Cela fait presque dix ans que la communauté Emmaüs de Lyon a déménagé de Saint-Germain-au-Mont-d’Or à Vénissieux. Si l’association fondée par l’Abbé Pierre a indéniablement gagné au change pour la qualité des installations (six hectares de terrain, 3000 m2 de locaux, un bâtiment de cinquante chambres pour les compagnons), elle n’a jamais retrouvé le niveau d’activité qui était le sien dans l’Ouest lyonnais.
Pourtant la fréquentation est élevée. Matin comme après-midi, même en semaine, les clients font la queue avant l’ouverture des portes du bric-à-brac de l’avenue Maruis-Berliett. “Oui, nous avons du monde, mais les gens achètent des objets de moindre valeur. Et on observe le même phénomène du côté des dons, explique Pierre-Yves Tesse, nouveau président de la communauté. Or il ne faut pas oublier que notre premier objectif est d’accueillir, héberger et accompagner nos compagnons vers la réinsertion. Et pour ce faire nous avons besoin d’argent.” C’est d’autant plus vrai qu’Emmaüs est en train de construire à Parilly, sur le site dit du Thioley, un nouveau bâtiment d’habitation qui portera sa capacité d’accueil de 60 à 90 places.
Trouver l’équilibre
Pour capter une clientèle à plus fort pouvoir d’achat, l’association a ouvert en 2012 un magasin dans le 6e arrondissement de Lyon, rue de Créqui. Un autre point de vente et de collecte ouvrira prochainement ses portes aux Gratte-ciel, à Villeurbanne. “Nous n’abandonnons pas la mission de proposer des articles à bas prix aux populations qui en ont besoin, prend soin de préciser le président. Le site de Vénissieux reste notre base et notre principal point de vente, mais il est impératif pour notre fonctionnement de dégager plus de chiffre d’affaires. Emmaüs ne vit que de ses ventes, nous ne percevons aucune subvention des pouvoirs publics.”
Cette nouvelle stratégie de développement est portée par un nouveau directeur, Pascal Fournier, qui a pris ses fonctions au mois de juin. “Nous devons trouver l’équilibre entre nos impératifs économiques et notre devoir d’aider les familles précaires qui ont besoin de nous pour se meubler ou s’habiller, souligne ce grand gaillard qui est passé par plusieurs communautés Emmaüs avant d’arriver à Vénissieux. C’est un équilibre rendu encore plus fragile par la crise : de plus en plus de personnes en rupture nous sollicitent pour devenir compagnon et le turnover est très faible dans nos appartements, ce qui n’était pas le cas il y a encore cinq ou six ans. Par ailleurs, on constate que beaucoup de clients ne viennent plus ici pour le plaisir de chiner mais tout simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens de faire autrement.”
L’une des réponses envisagées par Emmaüs, outre sa diversification géographique sur le territoire de l’agglomération, est de multiplier les ventes spéciales. Ce jeudi 11 septembre par exemple, les étudiants bénéficieront, de 14 heures à 17 heures, d’une réduction de 50 % sur les meubles, la vaisselle et les livres.
Emmaüs, 8, avenue Marius-Berliet. http://www.emmaus-lyon.org/
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