Il n’a commencé la photographie qu’à 28 ans et il en a 35… C’est court, mais… Guillaume Ducreux a déjà rempli son appartement de vieux appareils, de livres, de matériels pour développer les négatifs… Un brin boulimique, celui qui a été choisi par l’association Bizarre ! pour immortaliser son projet Mosaïque Urbaine ? “Je me limite un peu, tout de même. Sinon ma compagne râle !”
Étonnamment, cette passion lui vient des sports extrêmes : “Je suis un grand fan de tout ce qui provoque des montées d’adrénaline. Je pratique le roller, le skate, la planche à voile, l’escalade, le canyoning… Plus encore que d’autres, ce sont des sports qui se construisent par l’image : on apprend à les aimer par les reportages, par les magazines. Mais avec l’âge, on devient moins performant. Si l’on veut rester dans ce milieu, il faut trouver un autre chemin. Le mien a été la photographie.”
Guillaume commence donc par photographier “des potes”. Puis des potes de potes. Puis il se prend au jeu. “Ça a vite dérivé sur d’autres travaux. De fil en aiguille, j’ai bossé pour des magazines. Et je me suis fait une petite réputation.” Guillaume Ducreux se définit comme “auteur-photographe”. “Ça fait un peu pompeux, non ? Mais je vois surtout cette appellation comme l’inverse du photo-reportage. Je ne restitue pas l’instant, je travaille mes images. Mon truc, c’est l’action du temps sur l’homme et ce qui l’entoure. Voilà ce que j’essaie de faire ressortir de mes photos.”
Un objectif qui le mènera par exemple jusqu’à… Charleroi, en Belgique. La ville la plus moche du monde, selon un quotidien néerlandais. “Je suis tombé amoureux de cette ville, annonce Guillaume. J’y suis allé tous les mois passer quelques jours. Cette ville, qui ne correspond peut-être pas à ce qu’on qualifie en général de « jolie ville”, dégage quelque chose d’incroyable. Elle a un côté vaporeux passionnant. J’ai travaillé en immersion, pour apprivoiser l’espace urbain.” Un projet qui l’a occupé durant deux ans, et dont il promet qu’il parlera “prochainement”…
Sa passion pour la photographie, Guillaume Ducreux la vit également au travers de ses appareils argentiques. Dénichés ici ou là, pour quelques euros ou beaucoup plus, ils constituent le véritable trésor de sa collection personnelle… et son péché mignon. “J’aime la photo argentique, en particulier en noir et blanc. Comparé au travail en numérique, tout est différent : le grain de l’image, les détails, les effets… Avec ce mode de prise de vue, il se crée un lien, une empathie avec les gens. On me dit des trucs, genre “Ah tiens, mon grand-père en faisait aussi ! » Il n’y a pas cette “crainte” qui peut exister avec le numérique. Avec un appareil argentique, on ne passe pas pour un voleur d’image.”
La plus belle pièce de sa collection est un Hasselblad. Un modèle qui a eu le privilège de… partir sur la lune faire des photos. Rien que ça.
« Voir la création artistique s’installer dans les quartiers me plaît beaucoup »
Ce qui amène Guillaume à Vénissieux, et donc dans les pages d’Expressions, ce n’est ni Charleroi, ni son amour pour les vieux appareils, ni un quelconque alunissage, mais l’association « Bizarre ! » qui l’a choisi pour accompagner son projet Mosaïque Urbaine. Celui-ci consiste en une série de rencontres et d’ateliers réunissant artistes du street art et habitants de tous âges et de tous quartiers. “J’étais venu photographier les gens de Bizarre ! il y a deux ans, se souvient-il. Le courant est bien passé et ils m’ont proposé de faire un reportage au long cours sur leurs ateliers et les événements qu’ils tiennent à Vénissieux. De beaux artistes ont déjà été en résidence : l’illustratrice Lucie Albon ou le célèbre graffeur Nelio, par exemple. Mon rôle est celui de témoin.”
Ce qui lui a plu dans le projet ? “L’éclectisme du public rencontré. Beaucoup sont éloignés de ce genre d’événements, dans leur tête ou géographiquement. Sur ce point, on fait beaucoup de choses dans le centre de Lyon. L’idée de voir la création artistique s’installer dans des quartiers comme ceux de Vénissieux me plaît beaucoup. Il y a là une belle énergie, un rapport humain différent, bien plus dans la proximité qu’ailleurs. Même si ce n’est pas facile tous les jours.” Pas facile ? Pour quelle raison ? “Beaucoup de gens, surtout les enfants, ne veulent pas être pris en photo. Mais on finit toujours par trouver un terrain d’entente. Il suffit d’être honnête sur la démarche, de ne pas se braquer, et le courant passe.”
D’ici à quelques mois, une exposition photographique consacrée à ce musée à ciel ouvert en construction sur les murs de Vénissieux devrait être programmée. Ce sera l’occasion de vérifier que le courant est bien passé.
Plus d’images du travail de Guillaume Ducreux : http://irisetchimere.format.com/
Hein
2 mars 2024 à 17 h 05 min
Le travail de mr Ducreux est facinant ! Comment puis je le contacté ?