Sports

Mélina Robert-Michon, le tube de l'été

Avant d’honorer deux nouveaux rendez-vous à Bruxelles et en Italie, la vice-championne du monde du lancer de disque s’est entraînée, mercredi 4 septembre, à Parilly. Interview, aux côtés de son entraîneur Serge Debié.

Pas de trêve pour Mélina ! Avant d’honorer deux nouveaux rendez-vous à Bruxelles, pour la finale de la Ligue de diamant, et à Riéti (Italie), la championne s’est une nouvelle fois entraînée, mercredi 4 septembre, au stade du Rhône. Aux côtés de son entraîneur Serge Debié, elle évoque pour « Expressions » sa discipline, son exploit aux championnats du monde de Moscou et son avenir.

SA MÉDAILLE D’ARGENT AU MONDIAL D’ATHLETISME
“Après ma 5e place aux JO de Londres, l’an dernier, j’avais dit que je voulais obtenir un podium à Moscou. Il n’y avait pas grand-monde pour y croire vraiment mais je savais ce que je voulais. Même ma mère m’a dit : “Quand tu parles de podium, dans les interviews, ça me fait peur. » Et voilà, c’est fait ! J’ai l’impression de ne plus toucher terre.”
Belle surprise que cette médaille. En effet, Mélina qui n’avait pas lancé plus loin que 63,75 m cette année, a réussi à passer deux fois de suite les 65 mètres avant de battre le record de France lors de sa dernière tentative avec un jet à 66,28 m.

SA PRÉPARATION PHYSIQUE
“Depuis que j’avais pris la décision de faire une performance à Moscou, ma préparation a été très intensive au stade du Rhône, à Vénissieux. J’en avais fait de même après la naissance de ma fille Elyssa, le 24 août 2010. J’avais en tête les J.O. de Londres bien évidemment. Cette fois, consciente qu’il ne m’avait pas manqué grand-chose à Londres (5e, puis 4e après le déclassement d’une athlète contrôlée positive aux anabolisants), j’ai tout donné pour être prête. Avec Serge Debié, mon entraîneur, on a fait du bon boulot.”

SA MÉDIATISATION
“Je sais que les projecteurs ne vont pas rester sur moi pendant une éternité, aussi j’en profite pour faire passer des messages ! C’est maintenant qu’il faut parler de ma discipline qui, comme tous les lancers (disque, poids, marteau, javelot…) souffre d’un manque de reconnaissance, même en France où l’on privilégie le sprint, le demi-fond…”
Peu après sa performance, Mélina avait déclaré devant les caméras, à Moscou : “Les gens ne peuvent pas apprécier ce qu’ils ne connaissent pas ou ne voient pas. Moi, j’ai toujours dit que le meilleur coup de projecteur qu’on peut mettre sur une discipline, c’est par les résultats. Il y a des talents, des potentiels. Il faut juste qu’on nous aide un peu. Former des lanceurs, c’est long, j’en suis la preuve. J’espère que ça va donner des idées. »

LA DÉCOUVERTE DU LANCER DU DISQUE
“J’ai toujours aimé le sport, le handball par exemple. Quand j’ai démarré l’athlétisme, près de Bourgoin, je me suis dirigée vers le disque parce que le lancer du poids me paraissait moins technique, plus rudimentaire. La complexité du lancer du disque afin de trouver le geste le plus parfait possible, c’est ce que je recherchais. J’ai eu la chance de rencontrer un très bon entraîneur, Jacques Pelgas. Deux ans plus tard, Serge Bedié le Berjallien, entraîneur en lancers, prenait la suite.”

SON AVENIR
“Il y a les championnats d’Europe, en 2014. Et les J.O. de Rio en 2016. Mais je n’ai pas encore pris de décision concernant ma participation. Vous savez, je vis à Villeurbanne avec mon compagnon, Loïc Fournet, un bon discobole français, je m’entraîne à Vénissieux et je viens de me lancer dans une formation de kinésithérapeute. Alors, c’est difficile d’être catégorique. Jusqu’à présent, je bénéficiais d’une convention d’athlète de haut niveau avec la fédération, pas si évident à renouveler puisqu’une des conditions est de finir dans le top 12 mondial chaque année.”

L’AVIS DE SERGE DEBIÉ, SON ENTRAÎNEUR
“Cette médaille et ses répercussions, Mélina les mérite vraiment. Moi, je la conseille et je l’entraîne depuis 1997. Avant, c’était Jacques Pelgas qui le faisait, un grand bonhomme. Dès qu’elle a su que le lancer du disque était la discipline qui lui convenait le mieux, elle n’a pas cessé de s’entraîner, de progresser, tout en restant une femme tranquille qui sait ce qu’elle veut.
« Sa trajectoire le montre. En 2002, elle quitte son petit club près de Bourgoin pour Lyon. L’entraîneur national lui avait pourtant proposé de s’entraîner à l’INSEP, à Paris, afin de bénéficier d’un environnement de haut niveau. Mais pas question pour elle de s’éloigner de son environnement rhônalpin, de sa famille qui réside à Colombe, en Isère. Quand elle a rencontré son compagnon qui lui, était à l’INSEP, elle a même réussi à lui faire faire le chemin inverse ! Mélina est très famille.
 « Sa performance à Moscou, c’est le travail d’une quinzaine d’années qui paie. À Parilly, elle a ses habitudes. Elle arrive, passe directement à sa séance technique, sans échauffement particulier. Il faut savoir que le lancer du disque se réalise en une seconde et demie. Comme les pianistes qui n’ont pas besoin d’aller faire un footing avant de jouer, elle entre tout de suite dans le vif du sujet. À l’entraînement, elle ne lance pas un disque mais une barre un peu plus lourde (1,250 kg et même 1,5 kg en hiver) pour travailler la gestuelle…
« Elle a du mérite d’être parvenue à ce niveau. En France, les lancers ne sont pas considérés à leur juste valeur, ce sont les mal aimés de l’athlé, on préfère les courses…
« Jusqu’à présent, Mélina travaillait à mi-temps pour l’armée de terre. Avec son statut d’athlète de haut niveau, elle a signé une convention avec la Fédération. Elle touche 1400 euros par mois… Et encore, il faut qu’elle soit classée dans les douze meilleures discoboles mondiales pour être reconduite.
« Sera-t-elle à Rio dans trois ans ? C’est encore trop tôt pour le dire.”

MÉLINA ROBERT-MICHON DIGEST

Naissance : 18 juillet 1979 à Voiron
Club : Lyon Athlétisme
Entraîneur, et préparateur physique : Serge Debié, et Jérôme Simian

Palmarès

2013 : 2e en Coupe d’Europe hivernale des lancers à Castellón de la Plana (61,26 m), victorieuse aux championnats d’Europe par équipes à Gateshead (63,75 m), 2e aux championnats du Monde à Moscou (66,28 m)
2012 : 6e aux jeux Olympiques de Londres (63,98 m) et 6e aux championnats d’Europe d’Helsinki (60,41 m)
2009 : victorieuse aux Jeux méditerranéens de Pescara et 8e aux championnats du Monde de Berlin (60,92 m)
2008 : 8e aux jeux Olympiques deà Pékin (60,66 m)
2007 : 11e aux championnats du Monde d’Osaka (57,81 m)
2003 : 11e aux championnats du Monde de Paris (58,52 m)
2002 : 12e aux championnats d’Europe de Munich (54,92 m)
2001 : 3e aux Universiades de Pékin, victorieuse des championnats d’Europe espoirs d’Amsterdam
1998 : 2e aux championnats du Monde juniors d’Annecy
– Détentrice du record de France du lancer du disque, depuis les Mondiaux de cet été à Moscou : 66,28 m

– 13 fois championne de France du lancer du disque : 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2011, 2012 et 2013 (en raison de sa maternité, elle n’a pas participé aux championnats de France en 2010).

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