Culture

Imaginer le monde, une exposition de documentation céline duval

Parce qu’elle a un nom somme toute assez courant (« C’est déjà l’anonymat, nous sommes plus d’une centaine à le porter. Même Tabatha Cash a tourné sous ce nom à ses débuts »), Céline Duval a décidé de l’employer comme celui d’une entreprise. Son nom d’artiste est documentation céline duval, sans capitales. « Comme une marque déposée ! »

Auto-éditeur et artiste, Céline préfère que toute sa production soit signée par cette désignation. Jusqu’au 15 novembre, à l’espace Madeleine-Lambert (Maison du peuple de Vénissieux), documentation céline duval propose une série de photographies, disposées sur de grandes tables inclinées. Huit ont été spécialement produites pour Vénissieux.

« Je travaille globalement sur des questions d’image, explique-t-elle : pourquoi en fait-on ? Que donnent-elles à regarder ? Comment, nous, les regarde-t-on ? »
L’artiste a eu accès au fond Jules-Maciet, conservé au musée des Arts décoratifs à Paris. Né en 1846 et mort en 1911, ce collectionneur érudit a entassé tout au long de sa vie 5000 albums contenant plus d’un million d’images, qu’il a classées par thèmes, époques, pays. Un travail monumental transformé en mine d’or pour qui s’intéresse à ces échos du passé.

« J’ai choisi une série de documents, reprend Céline, et je les ai rephotographiés avec un axe différent. Je ne voulais pas seulement les reproduire. J’ai fait la mise au point sur un détail puis sur un autre, j’ai agrandi une partie de l’image. Je n’ai pas mis d’indication de bord, comme s’il s’agissait de grands espaces. Ce qui conserve une notion de hors-champ. C’est un peu la fonction de Google Earth, qui donne l’impression de naviguer à l’intérieur d’une très grande image. Google Earth a influencé ce travail mais aussi mon regard sur l’image. Le monde devient une image. Je vais regarder l’image comme je regardais le monde. »
documentation céline duval a donné à cette exposition le nom de « Stratigraphie des images ». « Il y a une idée de voyage dans l’univers, une idée de temps. Une idée de voyage dans le voyage. On plonge dans quelque chose qui nous parle de reconstitution, de représentation, de reproduction, de transmission… On est dans autre chose ! »

Céline indique deux sens de lecture pour les images qu’elle montre, suivant que l’on se place à un bout de la salle d’expo ou à l’autre. D’un côté, on reconnaît l’eau comme élément commun à toutes ces planches ; de l’autre, la roche. Elle insiste en outre sur leur présentation, disposées sur des lutrins. « Jules Maciet avait construit ses propres tables. Les lutrins font également penser à ces tables d’orientation qui résument le paysage que l’on a devant soi. Des dialogues se créent entre les images pour, en quelque sorte, imaginer le monde. Vous voyez, je vous souffle votre titre… »

En parallèle de cette exposition, le service arts plastiques de la Ville, dirigé par Françoise Lonardoni, publie un livre d’artiste qui accompagne cette « Stratigraphie des images », conçu par Céline.
« J’ai pris des photos du film de Godard, « Une femme mariée ». La femme feuillette un livre d’anatomie et, en soulevant, les pages, s’enfonce de plus en plus dans l’image. En contrepartie, des vues de Google Earth nous éloignent jusqu’à voir la Terre. C’est une alternance de macro et de micro. »

Exposition documentation céline duval : jusqu’au 15 novembre à l’espace Madeleine-Lambert, Maison du peuple

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