Si une plaque a été apposée à Vénissieux dès 1991 pour rappeler l’internement et la déportation de centaines de juifs étrangers durant l’été 1942, rien de tel n’était visible jusqu’à présent à la Gare de Saint-Priest. C’est pourtant de cette petite gare que 545 juifs allemands et d’Europe centrale ont été déportés vers Drancy, le 29 août 1942, avant d’être envoyés vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Le 26 août, 1016 hommes, femmes et enfants, avaient été arrêtés dans dix départements de la zone “libre”, dans le cadre d’une rafle décidée par le gouvernement collaborationniste de Vichy, un peu plus d’un mois après celle du Vel’ d’Hiv’ à Paris. Ils furent rassemblés à Vénissieux, dans le camp militaire de l’Arsenal, avenue de la République. Grâce à l’action concertée de plusieurs associations caritatives usant de tous les stratagèmes, 471 personnes, dont 89 enfants, purent être exfiltrées et cachées. Mais 545 adultes, transférés en camion le 29 août jusqu’à la gare voisine de Saint-Priest, n’échappèrent à la barbarie nazie.
C’est ce tragique épisode de notre histoire que commémore la plaque dévoilée le 31 août dernier par le maire de Saint-Priest, Gilles Gascon, le préfet du département et de la région Rhône-Alpes, Jean-François Carenco, le célèbre avocat Serge Klarsfeld, fondateur et président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France, et le représentant de la SNCF, Bernard Emsellem.
“La compagnie nationale de chemin de fer a été contrainte par les autorités de former ces convois, a souligné ce dernier, mais nous ne nions pas le rôle important qu’elle a joué dans la déportation. Au contraire, nous faisons face à ce passé en faisant œuvre de transparence pour faciliter les recherches historiques. La pédagogie est notre obligation ultime et irréductible.”
“Cette plaque montre que la France sait regarder lucidement son passé”, avait auparavant déclaré Serge Klarsfeld. “Si certains Français ont manqué à leurs devoirs et trahi, d’autres ont su s’opposer ; ils sont l’honneur de la France”, considérait pour sa part le préfet Carenco. Qui citait en particulier le général Robert de Saint Vincent, commandant de la XIVe région militaire de Lyon, qui refusa de mettre ses hommes à la disposition de l’intendant de police pour convoyer les déportés de Vénissieux à Saint-Priest. Ce qui lui valut d’être aussitôt limogé.
La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreux élus de l’agglomération, notamment le maire de Vénissieux, Michèle Picard et sa première adjointe, Yolande Peytavin.