Après des jours de lutte à ses côtés, ils en ont fait un symbole. Jeudi 2 juillet, Sophie F. et ses deux fils étaient expulsés de leur logement situé rue des Martyrs-de-la-Résistance. Les membres du Réseau d’alerte et de solidarité des Vénissians et leurs partenaires se relayaient pourtant depuis une dizaine de jours dès 8 heures du matin, pour empêcher une éventuelle intervention des forces de l’ordre. En son honneur, et pour dénoncer “l’absurdité des expulsions en général et de celle-ci en particulier”, un rassemblement a été organisé lundi soir près de ce qui était encore il y a peu “son” appartement. Une cinquantaine de personnes y ont participé.
“Cette histoire est incompréhensible, dénonce André Mazuir, porte-parole du Réseau. Sophie F. n’avait plus de dettes de loyer, le bailleur Icade l’a confirmé. Le versement des APL avait repris, avec rappel sur les mois de suspension. Sophie F. se trouvait dans une situation difficile, avait connu des épreuves, mais elle mettait les choses en place pour s’en sortir. Son appartement avait été vendu par Icade, nous demandions seulement que le nouveau propriétaire lui accorde un délai pour laisser le relogement se concrétiser.”
Une expulsion d’autant plus incompréhensible que… la commission prioritaire de logement examinera le dossier de Sophie F. le 21 juillet ! “C’est une provocation de principe inadmissible. L’expulsion en elle-même nous a également particulièrement choqués. Nous tenons à dénoncer ces pratiques ignobles, ce manque de respect, cette remise en cause de la dignité des personnes, sans compassion pour une famille en très grande difficulté qui vit dans l’angoisse et se retrouve sur le trottoir.”
En attendant un éventuel relogement, Sophie F est hébergée chez des amis. Les membres du Réseau d’alerte et de solidarité ont demandé à rencontrer le préfet, Michel Delpuech, et le commissaire de police de Vénissieux, Vanessa Mazière-Pancrazi. “Nous sommes révoltés. Celles et ceux qui soutiennent une famille en situation d’expulsion sont traités comme des bandits. On se croirait en guerre, nous sommes observés, guettés, et ils attendent que l’on soit moins nombreux pour une intervention par surprise. Quelle honte !”