Michèle Picard et l’ensemble des membres de la liste qu’elle conduisait ne cessent de le répéter depuis que le scrutin a été annulé le 7 octobre par le tribunal administratif : cette décision est “profondément injuste et totalement incompréhensible”. Une injustice que le maire a donc décidé, logiquement, de contester en faisant appel devant le Conseil d’État. Tandis que l’incompréhension la conduit à porter plainte contre X, “pour ne pas subir une décision de justice sans en maîtriser tous les tenants et aboutissants”.
Même si les circonstances ayant conduit à l’annulation des élections commencent à être connues, un bref rappel s’impose. C’est en raison d’irrégularités dans la liste “Vénissieux fait front” conduite par le candidat d’ultra-droite Yvan Benedetti, que les magistrats, saisis par le préfet et Christophe Girard, candidat de la droite arrivé en seconde position, ont considéré que les résultats avaient été faussés. “Eu égard au nombre de voix obtenues par cette liste au second tour (…), indiquait le tribunal, le report éventuel d’un certain nombre de ces suffrages aurait pu modifier, le cas échéant, l’ordre d’arrivée des listes au second tour et ainsi l’issue du scrutin.”
« Pour huit personnes, le vote de 13658 électeurs est balayé »
Mais de quelles irrégularités parle-t-on précisément ? Sur les 49 candidats de “Vénissieux fait front”, un certain nombre ne souhaitaient pas l’être ou auraient été trompées sur la nature de leur engagement. Au départ, le chiffre de 19 personnes abusées avait été avancé. Désormais, il n’en reste plus que huit : cinq qui n’auraient pas compris qu’elles signaient un acte de candidature, et trois qui pensaient s’engager pour le FN. “Pour huit personnes qui n’auraient pas compris, le vote de 13 658 électeurs est balayé, dénonce Michèle Picard. C’est un véritable déni de démocratie (…). Le vote des Vénissians doit être respecté. Toute une ville ne peut pas être pénalisée par les agissements d’une poignée d’individus.”
D’où la décision d’interjeter appel devant le Conseil d’État. Mais le maire va plus loin. Parce qu’elle considère que la majorité municipale et les Vénissians ont subi un préjudice, elle annonce qu’elle porte également plainte contre X. “Nous voulons comprendre, nous voulons avoir accès à toutes les pièces du dossier.” Un dépôt de plainte qui n’est pas uniquement motivé, précise-t-elle, par la situation vénissiane. “Plusieurs villes de gauche en France sont concernées par ce qui pourrait être qualifié de stratégie et qui devient un enjeu national (…). L’UMP se saisit systématiquement de ces situations pour déposer un recours en cas d’échec et se donner ainsi l’occasion de refaire les élections, en revendiquant ouvertement les voix de l’extrême droite. On peut citer l’exemple d’Annemasse, avec la décision récente du tribunal administratif de Grenoble d’annuler le scrutin en se référant à la jurisprudence fondée par le jugement de Vénissieux.”