En augmentant les primes de licenciement, Arcole Industries, candidat à la reprise de Mory Ducros, a eu raison des grèves lancées en début de semaine, notamment à Vénissieux et Saint-Priest. Mais l’emploi est en berne.
En grève depuis lundi dernier, les salariés des sites Mory Ducros de Vénissieux et Saint-Priest ont été parmi les derniers, jeudi, en fin d’après-midi, à stopper leur mouvement. Ils n’avaient pas vraiment d’autre choix : plus tôt dans la journée, la totalité des syndicats du transporteur (à l’exception de la CGT) avait en effet avalisé la nouvelle version du plan de reprise d’Arcole Industries, négocié jusque tard dans la nuit de mercredi à jeudi avec le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.
Le repreneur a amélioré son offre sur plusieurs points. Il s’est engagé à conserver quelques dizaines de salariés supplémentaires, mais a surtout revu à la hausse l’enveloppe dédiée aux indemnités supra-légales de licenciement, qui passe de 21 à 30 millions d’euros. Chaque salarié licencié pourrait donc recevoir 10 000 euros en moyenne. Le prix de la résignation.
Les conséquences sur l’emploi n’en restent pas moins catastrophiques. Sur les 5000 salariés du groupe, ils ne seront que 2210 au final à garder leur poste. Le site de Vénissieux, voué à la fermeture, est particulièrement touché : sur 168 salariés, seulement 27 se sont vus proposer un reclassement sur le site voisin de Saint-Priest, qui échappe pour sa part à la fermeture mais perd 46 emplois sur 103. Localement, ce sont donc 187 emplois qui vont passer à la trappe.
L’Union locale CGT s’est élevée contre ce nouveau coup porté à l’emploi. “Nous n’acceptons pas les licenciements secs, déclare François Marques, secrétaire général de l’UL. Le gouvernement peut exiger des repreneurs qu’aucun site ne ferme. L’activité de fret à Vénissieux est considérable.”
Le sénateur du Rhône Guy Fischer (PCF), qui est allé soutenir les grévistes mercredi — le maire de Vénissieux, Michèle Picard, en a fait de même — dénonce également cette situation : “Dans la situation actuelle de l’emploi, quel gouvernement digne de ce nom peut-il se satisfaire de colmater quelques brèches, de sauver une poignée d’emplois ?”, interroge-t-il. (…) Finalement, l’histoire se répète toujours : aux actionnaires les dividendes, aux salariés les bas salaires et le chômage. Cela ne peut plus durer.”