateado de sa danseuse se met à tenir tête aux rythmes effrénés du percussionniste, le duel est à la hauteur des attentes.
C’est encore à la Méditerranée que rendent hommage Samir, Wissam et Adnan Joubran, trois frères palestiniens qui ont fait du oud la palette dont ils colorent leur musique. Ils sont aidés en cela par Yousef Hbeisch, percussionniste hors pair. Samir présente le groupe en français : « Nous sommes trois frères originaires de Nazareth, en Galilée, en Palestine. » Il s’arrête et reprend en anglais mais le public veut l’entendre parler dans la langue qu’il comprend le mieux. « C’est difficile de parler français », reprend Samir. Il réfléchit, lance un « Je vous aime » accueilli par des applaudissements, avant d’entraîner ses frères et son percussionniste dans des mélopées lancinantes, tantôt lascives, tantôt proches du flamenco. À chaque fois très appréciées du public.
Derniers commentaires