Rue de la démocratie, où le centre de formation est installé depuis 1983, on n’hésite pas à parler de “mise à mort”. La raison en est que fin janvier, la commission permanente du Conseil régional de Rhône-Alpes n’a attribué aucune formation longue qualifiante au Certa pour la période 2015-2017.
“Cette décision aura forcément d’importantes conséquences pour nous à partir des mois de juin/juillet, une fois que le cycle de formation actuel sera achevé, annonce Wilfried Aubert, directeur de l’établissement. Au minimum, nous vivrons une restructuration sérieuse. Avec ce que cela implique pour l’emploi. Et cela pourrait n’être qu’une étape.”
Rappelons que le Certa forme et accompagne tous les ans en moyenne 600 jeunes — parfois très éloignés du monde du travail —, et emploie pour cela une trentaine de personnes, embauchées pour la plupart en CDI. Les résultats obtenus par les stagiaires sont plus que positifs : 100 % de réussite au bac pro maintenance des équipements industrialisés (et 83 % au BEP), 91,6 % au bac pro électrotechnique et automatisme, 75 % au titre professionnel technicien d’étude en mécanique ou encore 92,3 % au CAP gardien d’immeuble…
“Ces résultats nous valent de nous situer dans le top 20 des centres de formation de la région, assure Chloé Deglaire, assistante administrative. Ne pas pouvoir proposer de formations qualifiantes à la rentrée prochaine est une très mauvaise nouvelle. Nous ne nous faisons guère d’illusions, mais nous nous battrons !”
“On nous a fait comprendre que le mouvement social qu’a connu le Certa l’an passé pouvait avoir joué en notre défaveur, indique Diego Giordino, formateur. Si c’est le cas, c’est scandaleux à deux égards : d’abord, comme tous salariés en France, nous disposons du droit de grève ; ensuite, les résultats de nos élèves aux examens prouvent que le mouvement social ne les a pas pénalisés.”
Le devenir des élèves, c’est précisément ce qui inquiète l’équipe du Certa. “Avec son public parfois particulier, le Certa assure une mission de service public, en aidant à la réinsertion de jeunes — et de moins jeunes — bien éloignés du marché du travail, rappelle Wilfried Aubert. Je ne suis pas convaincu que ces personnes seront acceptées dans d’autres centres de formation, qui n’ont pas ce côté militant qui fait la spécificité du Certa.”
Fin février, la direction du centre de formation se rendra au siège de la Région, pour discuter notamment des autres types de formations (compétences clés, apprentissage…) que pourrait proposer le Certa à la rentrée prochaine. De quoi sauver les meubles, selon Wilfried Aubert. “Nous sommes dans l’incompréhension totale. Comment peut-on ne pas se dire qu’un établissement comme le Certa est utile, voire vital, de nos jours ?”