Autant dire que, de renoncement en renoncement, Windhager ne risque pas grand-chose à ne pas tenir ses promesses. Au moment de l’acquisition de Veninov, il y a un an, le groupe n’avait-il pas promis le redémarrage de l’activité industrielle fin 2012 et l’embauche de quarante à cinquante salariés ? À l’issue de l’audience en référé du 19 février, le tribunal lui avait d’ailleurs donné jusqu’au 19 avril pour mettre en œuvre ces engagements.
Ces promesses de 2012, le mandataire judiciaire demandait qu’elles soient tenues. Mais le tribunal a estimé que si Me Sénéchal souhaite poursuivre la contestation des conditions de reprise, il lui faudra lancer une nouvelle procédure sur le fond. Me Sénéchal craignait de plus que le repreneur ne tente de délocaliser aux Pays-Bas la production de toiles cirées. Des accusations réfutées par le groupe autrichien, et sur lesquelles le tribunal ne s’est pas prononcé.
“Notre satisfaction, c’est l’obligation faite à Windhager d’engager vingt personnes, en priorité parmi les anciens de Veninov, commentait vendredi Stéphane Navarro, ex-délégué syndical non embauché. Après, il s’agit de l’application d’un plan dont on ne voulait pas à la base. Mais, si c’est tout ce que nous pouvons obtenir, alors il faudra s’en contenter…”
Rappelons que selon les plans de Windhager, l’effectif pourrait —en fonction des commandes— être porté à 30 emplois en septembre 2013, puis 50 en septembre 2014. Une machine de production devrait arriver de l’usine de Boekelo (Pays-Bas) avant l’été.
Le même jour que l’audience à Nanterre, un rassemblement était organisé dans la cour du gymnase du CRES, face à l’usine où l’activité a repris le 14 mai. Il s’agissait pour le comité de soutien aux Veninov de remettre aux anciens salariés la recette de la paella solidaire organisée début avril, soit 1 538 euros. Quelque 300 personnes avaient participé à cette soirée. “Il faut se féliciter de cette bataille qui a permis de faire reculer un fonds de pension, de sauver l’entreprise et de faire redémarrer la production, même si nous aurions préféré préserver davantage d’emplois et même si des doutes subsistent sur les intentions des dirigeants de Windhager, déclarait Serge Truscello, secrétaire de la section du PCF de Vénissieux. Il n’est en revanche pas admissible que les délégués syndicaux de la CGT n’aient pas tous été réembauchés.”
Pour Michèle Picard, le maire de Vénissieux, si le redémarrage a minima n’est pas à la hauteur de la bataille menée, il est cependant à mettre aussi au crédit de la solidarité, qui ne s’est jamais démentie autour des Veninov. Michèle Picard appelait également à “rester mobilisés dans le cadre du comité de soutien”. Ce comité devrait en effet être pérennisé afin de devenir un “outil d’alerte sociale pour toutes les entreprises de Vénissieux en proie à des difficultés”. Le maire s’indignait aussi du refus de Windhager d’embaucher plusieurs délégués CGT, Eric Kurtz (directeur de la nouvelle société Vénilia France) arguant d’un “manque de motivation” de leur part. « C’est un comble, estimait le maire. Quand on sait l’énergie qu’ils ont déployée et le temps qu’ils ont passé pour sauver leur usine…”
Une cérémonie pour mettre à l’honneur les délégués syndicaux de Veninov devrait être organisée d’ici à juillet à l’hôtel de ville. Ils recevront à cette occasion la médaille d’honneur de la Ville de Vénissieux.