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Rosette Jeannin, une grande dame s’en est allée

Rosette Jeannin est allée rejoindre son époux, Charles, dans la terre du nouveau cimetière de Vénissieux où il repose depuis deux ans, non loin du Mur de la déportation.

Rosette et Charles. Difficile de parler de l’un sans évoquer l’autre, tant leurs parcours se ressemblent avant même leur rencontre à Lyon en 1948 au 2e congrès de l’UJRF, l’Union de la jeunesse républicaine de France.

En 1943, Rose Barioz a 13 ans. A Vénissieux, ses parents font de la résistance, hébergent des combattants : des membres du groupe Guy Môquet, des Vénissians tels que le FTP Antoine Caparros… Rose est une « grande gosse », qui a du courage à revendre : « J’ai fait mon travail, confiait-elle modestement en 1994 à « Expressions ». Là où ne passait pas un adulte, un enfant souvent passait ! »

Arrêtée en même temps que ses parents, elle est transférée au dépôt des enfants, à l’Antiquaille, puis relâchée. Son père et son frère Camille sont déportés. Ils revinrent des camps en 1945. Dix jours plus tard, le père mourait d’épuisement. La mère ne s’en remit jamais.

En cette même année 1943, Charles a 16 ans. Entré en résistance, il multiplie les opérations de sabotage. À 17 ans, il est arrêté, déporté : Dachau, Gdnya, Neckarelz et pour finir le camp de Sandbostel. Un parcours qu’il a souvent évoqué pour « Expressions ». À son retour à Vénissieux, en juin 1945, le jeune homme pèse tout juste 32 kg.

Six mois après leur rencontre, Rose et Charles décident de se marier et tous deux aimaient à raconter comment le maire de Vénissieux, Louis Dupic, et son adjoint Georges Roudil —tuteur de Rosette— s’étaient « engueulés » pour savoir lequel des deux célèbrerait l’union des tourtereaux.
D’autres qu’eux auraient pu alors raccrocher. Se contenter de cajoler leurs enfants, et les enfants de leurs enfants. Mais jamais, à aucun moment de leur vie qui connut bien des peines, Charles et Rosette n’ont cessé de dire qu’un autre monde est possible. Compagnons dans la vie, compagnons de mémoire des déportés au sein de la FNDIRP et de l’AFMD. Compagnons de lutte au PCF. Témoins inlassables au musée communal de la Résistance et de la Déportation où ils répétaient aux jeunes que la paix est la plus belle des conquêtes.

Rosette a eu également un engagement essentiel auprès des plus démunis. D’abord au Secours rouge quand elle n’avait que 12 ans. Puis au Secours populaire, présidant le comité de Vénissieux pendant vingt-cinq ans, ce qui lui valut en 2005 de recevoir la médaille du 60e anniversaire du SPF, des mains de Julien Lauprêtre. Le même jour, André Gerin lui remettait la médaille d’honneur de la Ville de Vénissieux. Le député-maire honoraire, qui doit prononcer ce mardi l’éloge funèbre de Mme Jeannin,  salue une nouvelle fois l’intégrité d’une femme d’honneur.

Rendant elle aussi hommage au parcours exceptionnel de Rosette Jeannin, à sa « lutte incessante contre le repli sur soi », Michèle Picard, le maire, déclare pour sa part : « Vénissieux la Solidaire a perdu celle qui a été l’incarnation de la générosité ».

Les obsèques de Mme Jeannin sont célébrées ce mardi 2 juin à 14h15, au nouveau cimetière de Vénissieux.

L’équipe d' »Expressions » présente ses sincères condoléances à sa fille Jocelyne, ainsi qu’aux familles Barioz et Jeannin.

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