Le détail du plan social dévoilé le 28 avril a été donné aux organisations syndicales, ce matin, lors d’un Comité central d’entreprise extraordinaire qui se prolongera jusqu’à mercredi.
438 postes seront supprimés dans le domaine commercial (plus de 40 % des effectifs), 65 dans les bureaux d’études, 28 en comptabilité, 23 dans les services support à la production, 33 dans la partie informatique…
À l’appel de la CFE-CGC, de la CFDT et de la CGT, entre 500 et 600 salariés, presque exclusivement des cols blancs, ont observé un débrayage d’une heure, entre 11 heures et midi, pour se rassembler devant l’entrée du siège de l’entreprise, à Saint-Priest. Une mobilisation d’une rare ampleur dans les rangs des cadres et techniciens. “Jusqu’à présent, l’inquiétude était intellectuelle si l’on peut dire, maintenant il y a des chiffres précis, on connaît les postes visés, les salariés ont peur, explique Bernard Fauché, délégué central CFDT. Ils sont également très amers car ils ont fourni beaucoup d’efforts ces cinq dernières années pour remonter l’entreprise et renouveler la gamme.”
L’annonce de ces 591 suppressions de postes est d’autant plus violente qu’elle intervient seulement un an après un plan qui avait déjà entraîné la suppression de 508 emplois en France, dont 319 en région lyonnaise, et la disparition de 800 postes de prestataires et d’intérimaires. Où est la logique industrielle, quand par ailleurs le groupe AB Volvo, propriétaire de Renault Trucks, affiche une bonne santé financière, et que les ventes de poids lourds frappés du losange remontent depuis quelques mois ?
Pour les syndicats, aucun doute n’est permis : la seule logique en présence est financière. “C’est un mouvement accéléré pour faire monter le cours de l’action et augmenter les dividendes des actionnaires, rien d’autre”, estime Bernard Fauché. Logique, quand on sait que les fonds d’investissement spéculatifs, au premier desquels le fonds Cevian, sont récemment devenus majoritaires dans l’actionnariat du groupe AB Volvo.
Contrairement au plan de 2014 qui ne s’était soldé par aucun départ forcé grâce au jeu des départs volontaires et des reclassements, celui-ci devrait générer une importante casse sociale. Les organisations syndicales craignent entre 100 et 200 licenciements secs. Autant dire que la tension est très forte dans l’entreprise. “La médecine du travail a déjà alerté la direction sur une augmentation des cas de dépressions et de burn-out, souligne le délégué central CFDT. Les rapports sont alarmants, des salariés se rendent à l’infirmerie en milieu de journée parce qu’ils n’arrivent plus à gérer.”