Renault Trucks avait annoncé une “R/Evolution”. Il n’a pas menti. Qu’un constructeur renouvelle simultanément l’ensemble de ses véhicules est déjà exceptionnel. Qu’il le fasse en pleine crise lors d’un show digne des grandes productions hollywoodiennes l’est encore plus. Surtout que l’on était habitué à plus de discrétion de la part de la marque au losange.
Quelque 5000 personnes (clients, journalistes, membres du réseau) venues du monde entier ont assisté à l’événement le 11 juin à Eurexpo. Dans une ambiance qui tenait tout à la fois du concert, de la projection sur écran géant, du spectacle de danse, du talk-show et du défilé de mode, le constructeur lyonnais a sorti le grand jeu pour faire de ses camions de véritables stars.
Il faut dire que les enjeux sont colossaux. Dans un marché du poids lourd déprimé, Renault Trucks fait le pari de tout changer d’un coup. Le groupe Volvo, propriétaire de la marque depuis 2002, a investi la bagatelle de deux milliards d’euros dans cette “R/Evolution”. Sept ans de développement ont été nécessaires. 5000 personnes se sont impliquées dans le projet. 5 millions d’heures de test ont été effectuées sur les bancs d’essais. Et 10 millions de kilomètres parcourus sur les routes.
La nouvelle gamme se compose de quatre familles de véhicules : T pour longue distance, C et K pour construction et D pour distribution. Tous les camions sont équipés de moteurs qui répondent d’ores et déjà à la norme Euro 6 (applicable au 1er janvier 2014). Le T, nouveau vaisseau amiral de la flotte, remplace à la fois le Magnum et le Midlum. Il est censé réunir le confort et le prestige du premier et l’efficacité et la frugalité du second. Esthétiquement, cela se traduit par un design audacieux dont les éléments forts sont un pare-brise incliné à 12° et une énorme calandre trapézoïdale. Une consommation en baisse de 5 % est annoncée par rapport à la génération précédente.
“Centre de profit”
Une cinquantaine de clients internationaux ont été associés au développement des produits. Renault Trucks entend leur “fournir un outil parfait, fiable et performant qui leur permettra de maîtriser leurs coûts”. Le constructeur affirme qu’un camion aujourd’hui doit être “un centre de profit qui ne doit jamais laisser tomber son client, protéger son activité et rendre fiers ses conducteurs”. Il s’agit d’ « optimiser le coût total de possession”, a souligné le PDG, Bruno Blin.
Au-delà d’un design flatteur et des promesses de robustesse et de rentabilité, une attention particulière a été portée à l’amélioration du service avec un réseau de distributeurs et de réparateurs en augmentation de 30 à 40 %. “Ce n’est pas seulement une nouvelle gamme que nous lançons, mais une nouvelle organisation”, a déclaré Bernard Modat, directeur de la marque.
Malgré les incertitudes économiques, Renault Trucks a donc fait le choix de prendre la crise à contre-pied. “Ce n’est qu’un point de départ, a promis Olof Persson, président du groupe Volvo. Notre groupe a l’ambition de devenir le n° 1 mondial des fabricants de poids lourds, et nous allons continuer à développer la marque Renault Trucks qui a un gros potentiel de croissance.” Voilà un engagement dont on ne se plaindra pas dans la région, en particulier à Vénissieux et Saint-Priest où l’héritier de Berliet emploie quelque 5000 salariés.