Au terme d’une semaine d’entre-deux tours très agitée, dans un climat de tension quasi palpable, les urnes ont parlé et la liste de Michèle Picard est sortie largement vainqueur, dimanche soir, de l’élection municipale partielle de Vénissieux. Sur fond d’abstention encore renforcée (60,5 % des électeurs n’ont pas voté), le maire sortant a rassemblé 42,85 % des suffrages (4849 voix), soit une progression d’un peu plus de cinq points par rapport à son score de mars 2014.
Pour son principal concurrent, le leader de la droite Christophe Girard, qui avait gagné le droit de rejouer la partie en obtenant l’annulation du précédent scrutin devant les tribunaux, cette nouvelle victoire de Michèle Picard est un coup dur. Certes, il bonifie légèrement son score de 2014 (+ 1,8 %), mais il est distancé de dix points et 1200 voix, et échoue surtout, après huit ans de travail acharné sur le terrain, à prendre ce “bastion communiste” qu’il était convaincu, cette fois, de pouvoir faire tomber.
Tellement convaincu qu’il a donné l’impression, durant cette dernière semaine de campagne électorale, d’être prêt à tout. Cinq jours avant le second tour, lors d’une conférence de presse surchauffée dans son local de campagne, il faisait des déclarations fracassantes, accusant pêle-mêle l’extrême droite d’avoir présenté (à nouveau) de faux candidats, le PCF d’être coupable de collusion, et les services de la préfecture d’incompétence. Le soir du second tour, ce jusqu’au-boutisme a tourné à l’incident : dans les bureaux de vote “Maison du Peuple” et Vaillant-Couturier”, des militants de Christophe Girard ont refusé de donner les clés des urnes, sous prétexte qu’ils n’avaient pas pu recompter les enveloppes vides. Il a fallu l’intervention du préfet-secrétaire général du Rhône, Xavier Inglebert, accompagné de deux cars de CRS, pour faire entendre raison aux récalcitrants. Ce qui a amené le préfet Carenco à porter plainte, lundi après-midi, contre plusieurs assesseurs de la liste de droite pour entrave au processus démocratique.
1500 voix de moins pour Ben Khelifa !
Cet incident a considérablement retardé les opérations de dépouillement. Et ce n’est qu’à 22 heures que Gilles Rouveure, le président de la délégation spéciale nommée pour gérer la municipalité après l’annulation du scrutin de 2014, a pu proclamer les résultats, sous les vivats des partisans de Michèle Picard.
Si Christophe Girard subit un échec, c’est encore plus vrai du candidat socialiste Lotfi Ben Khelifa qui dévisse littéralement par rapport à ses résultats du second tour de 2014 : il perd près de 1500 voix et ne rassemble plus que 12,28 % des suffrages (contre 21,69 %). Une piètre performance qui privera les socialistes d’un poste de conseiller métropolitain. Un comble pour un candidat qui a axé toute sa campagne sur la Métropole de Lyon, avec le renfort appuyé du président Gérard Collomb qui est venu le soutenir trois fois à Vénissieux en l’espace de deux semaines.
Comme au premier tour, Lotfi Ben Khelifa termine derrière le candidat frontiste Damien Monchau qui récolte 1489 voix (12,63 %), soit un recul d’un peu plus de trois points. Le FN améliore toutefois d’une centaine de voix le résultat obtenu en 2014 par la liste identitaire d’Yvan Benedetti.
La projection en sièges pour le nouveau conseil municipal qui sera installé samedi 4 avril donne 35 sièges pour la liste de Michèle Picard (6 postes de conseillers métropolitains), 8 sièges pour la liste de Christophe Girard (un poste de conseiller métropolitain), 3 sièges pour la liste de Damien Monchau, et 3 sièges également pour la liste de Lotfi Ben Khelifa.