Culture

Des artistes Essenti’elles

Une poignée d’artistes ont été mises à l’honneur par le festival Essenti’elles, qui s’est déroulé à la médiathèque, au cinéma Gérard-Philipe et au théâtre. Au programme, du chant, des mots, des photos. Et un coup de chapeau aux filles et aux femmes qui ont l’art… de se bouger.

Une « petite forme » mettait en scène une douzaine de jeunes des EPJ Darnaise et Léo-Lagrange

 

Pour sa 3e édition à Vénissieux, du 4 au 6 mars, le festival Essenti’elles a choisi de mettre en lumière des femmes évoluant dans l’univers de l’art. Mais qu’elles soient chanteuse, photographe, réalisatrice, poète ou clown, les femmes artistes sont à la fois nombreuses… et minoritaires. Stéphanie Ferrand-Issard, directrice des affaires culturelles pour la Ville, l’a rappelé en préambule : « Les femmes artistes manquent de visibilité, il y a encore beaucoup à faire sur la question de l’égalité entre les sexes et de la place des femmes dans ce secteur : elles ne créent que 27 % des spectacles de danse ou théâtre, ne dirigent qu’un quart des théâtres ou 4% des orchestres… Et une seule femme est à la tête d’un opéra.»
Il semblait donc bien… essentiel de les mettre en valeur, le temps de trois soirées.

Micro-femmes

Accueillies mercredi 4 mars à la médiathèque Lucie-Aubrac, deux petits bouts de femmes ont tenu leur public du bout de leur micro et de leur accordéon. Depuis qu’elles écument les scènes du pays, Michèle Bernard et Claudine Lebègue se sont fait un nom dans la chanson française, dite à texte. La première est en résidence à l’école de musique Jean-Wiéner depuis septembre. La seconde anime à Vénissieux un atelier d’écriture de chansons. Toutes deux manient le verbe – et le clavier à bretelles, sur un mode binaire teinté d’humour ou de colère. Mais à la médiathèque, la joie était plutôt de mise, entraînée par l’enthousiasme communicatif de Mick Wagner en animatrice de plateau. « Ce n’est pas un concert ce soir, c’est la fête ! » Entourées des élèves choristes, les chanteuses se sont relayées pour une dizaine de chansons tirées de leurs répertoires. Elles se sont aussi prêtées au jeu des questions-réponses, Mick Wagner les interrogeant sur leur parcours, leurs sources d’inspiration. A quoi Michèle Bernard disait avoir « très vite senti que chanter était un truc qui faisait du bien à la vie » tandis que Claudine Lebègue soulignait que « travailler avec des enfants, dans l’exigence et la sincérité totale [la] faisait avancer ». Autour d’elles, devant, derrière, ils étaient nombreux, de tous âges, à donner de la voix pour les accompagner sur des bribes de refrains enjoués ou des arpèges de guitare égrenés en solo — et au pied levé ! — par Gauthier, un élève de l’école de musique.

Meneuses de jeunes

Le lendemain, autre lieu, autre ambiance. Cette fois, Essenti’elles est au cinéma Gérard-Philipe. À l’affiche d’abord, une « petite forme », qui met en scène une douzaine de jeunes des EPJ Darnaise et Léo-Lagrange. On les voit qui chuchotent à l’oreille des spectateurs, évoluent avec des objets du quotidien et déclament d’étranges phrases poétiques à propos de leurs origines. Ce mini-spectacle a vu le jour lors des dernières vacances scolaires, sous la conduite de Maud Charrel et Céline Grisoni, membres du collectif  Gueules d’amour Production. Les deux artistes ont travaillé quatre matinées avec les comédiens en herbe autour du spectacle qu’elles préparent : « Tu ne te souviendras de rien ». Linda, Sarah, Dalil et les autres se souviendront de l’expérience, intimidante mais enrichissante. « Au début, on n’y croyait pas trop et en fait, on a réussi ! », se félicitent-ils, salués par Maud et Céline, ravies « d’avoir eu affaire à un groupe très motivé, très investi et très doué.»

En forme, elles sont !

C’était ensuite la proclamation des résultats de La preuve Form’Elle. « Cela fait cinq ans que cet appel à projets auprès des associations sportives de Vénissieux encourage les pratiques féminines, resitue Benoît Depierre, directeur du service municipal Sports, Jeunesse et Familles. On a valorisé une quinzaine de projets depuis la création du label et constaté avec bonheur que de plus en plus de filles pratiquent un sport. On est passés de 20% à 35-40% aujourd’hui, c’est une belle progression. »

La preuve Form’Elle a récompensé cette année le centre social Eugénie-Cotton pour son atelier zumba et bien-être associant des jeunes filles et des mamans. Un chèque de 700 euros leur permettra de relancer l’activité, qui devait s’arrêter faute de moyens. Les 2e et 3e prix ont été attribués à un groupe de jeunes filles de l’EPJ Darnaise, qui planche sur l’organisation d’un tournoi de football mixte, et au club Siam Boxing 69 qui se propose d’initier les femmes à la boxe thaï. Bravo aux lauréates !

Des photos et une femme

Grand écran, grand moment ! La soirée du jeudi s’est terminée par la projection et un débat autour du documentaire « À la recherche de Vivian Maier ». Cette anticonformiste, dont les talents de photographe ont été découverts après sa mort et une carrière de nounou, était bien au cœur d’une question essenti’elle : c’est quoi être artiste, quand on est une femme ? Une question à laquelle Emma la clown —alias Meriem Menant—qui se produisait vendredi soir au Théâtre de Vénissieux avec son spectacle « Sous le divan », est bien placée pour répondre, elle qui semble bien être la seule femme clown de France.

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