Ce soir-là, Bruce Clarke n’était que de passage à l’hôtel de ville. Le lendemain, il s’envolait pour Sao Paulo où le musée Afro-Brésil accueille jusqu’à fin août plusieurs de ses œuvres dans le cadre d’une exposition (« Africa Africans ») regroupant de nombreux artistes venus du Bénin, du Ghana, du Nigéria, et d’autres pays. Le plasticien y représente l’Afrique du Sud, dont sa famille est originaire. Mais dès le mois de juin et jusqu’à la mi-juillet, Bruce Clarke va se poser pour de bon dans notre ville et s’en imprégner pour la résidence artistique qu’il va mener, et qui va aboutir à la création d’une fresque de 120 m2 sur le mur d’enceinte du Centre technique municipal, rue Pierre-Semard.
Présentant cette résidence (la première d’un plasticien à Vénissieux) aux personnes venues à la rencontre de l’artiste, le 19 mai, le maire Michèle Picard qualifiait Bruce Clarke d' »Habitant du monde ». « Habitant » plutôt que « voyageur » ? Le choix du mot pourrait surprendre. Sauf qu’à écouter Bruce Clarke parler, à le lire, à lire ce qui s’écrit sur lui, on comprend vite qu’il n’est pas du genre à se contenter de passer, lui qui crée pourtant aussi bien en Afrique qu’en Europe ou en Amérique latine… Il lui faut s’imprégner des lieux et des histoires pour livrer ses œuvres, qu’il n’imagine pas autrement qu’en prise avec leur temps.
En témoigne cet immense projet auquel il s’est attelé pendant plus de trois années avec le Collectif « Les Hommes debout ». Après le génocide au Rwanda, en 1994, Bruce Clarke s’est fixé le devoir de rendre leur dignité à ce million d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés pour la seule raison qu’ils étaient de l’ethnie des Tutsies. Les silhouettes gigantesques qu’il a imaginées veulent redonner une présence aux disparus, « leur rendre leur dignité », selon les termes de l’artiste. C’est ainsi que durant l’année 2014, ces Hommes debout ont été installés et/ou projetés sur les lieux des massacres au Rwanda, notamment à Kigali, en partenariat avec les associations de rescapés et la Commission nationale de lutte contre le génocide, mais aussi dans de nombreuses villes en Suisse, au Luxembourg, en Belgique, au Canada ou encore en France (à Bègles, Paris, Lille ou Strasbourg…).
À Vénissieux, la résidence de Bruce Clarke se conclura d’ailleurs par une exposition de son travail dans le parc Dupic, pendant Fêtes escales. Et on y verra bien évidemment des Hommes debout. Mais avant le festival, Bruce Clarke va peindre une fresque de 120 m2 rue Pierre-Semard. Sur le thème « Les grands hommes », elle sera imaginée avec les Vénissians qui, pour cela, sont invités à venir rencontrer et échanger avec l’artiste à l’occasion de quatre réunions.
Les rendez-vous :
– les 16 juin et 23 juin, de 18 heures à 20 heures au 8, place de la paix (locaux de l’association Bizarre !)
– les 18 et 25 juin, de 18 heures à 20 heures au 62, avenue du docteur Georges-Lévy (ateliers municipaux d’arts Henri-Matisse).
Contacts : artsplastiques@ville-venissieux.fr
Téléphone : 0472214444 – service arts plastiques
Bio Express :
La vie de Bruce Clarke commence en 1959 à Londres, où ses parents se sont installés après avoir fui l’Afrique du sud et son régime d’apartheid. Londres, puis le Mexique et surtout la France où il s’installe après ses études aux Beaux-Arts de Leeds. Il vit aujourd’hui à Saint-Ouen (en région parisienne) où est installé son atelier.
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