Participer à la mise en place et à l’animation d’actions de prévention santé en direction des jeunes, soigner des oiseaux sauvages blessés dans le Rhône, devenir animateur d’un réseau solidaire de l’Isère, participer à la vie associative sur le territoire de la Métropole de Lyon… voilà un aperçu des annonces que l’on peut découvrir sur le site internet www.service-civique.gouv.fr, destiné aux 16-25 ans. Pour s’inscrire, rien de plus simple : en deux-trois clics, on accède à l’ensemble des missions proposées en France ou à l’étranger et on peut candidater.
Instauré par la loi du 10 mars 2010, le Service Civique concerne les jeunes, qu’ils soient ou non diplômés. Il consiste à travailler de six à douze mois dans une entreprise certifiée par l’État (association, mairie…), pour un montant mensuel de 573 euros. Le Service Civique a séduit en quatre ans d’existence, près de 65 000 des 16-25 ans. Dans le Rhône l’an dernier, 2 500 jeunes se sont engagés. Ils ont été accueillis dans 130 structures agréées. 220 missions rhodaniennes ont été mises en ligne sur le site internet du gouvernement dédié à ce service. Seule ombre au tableau : on compte aujourd’hui quatre fois plus de demandes qu’il n’y a de missions à pourvoir en Service Civique…
Surtout des jeunes diplômés
Le Service Civique permet à ces jeunes d’effectuer des missions d’intérêt général, leur donne la possibilité de vivre de nouvelles expériences professionnelles et humaines et de s’ouvrir à d’autres horizons.
C’est le cas de Camille, en service civique au Programme de réussite éducative de Vénissieux, qui constate que le Service Civique l’a rendue plus confiante : « Pour moi, c’est une manière intéressante de découvrir le monde de l’éducation, et des enfants. Il m’a permis de me poser et de choisir réellement mon orientation ». Au centre associatif Boris-Vian, Mathieu, Inès et Emma sont en Service Civique au sein du groupe DIRE —Développeurs d’initiatives pour le respect de l’égalité. Tous ont trouvé cet engagement intéressant et profitable.
Alors qu’il est ouvert sans condition de formation, force est de constater que le Service Civique attire une majorité de diplômés. En témoignent les chiffres communiqués par l’agence du Service Civique : en 2012, près de 42 % des jeunes engagés avaient un niveau équivalent ou supérieur à bac +2. Et parmi eux, 17,4 % possédaient un diplôme allant de la licence au doctorat. Un phénomène qui s’explique par la difficulté des jeunes fraîchement diplômés à rapidement trouver un emploi en adéquation avec leurs aspirations professionnelles. Alors que le Service Civique devrait aussi concerner les jeunes en mal d’école : « Seulement 18 % des Services Civiques viennent des quartiers populaires », remarque d’ailleurs Corine Romeu, la directrice du centre associatif Boris-Vian.
Vers un service civique universel
L’idée du Service Civique rassemblant des jeunes volontaires engagés est belle. La voilà confrontée à l’épreuve de la réalité. Au lendemain des attentats de janvier à Paris, qui ont relancé le débat sur les façons d’améliorer la cohésion nationale et la transmission des valeurs de la République, le président Hollande avait réaffirmé son intention de renforcer le Service Civique. Ce qu’il a confirmé lors de sa conférence de presse du 5 février à l’Élysée, en annonçant l’instauration dès le 1er juin d’un « Service Civique universel », tout en écartant l’idée de le rendre obligatoire. « Cela suppose, précisait-il, de mettre toutes les collectivités, toutes les associations, tous les ministères en capacité de proposer 150 000 ou 160 000 missions dans un délai particulièrement court, enfin… qui peut s’étaler sur plusieurs mois. » Et d’annoncer également le renforcement de l’agence pour le Service Civique.
Des annonces qui ont réjoui Yves Blein, le député socialiste de la 14e circonscription du Rhône, qui anime à l’Assemblée nationale un groupe de réflexion sur la thématique de l’engagement. Mais il continue à plaider pour qu’on aille plus loin : « Tant mieux que le Service Civique monte en charge, nous déclarait-il au soir des annonces du président de la République. Mais il faut qu’il soit complété par un temps obligatoire (trois semaines, voire un mois) pendant lequel tous les jeunes, filles et garçons, seraient regroupés en internat pour partager la vie collective et la découverte des autres. Comme un rituel avant leur majorité. Un enseignement d’éducation civique y serait dispensé. Cette période permettrait également de faire un bilan de santé, de détecter des problèmes sociaux, ou d’illettrisme. Le jeune aurait ensuite la possibilité de se lancer vers un Service Civique ou un parcours citoyen sur la base du volontariat. Nous devons trouver la formule qui mixte les solutions : Service Civique, service militaire assisté comme cela se fait en Outre-Mer, service volontaire européen, service de solidarité internationale… Puisque tous les jeunes sont recensés, les convier à cette période ne serait pas difficile ».
On peut cependant s’interroger sur les difficultés qu’il y aura à trouver quelque 150 000 missions, sachant qu’aujourd’hui, on compte quatre candidats pour un seul poste proposé.