Culture

Théâtres de l’agglo : salade de saisons

Après avoir créé plusieurs spectacles à Vénissieux, Denis Plassard sera cette année à l’affiche de la Maison de la danse (Photo Christian Ganet)

En ce début de saison théâtrale, nombreuses sont les propositions qui s’offrent au spectateur de l’agglomération. Nous en avons retenu quelques-unes, en sachant que le choix est beaucoup plus vaste encore.

En cette mi-septembre, la Biennale de la danse attire toujours plus de spectateurs mais on aurait tort d’oublier qu’après la fin du mois, des spectacles de danse sont toujours accessibles. À commencer par la Maison de la danse, maître d’œuvre de la Biennale et qui, hors festival, poursuit une investigation pointue dans le monde des chorégraphes. On découvrira ainsi en novembre « Contact », la nouvelle création de Philippe Decouflé, et les robots de Blanca Li en mars. En mai, viendra le tour de Jean-Claude Gallotta avec « L’enfance de Mammame ». Mourad Merzouki avec « Pixel » en janvier et Denis Plassard avec « Suivez les instructions » en mars seront aussi de la partie. Enfin, ce même mois de mars, signalons la présence de la comédienne Sandrine Bonnaire qui, à l’occasion du « Miroir de jade », mêlera danse et théâtre avec la complicité de la chorégraphe Raja Shakarna.

Revenons sur Decouflé. Si le grand chorégraphe trouve ses marques à la Maison de la danse, il investira aussi le théâtre Les Ateliers où, en novembre, il s’associe à Alice Roland et Christophe Salengro (plus connu comme président de la présipauté du Groland) pour « Marcel Duchamp mis à nu par sa célibataire, même ». Aux Ateliers, citons encore Philippe Vincent (un metteur en scène qui fut en résidence au Théâtre de Vénissieux) qui, avec sa compagnie Scènes, présente en octobre « Rêves Kafka ». Autre création, celle des « Créatures » en février, par les Moteurs Multiples alors que, le mois suivant, l’artiste belge Miet Warlop se prend à son propre jeu de la création face à des spectateurs.
Jamais en retard sur le contemporain, Les Ateliers vont nous permettre d’assister à un discours de Barack Obama, celui d’Oslo en 2009 lorsqu’il a obtenu le Prix Nobel de la Paix. En mars, le duo Your Majesties, composé d’Alex Deutinger et Marta Navaridas, va donc incarner Obama et… son prompteur.

Après quatre spectacles de la Biennale, le TNP revient aux classiques en octobre avec « L’école des femmes » par Christian Schiaretti. Robin Renucci y sera Arnolphe. On croisera encore sur la scène villeurbannaise Pirandello et ses « Six personnages en quête d’auteur » (mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota) et un « Hamlet » totalement revu par Yan Duyvendak et Roger Bernat. La Table Ronde du roi Arthur sera à l’honneur en décembre avec « Lancelot du Lac » et la « Trilogie des chevaliers ».

« Une femme » au TNP, avec Helena Noguerra et Catherine Hiegel

Si les textes de Jean Genet ont gagné le statut de « classiques du théâtre contemporain », gageons que l’adaptation des « Nègres » par Robert Wilson (en janvier) ne manquera pas d’originalité. Et lorsque Marcial Di Fonzo Bo croise Philippe Minyana, cela donne « Une femme », un spectacle interprété par Marc Bertin, Catherine Hiegel et Helena Noguerra (toujours en janvier).
Ancien directeur du théâtre lyonnais du Point-du-jour, Jean-Louis Martinelli est parti depuis diriger le Théâtre national de Strasbourg et les Amandiers de Nanterre. Il revient dans la région en février avec « Une nuit à la présidence », plongée dans les coulisses du pouvoir d’un état africain. Autre ex du Point-du-jour, Michel Raskine viendra présenter en avril « Le triomphe de l’amour », tiré de Marivaux. Avant cela, fin mars, Olivier Py monte son propre texte avec « Orlando ou l’impatience », recherche du père et d’un nouveau rapport au monde.
Avec « Mai, juin, juillet » (que l’on pourra découvrir fin mai-début juin), Christian Schiaretti se plonge dans les archives du TNP : Robin Renucci endosse la forte personnalité de Jean Vilar et Marcel Bozonnet celle de Jean-Louis Barrault. Deux visions différentes du théâtre malgré deux parcours assez proches, face aux chamboulements de 68.

Aux Célestins, les grands classiques -le « Phèdre » de Racine en octobre, le « Platonov » de Tchékhov en novembre, interprété entre autres par Emmanuelle Devos, mais aussi Voltaire en février, Ibsen en mars, Molière en mars-avril- vont côtoyer les auteurs du XXe siècle devenus eux-mêmes des valeurs sûres, de Brecht (« Leben des Galilei » en mars) à Pinter (« Dispersion » en mai, avec Carole Bouquet et Gérard Desarthe, qui signe aussi la mise en scène), via Koltès (« Dans la solitude des champs de coton », également en mai). Mais aussi les petits nouveaux en phase de le devenir : Houellebecq (« Les particules élémentaires » en février) ou Yasmina Reza (« Comment vous racontez la partie ? » en janvier, avec Zabou Breitman et Marianne Denicourt). Avec « Novecento » (fin octobre-début novembre), André Dussollier viendra nous conter le destin extraordinaire d’un jeune homme abandonné par ses parents sur un navire et qui, élevé par les marins, deviendra un virtuose du piano. Un spectacle d’Alessandro Baricco dans lequel quatre musiciens vont nous restituer les musiques du siècle dernier.

Guillaume Gallienne aux Célestins, dans « Oblomov »

Guillaume Gallienne, après ses succès au cinéma avec « Guillaume et les garçons, à table » et sur scène avec « Lucrèce Borgia », endosse la personnalité d’Oblomov, anti-héros paresseux né de la plume d’Ivan Gontcharov (décembre).
Après la nuit napolitaine de juin dernier aux Nuits de Fourvière, le grand acteur italien Toni Servillo et son frère Peppe reviennent à Lyon en mars dans une pièce du dramaturge napolitain Eduardo De Filippo, « Le voci di dentro ».
Enfin, les Célestins se partageront avec le Radiant-Bellevue de Caluire la coproduction de « Répétition », un spectacle de Pascal Rambert interprété par Emmanuelle Béart, Denis Podalydès, Stanislas Nordey et quelques autres. Les représentations auront lieu au Radiant fin janvier.

Le Radiant justement est le théâtre où vont se bousculer le plus de têtes d’affiche. Qu’on en juge : Philippe Torreton, Lynda Lemay, CharlÉlie Couture, Zebda, Richard Bohringer, Brigitte Fossey, Stéphane Rousseau, Lindsey Stirling et Morrissey rien que pour le mois d’octobre. Qui dit mieux ? Et cela continue tout au long de la saison. Vous voulez voir du théâtre ? Le Radiant vous offre sur un plateau, sur son plateau, juste pour le mois de novembre, une comédie ayant raflé des Molières (« Les palmes de M. Schutz »), une pièce d’Ingmar Bergman jouée par Françoise Fabian et Rachida Brakni (« Sonate d’automne »), Josiane Balasko dans « Un grand moment de solitude » et « Mensonges d’état », où Samuel Le Bihan et quelques autres jouent une partie de poker menteur en juin 1944 : les Alliés font croire à Hitler que le débarquement n’est qu’un leurre. Mais novembre au Radiant sera également dévolu à la musique avec Lavilliers, Tiken Jah Fakoly, Kyo, Les Ogres de Barback, Yodelice, Émilie Simon et De Palmas.
Décembre sera le mois de l’humour (Muriel Robin, Jonathan Lambert, Arturo Brachetti), de la danse (Carolyn Carlson), de la musique (Angus & Julia Stone, Arthur H, Julien Doré, Vieux Farka Touré, Nana Mouskouri) et du boulevard : Arthur Jugnot dans « Une semaine pas plus », Amanda Lear dans « Divina ». En janvier, les comiques (Alex Lutz, Anne Roumanoff) feront le bras de fer avec des danseurs (« La’ad », les Ballets de Tahiti), des musiciens (le Quatuor Debussy), un chanteur (Vincent Delerm) et le « Cyrano » monté par Lavaudant. Sans oublier « Répétition », mentionné plus haut.

Bernard Lavilliers, une des vedettes présentes au Radiant-Bellevue

Citons encore Serge Lama en février, Grand Corps Malade, Michèle Bernier, Michel Boujenah, Patrick Timsit, Stéphane Eicher, Jacques Gamblin, le Comte de Bouderbala, Popa Chubby, Didier Lockwood, Gérard Jugnot et les clowns Semianyki en mars, « Birdy » revu par Emmanuel Meirieu, Marcus Miller, Sanseverino, Christophe Malavoy et Marianne Basler en avril et le Ballet de l’Opéra de Lyon en mai. Sans parler des spectacles pour enfants, des acrobates, de quelques extraterrestres (Voca People) et de plusieurs autres troupes, sans doute moins connues du grand public mais qui seront loin de démériter.

Au théâtre Croix-Rousse, là encore les grands classiques vont côtoyer le contemporain. Nous aurons d’un côté « Les fourberies de Scapin » revues par Laurent Brethome (octobre) , « Lucrèce Borgia » de Victor Hugo (novembre), dans la version qu’en a donnée David Bobée cet été à Grignan, avec Béatrice Dalle flamboyante empoisonneuse et Pierre Cartonnet, que l’on retrouve ces temps-ci à l’affiche de « Bataille » au Théâtre de Vénissieux.
Jean Lacornerie, qui a pris la direction du théâtre en 2011, proposera plusieurs spectacles qu’il a mis en scène : « Menu : Plaisirs », une histoire de la musique, en novembre ; « Le roi et moi » en décembre, d’après le « musical » de Rodgers et Hammerstein ; « Roméo et Juliette » en février-mars, dans une version opéra signée par un compositeur allemand passé à la moulinette nazie parce que jugé « dégénéré », Boris Blacher (1903-1975)  et « Le serpent à cordes » en mai, sous-titré « Conférence du professeur Glaçon ».

« Lucrèce Borgia » au théâtre Croix-Rousse (Photo : Arnaud Bertereau, agence Mona)

La saison croix-roussienne sera également marquée par « Mon traître » (octobre), un spectacle qu’Emmanuel Meirieu a tiré de deux romans du journaliste Sorj Chalandon sur son amitié déçue avec un activiste irlandais qui, sur le tard, avoua avoir travaillé pour les services secrets britanniques. Mais aussi par une comédie musicale à l’américaine (« Showtime » en janvier), un « délire mythologique » de Gilles Ostrowsky (« Les fureurs d’Ostrowsky », toujours en janvier), le magnifique opéra de Purcell, « Didon et Énée » passé par le prisme de la bande dessinée (avril-mai) et bien d’autres surprises.

Et puisqu’il est question d’opéra, l’Opéra de Lyon va ouvrir sa saison lui aussi avec la Biennale, puis offrir son amphi aux Vénissians de Bizarre ! Ensuite, place à Richard Wagner (« Le vaisseau fantôme » en octobre), Gioacchino Rossini (« Sémiramis » en novembre), Tchaïkovski version enfants avec « Casse-noisette » en décembre, Mozart (« Idoménée » en janvier), Gluck avec « Orphée et Eurydice » à l’occasion du festival Jardins mystérieux en mars, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker avec « Drumming Live » (avril), Bizet et sa « Carmen » en avril et mai et Debussy pour bien finir cette riche programmation (« Pelléas et Mélisande » en juin) avant les fabuleuses « Atvakhabar Rapsodies » de Marcia Barcellos et Karl Biscuit qui, du 30 juin au 7 juillet 2015, sauront nous enchanter.

Plus proche de nous géographiquement, le théâtre Théo-Argence de Saint-Priest présente sa nouvelle programmation ce 19 septembre à 19h30. Elle donne toujours une place importante à la création contemporaine régionale : Bernard Rozet et son Équipe villeurbannaise du même nom qui montent deux pièces en un acte de Labiche en novembre, Mourad Merzouki en décembre, Charlotte Pareja pour « Beauté monstre » en janvier, la compagnie Cassandre avec « Quatorze » (également en janvier), un questionnement sur les commémorations du centenaire de la guerre de 14-18, André Fornier montera « Tosca » en février…
Plusieurs autres jeunes compagnies seront présentes et, pour les noms plus connus, signalons que le Comte de Bouderbala et Renan Luce seront également de la partie, le premier en octobre et le second en décembre. Plus étonnant est la présence de « La belle de Cadix », célèbre opérette de Francis Lopez. Sans doute est-ce pour faire plaisir à la nouvelle municipalité qui a réclamé des spectacles plus populaires.

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