« Je nationalise le public. Vous allez tous être Comoriens pour trois minutes ! » Et si c’était cette phrase, captée lors de la belle prestation d’Imany, ce 12 juillet à Fêtes escales, qui résumait le mieux l’esprit du festival ? Le partage n’est pas un vain mot lorsque, devant un artiste, des milliers de bras se lèvent, qu’ils soient fins, musclés ou flappis et quelle qu’en soit la couleur.
Lorsque des milliers de bouches reprennent les mots lancés depuis la scène. Puisque la caravane de Benedetto Bufalino trônait dans le ciel vénissian et nous incitait aux voyages, oui, nous avons tous été Comoriens avec Imany, tous Sénégalais avec Ibrahima Cissokho, tous Arabes avec Bassma, tous Israéliens avec Riff Cohen, tous Jamaïcains avec Winston McAnuff et ces mélanges arrivaient jusque sur la scène. Même s’il transformait « Nathalie » en bluegrass, avec banjo et mandoline, Sanseverino devenait Bécaud. Riff Cohen s’est attaquée au « Bambino » de Dalida et le public a chanté avec elle. Imany, avec sa reprise de « Bohemian Rhapsody », était aussi écoutée que Freddy Mercury et quand elle s’est lancée dans « Mercedes Benz », elle n’a sans doute pas fait oublier Janis Joplin mais nous a communiqué un véritable plaisir.
Le plaisir est l’un des autres maîtres-mots de Fêtes escales. Plaisir d’écouter du rock, de la world music, du hip-hop, de la fusion ou du classique, de voir parfois s’interpénétrer ces différents styles musicaux. Plaisir de reconnaître des airs connus ou de découvrir des mélodies. Crise oblige, le festival a semblé adopter un mode mineur avec la grande scène qui n’a servi que deux soirs sur quatre. Qu’importe puisque la musique était bonne !