Pierre-Alain Millet n’aura pas traîné pour prendre les affaires de la Sacoviv en main. Le 22 avril, le conseil municipal le désignait pour représenter la Ville au CA, avec sept autres élus de la majorité. Le 3 juin, le conseil d’administration le portait à la présidence. Et le 12, après avoir rencontré les agents du siège, il donnait le coup d’envoi de visites de sites, qui lui ont permis de rencontrer les quelque 17 agents de proximité de la Sacoviv —autrement dit les gardiens d’immeuble, à qui il rendait un hommage appuyé dès sa première conférence de presse, le 1er juillet, relevant « leur capacité d’engagement et le travail très difficile qu’ils assurent face aux incivilités, aux trafics, au vandalisme ».
Ces échanges l’ont amené à assigner un premier objectif à la société d’économie mixte de la Ville : « Nous devons faire un fantastique effort de revalorisation et de formation de ces personnels. » Le renforcement semble aussi être au programme puisqu’une nouvelle organisation des remplacements a conduit à recruter 2 CDD d’un an à temps complet : « Nous avons recherché des gardiens qualifiés ou en cours de CAP. »
En direction des quelque 1700 locataires, les consignes posées à tous les niveaux de la maison Sacoviv sont fermes : il faut répondre aux urgences, et organiser un « réel suivi » des questions posées et de la qualité des réponses apportées. L’accueil téléphonique a été réorganisé. Et chaque mardi, une visite de site est instituée, qui donnera lieu à un compte rendu affiché dans les allées. Un « état des lieux standard d’entretien des immeubles » sera établi : « La Sacoviv va passer un contrat de confiance avec ses locataires, qui définira ce qui doit être fait, ce qui ne peut pas l’être, et qui dira aussi clairement que le gardien n’est pas responsable des incivilités. »
Ce programme est confié pour l’heure à Didier Laurent, le directeur général des services techniques de la Ville, qui assure depuis février dernier la mission de directeur général de la Sacoviv. Lors du dernier conseil municipal, le groupe socialiste avait interpellé le maire à ce propos. « Il s’agit d’un complément d’activité qui se fait bien évidemment dans un cadre légal, a répondu mardi Pierre-Alain Millet. Mais Didier Laurent ne pourra pas jongler comme ça longtemps. Une procédure de recrutement est lancée, qui devra déboucher avant la fin de l’année. » Réponse précisée ainsi par Didier Laurent : « Je ne perçois pas un double salaire mais un complément de rémunération, qui est loin de représenter le salaire que touchera le futur DG »*. On apprenait un peu plus tard par un communiqué du maire de Vénissieux que M. Laurent avait demandé et obtenu la protection fonctionnelle de la Ville après la diffusion sur le blog Vénissieux Info d’un communiqué de presse du groupe socialiste « visant expressément un fonctionnaire de la ville et pouvant mettre en cause sa probité ». Ce qui laisse présager un prochain dépôt de plainte de l’intéressé.
« Après deux ans de crise de direction, Didier Laurent a su redonner confiance aux agents », insiste le président de la Sacoviv. Si l’affaire du licenciement de l’ancien directeur suit son cours aux Prud’hommes, les risques psycho-sociaux relevés par un médecin du travail semblent en revanche s’être estompés : « Seuls 3 ou 4 agents sont suivis à la demande du médecin, mais pour d’autres raisons. »
Autre chambardement en vue, le déménagement en 2016 dans l’immeuble Miroir, dont la construction est lancée boulevard Ambroise-Croizat. Explications : « Rue Emile-Zola, la Sacoviv est locataire d’une société privée. La SEM étant propriétaire d’une partie du foncier du « Miroir », elle l’a cédé au promoteur. Ce qui lui permettra d’être dans une dizaine d’années propriétaire de ses locaux sans avoir dépensé plus qu’aujourd’hui en loyers. »
Et pourtant, la Sacoviv aura-t-elle un avenir, dans le pôle de logement social de la Métropole de Lyon ? « Je ne vois pas en quoi la Métropole obligerait à fusionner les offices, rétorque Pierre-Alain Millet. Et que peut-on savoir aujourd’hui du pacte de cohérence qui sera adopté au conseil métropolitain, en juillet 2015 ? La seule question posée est que la Sacoviv reste un acteur du logement social de proximité, répondant aux besoins de la Ville et de ses locataires. »