Il existe plusieurs façons de délivrer des messages à la jeunesse. Tom Nardone en sait quelque chose, lui qui a été instituteur aux Minguettes pendant de nombreuses années. Il y a quinze ans, il a décidé de prendre sa guitare et de parcourir les scènes avec les Sales Gones. Il revendique de s’adresser aux petits comme aux grands et cible un public familial. Son nouvel album, « C’ tout com ! » sortira en avril chez Musicast. Il nous en a donné la primeur.
« Le disque contient 17 chansons, qui ont démarré dans un certain état d’esprit de bilan et en ont changé en cours de route pour se transformer en message positif. Le fond commun, c’est qu’on baigne dans la communication, en bien ou en mal. »
Il évoque d’ailleurs la chanson « Fais passer le message », habituellement reprise en fin de spectacle, qui s’interroge : « Dans nos courriels, nos textos, on est capable de se comprendre à demi-mot/ Alors pourquoi tant de mal à construire un monde idéal ? »
Il estime que ce nouveau disque marque une évolution où « l’esthétique a autant d’importance que les textes ». Il ajoute : « Avant, je travaillais plus dans l’urgence. Je suis content d’avoir enregistré en 1996 « Comme personne », un album dont les sujets pouvaient déclencher des débats en classe. C’était important de faire cela dans ma vie puisque j’ai été enseignant. Ce métier-là est difficile, passionnant si l’on est passionné, mais difficile ! Je suis content d’avoir participé à provoquer des débats avec mes albums. Dans « C’ tout com ! », nous avions les textes au départ, beaucoup cosignés avec Bernard Noly, qui a aussi été enseignant à Vénissieux et est le délégué du Rhône des Francas. Nous avons créé une grande diversité de styles musicaux. Nous sommes quatre à chanter, avec des chœurs et des orchestrations plus travaillées. Nous avons pris plus de temps à le faire, trois ans, et l’on retrouve bien sûr des thématiques qui nous ressemblent. »
Outre les trois Sales Gones qui l’accompagnent, Tom a demandé à des amis chanteurs ou musiciens de venir faire avec lui un petit bout de chemin sur un titre. Il cite son ami Yayah Bouzit, gardien de la maternelle Jean-Moulin, qui a repris son violon pour l’accompagner sur « Rien que des enfants du soleil ».
Tom assume le « double message » dans beaucoup de titres, tel « Comment K tu m’Kauses » sur le langage ou « Rien que des enfants du soleil ». « J’y raconte ce que j’ai vécu en tant que fils d’immigrés italiens et je parle aussi de tous les enfants du soleil qui ont plus de mal à s’intégrer. »
Il ajoute encore que, chez les Italiens, « l’immigration est dédramatisée. Il y a quelques mois, nous cherchions des idées pour parler de l’intégration. On a cité des noms de fromages, il y en a beaucoup, et l’important est de faire un beau plateau. Nous avons mis des arrangements arabo-pays de l’est, pour que la chanson parle à tout le monde. »
Les thèmes sont d’aujourd’hui, traités avec beaucoup de bonne humeur. Comme, par exemple, « Gens de lettres » qui se moque de notre manie d’utiliser sans arrêt des sigles. Musicalement, les ambiances viennent du monde entier et rajoutent parfois une note exotique à l’humour des paroles comme dans « Señor Zapeto » aux rythmes latino et à l’accent qui l’est tout autant, hommage rendu à la télécommande : « Zap zap zap et le monde est à moi ».
« C’est mon devoir d’être optimiste en tant qu’artiste, assure Tom. Quel bonheur quand je suis sur scène avec mes copains et qu’à quatre on se sent en osmose avec le public, même nombreux. Quand la sauce prend en festival, ces moments magiques nourrissent pendant des mois. »
« C tout com’ ! » n’est pas encore sorti et déjà plusieurs dates de concerts sont avancées : deux carnavals dans la Loire en février, la fête du livre de Villeurbanne le 28 mars. En mars, Tom ira aussi rencontrer les élèves du lycée français de Shanghaï.
« J’aimerais qu’à Vénissieux et partout en France on lance des concours d’écriture, de poésie, de nouvelles, de chansons, sur des thèmes sensibles comme la laïcité, l’école républicaine ou les religions. Qu’on fasse écrire aussi sur des sujets philosophiques, tel que l’État et la religion. Cela fait du bien quand on écrit et on peut confronter ses idées. Ce grand élan artistique pour un Vénissieux qui s’engage associerait profs et élèves pour défendre des valeurs. »
« C tout com' » de Tom Nardone et les Sales Gones