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« Mosaïque urbaine » : Vénissieux au pied du mur

Piloté par l’association Bizarre !, le projet « Mosaïque urbaine » associe depuis octobre dernier, artistes professionnels du street art et Vénissians pour aboutir à de grandes fresques, peintes dans plusieurs quartiers de la ville.

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« Les murs, qui avaient déjà des oreilles, ont des yeux et une bouche », remarquait la cinéaste Agnès Varda dans son documentaire sur les fresques de Los Angeles, « Mur murs ». Avant d’ajouter : « Ils disent tout : la bombe, la police, la misère, le crime, la maladie, la violence, le travail et la nourriture. Ils disent le capital et le jeu, la politique et le sexe, l’amour, le mariage. Ils disent aussi la civilisation de l’image. »

Les murs de Vénissieux ne sont certes pas aussi bavards que ceux de la cité des Anges mais ils ont cessé de se taire depuis la rentrée dernière. C’est cette idée de « galerie à ciel ouvert » qui a plu à Pauline et Inès, de l’association Bizarre !, qui ont lancé le projet « Mosaïque urbaine ». « Nous sommes parties de l’idée d’un travail en plein air sur les quartiers. Nous aimons toutes les deux le street art et nous avons pensé aux grands portraits en noir et blanc de l’artiste JR, qui auraient pu investir un quartier. Au niveau local, de nombreux artistes sont intéressants à suivre et la ville est très étendue. C’était chouette d’imaginer un collectif artistique et une expo à ciel ouvert qui fasse le fil rouge !

« Notre projet a pris une autre ampleur. Nous y avons réfléchi pendant un an et demi. Nous avons beaucoup discuté, rencontré énormément de monde, ce qui nous a nourries, nous avons envoyé un dossier de subvention à la Région. Le projet prenait plus de sens si Bizarre ! n’était pas seul. Nous avons mis beaucoup de cœur et de passion à chercher des partenaires. D’abord les structures culturelles de la Ville, avec qui nous avions une page à écrire ensemble. D’autres pouvaient s’inscrire en résonance, comme le théâtre avec « Le vernissage », la médiathèque avec une exposition sur le street art, l’espace Madeleine-Lambert avec l’exposition de Lucy Watts et Ludovic Paquelier. Chacun a trouvé sa place. »

Les EPJ, les centres sociaux, les établissements scolaires, les maisons de l’enfance, l’IME Jean-Jacques-Rousseau, les bailleurs (Alliade Habitat, GrandLyon Habitat et l’Opac du Rhône)… tous sont entrés de plain-pied dans l’aventure.

Cinq artistes ou collectifs répondirent présents : Lucie Albon, Don Mateo, Nelio, THTF et Evazesir. Un sixième artiste, Bruce Clarke —en partenariat avec la mairie— a ensuite rejoint le groupe. Chacun étant invité à peindre une fresque personnelle et à partager une création avec des Vénissians. Comme le soulignent en souriant Pauline et Inès, l’opération a ensuite ressemblé à un Tétris : quel artiste mettre en relation avec quel quartier et quel groupe… une équation d’autant moins facile à résoudre que les emplois du temps des uns et des autres ne collaient pas forcément !
C’est ainsi que, sous l’objectif du photographe Guillaume Ducreux qui suit l’ensemble du projet, Lucie Albon a démarré avec l’Institut médico-éducatif Jean-Jacques Rousseau en octobre. Le mois suivant, Nelio était bien entouré à la Maison de l’enfance Jules-Guesde. Puis, à la fin du même mois, il a réalisé sa fresque à l’îlot Ravel. Don Mateo a épaulé en décembre la Maison de l’enfance Joliot-Curie et en avril les jeunes de Monmousseau. Il a inauguré, toujours en avril, sa fresque à Léo-Lagrange. THTF et les élèves d’Hélène-Boucher ont décoré le lycée à la même époque tandis que Lucie Albon et les lecteurs de la médiathèque investissaient le lieu. Puis Lucie peignait sa propre fresque rue Édouard-Herriot en ce début mai avant de repartir vers l’IME.
« Il reste encore des choses à construire : Evazesir avec GrandLyon Habitat et la Maison de quartier Darnaise et Bruce Clarke qui viendra rencontrer les Vénissians à l’hôtel de ville le 19 mai à 18h30. »

Non seulement tous ont joué le jeu mais, ajoutent nos deux jeunes interlocutrices, « c’était pour chacun d’eux la plus grande fresque qu’ils aient peinte. Ils ressentaient tout à la fois de l’excitation et une vraie inquiétude. Ils ont tous été contents des échanges avec les quartiers, humainement très forts. « Mosaïque urbaine » reste un projet à taille humaine. Des questionnements parfois dérangeants, souvent concernant le coût de l’opération, ont permis le dialogue ».

Dernier acte : les artistes devraient conclure leur présence par un travail commun. Tout reste encore à définir. « Mosaïque urbaine » s’achèvera par l’inauguration du Truc(k), le nouveau lieu de répétitions et de spectacles qui abritera Bizarre ! Laquelle devrait avoir lieu en octobre.

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