À ceux de ses amis qui lui soufflent qu’il pourrait refuser les honneurs de l’État — d’autres que lui l’ont fait dans le milieu culturel —, Thierry rétorque qu’il vient d’un milieu populaire : « Je fais partie de la dernière génération ayant bénéficié de l’ascenseur social. Il est normal d’accepter cette médaille, pour sa valeur symbolique. »
Une manière de remercier, à travers lui, les actions pour la langue française menées par l’Espace Pandora, qu’il a créé à Vénissieux avec quelques amis. « On a tenu les engagements que nous avions pris, et gardé une implication locale, tout en nous tournant vers l’extérieur. Nous avons essayé de mettre la barre haut avec les écrivains invités ou publiés et avons toujours travaillé du côté de l’émergence. » Quant au volet éditorial, Thierry souligne qu’en 2015, cela fera 30 ans qu’il résiste aux vents et aux marées.
De l’hôtel de ville de Vénissieux, où lui ont été remis les insignes de chevalier le 4 décembre 2008, au siège de la Drac où il recevra ceux d’officier, Thierry insiste sur la symbolique des lieux : « Vénissieux et la Drac sont nos partenaires historiques. Partout, je revendique l’appartenance à Vénissieux. En matière de politique culturelle, quelque chose s’invente ici. »
On se souvient de l’étonnement de Bernard Pivot sur le plateau d' »Apostrophes », où il avait invité le jeune éditeur, quand Thierry Renard avait déclaré ne pas chercher à s’installer professionnellement à Paris, préférant rester à Vénissieux.
Thierry revient sur ce qu’il appelle son « côté naïf » : « Je me suis toujours senti investi d’une mission. Pandora est devenu une sorte de service public du livre et de la lecture. Celle-ci contribue à une meilleure maîtrise de la langue et favorise l’épanouissement intellectuel. Le changement ne s’opère que sur des individus mais proposer des ateliers d’écriture à des personnes éloignées de la poésie est une mission importante et d’intérêt général que l’on s’était fixée à quelques-uns il y a trente ans, en invitant des poètes et des écrivains à Vénissieux. »
Il évoque ainsi la première fois où une lecture de poésie s’est faite en dehors des locaux de Pandora, de la médiathèque, du théâtre ou du cinéma : au café du Vieux-Bourg. Et les auteurs qu’il a conviés dans sa ville ou qu’il a édités, à Parole d’Aube puis à La passe du vent. Pêle-mêle Charles Juliet, Jean-Pierre Siméon, André Velter, Andrée Chedid, Lionel Bourg ou Dany Laferrière, qui vient d’être élu à l’Académie française, et de qui La passe du vent tient son nom. Ou encore Brigitte Giraud, première lauréate du concours « Quelles nouvelles ? » qui mène aujourd’hui une œuvre significative et est devenue directrice de collection chez Stock.
« Je voulais désacraliser l’écrivain. On a envie de prendre en photo les footballeurs, de les toucher, pourquoi ce ne serait pas vrai des écrivains ? Avec la résidence littéraire mise en place avec l’aide de la Ville, la boucle est bouclée : on demande à l’écrivain choisi non seulement de lire ses textes et participer à des ateliers d’écriture mais de devenir citoyen de la commune pendant quelques mois. La résidence, ce n’est pas un type qui s’installe ici trois mois pour terminer son roman policier ! »
L’Espace Pandora envisage à présent de déménager. En concertation avec la Ville, l’équipe aimerait ouvrir un nouveau lieu avec les mêmes missions (volets associatif et éditorial), qui permettrait d’intégrer une librairie.
Actus
Thierry Renard officier des Arts et des Lettres
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