2014 commence mal pour Renault Trucks. Fin février, la publication des résultats commerciaux de 2013 montrait une baisse des ventes de 16,5 % par rapport à l’année précédente, alors même que la marque a entièrement renouvelé sa gamme de véhicules. Trois jours plus tard, lors d’un Comité central d’entreprise (CCE), le groupe AB Volvo, propriétaire du constructeur français depuis le début des années 2000, présentait un plan de 508 suppressions d’emplois sur le territoire national visant à “maîtriser les coûts et restaurer la compétitivité.”
Le processus d’information et de consultation des instances représentatives du personnel doit se poursuivre ce mercredi 19 mars à Vénissieux, à l’occasion d’un nouveau CCE. Les syndicats (CGT, CFDT, SUD, CFE-CGC) ont prévu une journée d’action commune. Tous dénoncent à des degrés divers ce plan de suppressions d’emplois. La répartition des postes reste à préciser, mais il est certain que l’établissement de Lyon (qui rassemble les sites de Saint-Priest et Vénissieux) paiera le plus lourd tribut avec une perte d’environ 320 emplois, tandis que l’usine normande de Blainville en perdrait 120 et celle de Bourg-en-Bresse une soixantaine.
Volvo a annoncé que ni les ouvriers de production ni le réseau commercial ne seront touchés. Seuls les cols blancs sont concernés. Le groupe suédois a également précisé vouloir “limiter le nombre de départs contraints”, en privilégiant des solutions alternatives (départs volontaires, mobilité…). L’opposition des syndicats n’en est pas moins forte.
La CGT, de loin la plus critique, indique que ce ne sont pas 508 mais 1300 emplois qui sont menacés si l’on prend en compte les travailleurs précaires et les consultants. Le syndicat, majoritaire chez les ouvriers, observe que toutes les catégories de personnel sont concernées, contrairement à ce qu’affirme la direction. “La main-d’œuvre indirecte qui s’occupe de l’outillage, de la maintenance, de la logistique et des magasins est également touchée”, souligne Frédéric Panetié, secrétaire général. Mais la CGT est d’abord critique sur le fond. Elle parle de “licenciements boursiers” et accuse Volvo de “répondre aux exigences portées les actionnaires du groupe, qui attendent une hausse importante de la rentabilité”.
Perte de matière grise
Sans aller jusqu’à parler de cadeau aux actionnaires, la CFDT constate que “dans les documents qui nous ont été transmis, rien n’est justifié économiquement parlant”. Tony Louis, le délégué central, estime en outre que “ce plan de suppressions d’emplois ne peut pas plus mal tomber dans la mesure où le renouvellement de la gamme n’est pas complètement finalisé techniquement”. Il se dit “inquiet de voir partir la matière grise dans une phase aussi cruciale pour l’avenir de l’entreprise”, et dénonce “les risques psychosociaux induits par ces pertes d’emplois sur le personnel restant, qui va devoir absorber la charge de travail”.
La CFE-CGC est plus compréhensive sur la décision de cesser la collaboration avec les consultants externes qui ont travaillé sur le renouvellement de la gamme. Elle consent aussi qu’il faille reconsidérer en interne la façon de travailler pour gagner en efficacité. Mais l’organisation la plus représentative chez les cadres ne donne pas un blanc-seing à la direction. Loin s’en faut. “D’abord nous exigeons que tous les départs soient volontaires, souligne Éric Freyburger, secrétaire du syndicat au CCE. Ensuite, nous doutons fortement que la totalité des suppressions de postes annoncées soient justifiées d’un strict point de vue managérial. Nous serons d’autant plus attentifs que les carnets de commande se sont bien remplis en janvier et février. La nouvelle gamme commence à produire ses effets.”
La direction elle-même n’a-t-elle pas annoncé fin février qu’elle tablait sur un rebond de ses ventes en 2014, après une année 2013 qualifiée “de transition” ?