Le changement de bannière, de Bosch France à Sillia Énergie, n’a pour l’instant pas changé grand-chose : près du boulevard Irène-Joliot-Curie, le chômage partiel est de retour. Faute de commandes de panneaux photovoltaïques, les 124 salariés du site n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience.
Joint ce vendredi au téléphone, Marc Soubitez, ancien délégué syndical CFDT chez Bosch au moment du “closing”, ne cache pas son inquiétude. “La charge de travail n’est pas là, indique-t-il. Notre soutien à cette reprise s’articulait autour de trois axes : d’abord, c’était la seule offre, ensuite, il s’agissait d’une entreprise industrielle française, reconnue et qualifiée, et enfin, on nous a présenté un cahier des charges s’appuyant sur un appel d’offres, le CRE2, initié par l’État et remporté. Sur ce dernier point, nous n’avons pas commencé à en voir la couleur. C’est très préoccupant.”
Préoccupant au point d’avoir écrit mercredi à la ministre de l’Écologie et de l’Énergie renouvelable, Ségolène Royal. “Les premiers effets industriels (de l’appel d’offres CRE2 remporté) devaient être effectifs à la fin de l’automne 2014, rappelle le syndicat. Hélas, pour des raisons qui nous échappent ou qui nous dépassent, il apparaît à ce jour qu’aucun de ces contrats n’a encore été mis en œuvre. Il semble que le retard pris dans la mise en œuvre de ce CRE 2 soit lié pour une part à l’instabilité ministérielle des derniers mois ainsi que, paradoxalement, à l’implication des services de votre ministère à l’élaboration de la loi sur transition énergétique. (…) Actuellement, les salariés(es) de Sillia de Vénissieux et de Lannion se trouvent plongés dans le chômage partiel alors que cette entité est aujourd’hui le numéro 1 Français dans le domaine de la fabrication de modules photovoltaïque. Cette situation pourrait perdurer en 2015, mais elle serait intenable pour les salariés(es) du site qui ont de plus en plus de mal à croire dans la possibilité d’existence d’une industrie photovoltaïque dans notre pays. Nous vous demandons donc de nous indiquer si notre activité a une chance de survie et surtout si l’appel d’offres CRE 2, que vos services ont initié, peut trouver une matérialisation industrielle rapide.”
Les faits pourraient cependant donner de premiers éléments de réponse aux salariés de Sillia Énergie. Le 4 novembre, une commande portant sur 19 MWc (MegaWatt Crête) de la Compagnie nationale du Rhône, intégrée au CRE2, devrait commencer à sortir des lignes d’assemblage de l’usine de Vénissieux. Cela pourrait représenter plusieurs semaines de production. De quoi espérer relancer durablement cette usine dont les capacités de production annuelle avoisinent les 200 mégawatts/an ? On peut en douter.