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Zine Bakhouche, « L’enfant des Aurès »

Vénissian depuis 2012, Zine Bakhouche raconte son parcours atypique dans un premier roman, « L’enfant des Aurès ». Un deuxième roman est en préparation. Il portera sur les années noires algériennes.

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Est-ce un hasard si la première phrase du livre « L’enfant des Aurès » est une citation de Tristan Bernard ? Certainement pas, d’autant plus qu’avec son humour habituel, Bernard écrit : « Je ne retomberai jamais en enfance, j’y suis toujours resté. » L’enfance de Zine Bakhouche, auteur de cet « Enfant des Aurès » publié aux éditions Baudelaire, a non seulement été importante pour lui mais aussi formatrice. Et, annonce-t-il, « l’envie d’écrire est une passion de jeunesse ».

« J’ai rempli beaucoup de carnets que je n’ai pas publiés. J’ai vécu deux événements difficiles, l’écriture a été une thérapie pour moi. » Le premier événement est le décès de son père en 1974, alors que Zine a 20 ans. « Quarante ans après, explique-t-il aujourd’hui, je ressens toujours cette blessure. » L’autre moment douloureux a été, en une année, la disparition d’une sœur, d’un frère, auxquelles s’ajoute un divorce. « Cela m’a donné envie de faire quelque chose, d’écrire et de partager ma douleur. »

Si « L’enfant des Aurès », sorti en février dernier, est son premier roman, il n’est pas la première publication de Zine Bakhouche. « J’ai soutenu une thèse à Aix-en-Provence en géographie urbaine. Mon premier livre, c’est ma thèse, publiée en 2011. Elle traite des relations entre commerce et ville. J’ai pris le cas de villes d’Algérie. » Forte de plus de 400 pages, cette thèse sortie aux Éditions universitaires européennes, « Structures commerciales et dynamique urbaine en Algérie : cas de la ville de Biskra », est suivie par un deuxième livre. Les 160 pages d’ « Aurès-Nemencha, mutation d’une région » sont imprimées en 2013 chez le même éditeur. « Le troisième sera mon premier roman, « L’enfant des Aurès ». Il raconte mon parcours, celui d’un enfant issu d’une famille pauvre de la paysannerie aurassienne. Nous étions neuf frères et sœurs. Mes parents nous ont appris la tolérance et l’amour. Mon père est mort jeune, à 59 ans, et ma mère a continué le chemin. Je suis resté soudé à ma famille. »

« L’enfant des Aurès » décrit la petite enfance dans la montagne, les racines berbères et les activités : garder les troupeaux, aller chercher de l’eau à une source voisine. Les parents de Zine ont déjà permis à leurs deux fils aînés d’étudier et de devenir instituteurs. « Par chance, raconte-t-il, j’étais aussi destiné à faire des études. J’avais soif de savoir, de découvrir le monde, la société. J’ai passé mon bac, suis entré à l’université, ai obtenu un DEA puis un doctorat. J’ai étudié la géographie urbaine, d’abord à Constantine puis à Aix-en-Provence. J’ai ensuite enseigné à l’école d’architecture de Biskra pendant douze ans. »

Le récit que Zine livre dans « L’enfant des Aurès » évoque son premier travail dans une banque de Khenchela, ses difficultés avec son patron, sa recherche de l’âme sœur et son départ pour Aix-en-Provence, où il a obtenu une bourse d’études. Puis c’est le retour au pays en 1985, avec une voiture chargée jusqu’au toit et dont profiteront tous les habitants de son village. Et un poste à Biskra. Dans les années quatre-vingt-dix, l’Algérie traverse des années noires pendant lesquelles le terrorisme fait rage et se débarrasse de ses intellectuels. Zine traverse la Méditerranée et s’installe en France avec sa femme et ses quatre enfants.

« J’avais de la famille à Lyon. En 2012, je suis venu habiter à Vénissieux, dans le quartier de la Division-Leclerc. Pourquoi Vénissieux ? Sans doute parce qu’il y avait une communauté maghrébine importante, que la ville montrait un caractère social qui me plaisait et que les loyers y étaient moins chers qu’à Lyon. Je suis très bien à Vénissieux. J’observe la société, la mutation de cette ville, je la regarde avec la curiosité d’un géographe et je constate la réussite de l’intégration de Vénissieux à la grande métropole de Lyon par le biais du tram, du métro. La rénovation des quartiers, les animations, tout cela est important. Vénissieux a pris de l’ampleur et présente une image différente de celle qu’elle avait dans les années quatre-vingt. »

Avec l’installation en France, commence une série de problèmes que Zine parvient à résoudre les uns après les autres : les papiers, le logement, les petits boulots (la maçonnerie, les TCL) avant de passer sa thèse. Aujourd’hui, Zine Bakhouche est fonctionnaire depuis une dizaine d’années et travaille à la Carsat Rhône-Alpes. L’écriture reste sa passion, « pour ne pas mourir intellectuellement ». La sortie de son premier roman a suscité en lui « deux émotions en une, comme un shampooing : La fierté de réaliser quelque chose de bien et la tristesse que les gens que j’ai aimés ne soient plus là pour le voir. Je ne suis rien sans ma famille. »

Cette fierté qu’il évoque ne s’incarne pas seulement dans le fait de voir son nom écrit sur la couverture d’un livre. Elle se situe essentiellement dans cette capacité qu’il a eue à « ne pas tricher avec les gens » et d’avoir réussi à « tracer le parcours d’un enfant qui a gardé les troupeaux, qui a été pauvre ». Il conclut : « Je suis devenu le porte-parole de ces enfants-là ! »

Zine tente de définir aussi ce qu’il nomme « un sentiment inexplicable » : voir son livre dans les mains de futurs lecteurs lors d’une séance de dédicace. Ou découvrir dans le tram une dame lisant « L’enfant des Aurès ». « Ça vous enchante, vous nourrit et vous donne envie de continuer. » Placé à la Fnac et chez Decitre, disponible sur les sites internet, le livre a suscité de nombreuses réactions favorables chez ses lecteurs et obtenu de nombreux échos dans les presses française et algérienne.
« Je travaille sur un deuxième roman, qui traitera de l’Algérie du temps des dix années de guerre civile et de la corruption. Je veux raconter comment cette décennie a mis à genoux un pays fort et glorieux et pratiquer une autopsie de la situation en Algérie à travers un exemple très banal. »

« L’enfant des Aurès » de Zine Bakhouche. Éditions Baudelaire. 13,50 euros.

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. hatim telia

    5 avril 2015 à 19 h 43 min

    l’enfant des aurés c’est un roman très intéressant ; bien traité et l’expression qui m’a touché durant toute ma lecture du roman c’est bien celle ou il dit que j’ai réussi mais un melange de joie et de tristesse car mon pere est absent

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