Le conseil municipal a autorisé lundi le groupe Carso, l’un des leaders français de la prestation analytique, à engager les démarches en vue de son installation sur le parc d’activités économiques du Couloud. 550 salariés sont attendus.
Quelque 1 600 collaborateurs, des implantations dans le monde entier, un chiffre d’affaires annuel de 130 millions d’euros, une centaine de recrutements par an : le groupe Carso est assurément une très belle “prise” pour la Ville de Vénissieux.
Spécialiste des prestations analytiques (contrôles de la qualité de l’eau et de l’environnement, tests de sécurité alimentaire, analyses cosmétiques et pharmaceutiques…), Carso est actuellement implanté sur plusieurs sites dans l’agglomération lyonnaise. Il va tous les rassembler à Vénissieux, dans deux bâtiments qui occuperont 10 000 m2, soit près du tiers de la surface globale du parc d’activités du Couloud situé au sud de la Zone franche urbaine (ZFU) des Minguettes, à proximité du groupe hospitalier mutualiste. Depuis son lancement à la fin des années deux mille — au pire moment puisque cela coïncidait avec le déclenchement de la crise économique et financière — ce parc à vocation médicale n’était pas parvenu à attirer la moindre entreprise.
“C’est une très bonne nouvelle”, s’est félicité le maire, après que le conseil municipal eut approuvé lundi, à l’unanimité, l’autorisation donnée au groupe Carso d’engager les démarches nécessaires à son implantation. “Fin 2014-début 2015, 550 salariés seront rassemblés à Vénissieux. Dans les prochaines années, l’objectif d’atteindre 700 salariés paraît envisageable par la direction, a précisé Michèle Picard. Il y aura des opportunités à saisir en termes d’emplois qualifiés bac + 2, de stages formateurs, de passerelles entre le monde professionnel, l’univers médical et les jeunes générations. (…) Cette arrivée ouvre aussi un débat que je crois légitime dans la troisième ville du département : la présence logique à terme d’un 3e cycle universitaire à Vénissieux.”
Le groupe socialiste, par la voix de Jeff Ariagno, y voit pour sa part “l’opportunité de créer au sein du futur lycée Jacques-Brel une filière d’excellence. Ainsi des Vénissians seraient formés sur place, bénéficieraient des savoir-faire et des techniques de l’entreprise et apporteraient à leur tour leur vision et leurs compétences. Ce serait un vrai projet gagnant-gagnant.”
Pour le groupe des élus communistes et apparentés, Henri Thivillier a salué “les efforts des différents services de la Ville et l’engagement personnel du maire” pour convaincre Carso de faire le choix vénissian.
Le deuxième gros dossier de la séance du 13 mai portait sur la construction d’un groupe scolaire supplémentaire au centre-ville (lire notre article ci-contre, en page 4). Là aussi l’unanimité a prévalu. L’élu d’opposition Maurice Iacovella (Rassemblement des Vénissians), toujours prompt à intervenir sur la question des effectifs scolaires, s’est néanmoins inquiété de la date de livraison des bâtiments, prévue en 2016 : “Comment pensez-vous faire face aux besoins des trois ou quatre prochaines années ?” Christian Falconnet, adjoint en charge de l’Éducation (PCF), l’a assuré que “les effectifs pourront être absorbés jusque-là”. Thierry Vignaud (MRC) s’est également dit préoccupé des projections démographiques, évaluant à 71 000 le nombre de Vénissians en 2018. Le maire s’est inscrit en faux contre cette prévision : “10 000 habitants supplémentaires en quatre ans… il n’en est pas question !”
La Sacoviv au centre des débats
Curieusement, c’est un rapport purement administratif concernant le transfert de propriété de la résidence pour personnes âgées Henri-Raynaud de la Sacoviv à la Ville qui aura suscité les débats les plus vifs. Ce transfert était prévu par une convention datant de… 1967. Mais tout ce qui touche à la Sacoviv depuis plusieurs mois est sujet à polémiques. Entre le malaise exprimé par certains salariés, le rapport critique de la Miilos (Mission interministérielle d’inspection du logement social) ou plus récemment les inquiétudes exprimées par les locataires du Monery à la suite d’une série d’incendies criminels — locataires qui étaient du reste présents à l’ouverture de la séance pour demander une entrevue au maire — la Société anonyme de construction de la Ville de Vénissieux se trouve aujourd’hui placée au cœur du “jeu” politique local, dans la perspective évidemment des municipales de 2014. L’élu divers droite Christophe Girard, en particulier, en a fait son cheval de bataille. Lundi, il n’a pas manqué de pointer une nouvelle fois “les dysfonctionnements dans le management et la gestion de la Sacoviv”, attaquant même personnellement Michèle Picard pour ce qu’il estime être son “légendaire mépris de la personne humaine”. Laquelle en retour a accusé l’élu ex-villiériste de “mauvaise foi”. Elle précisait que les locataires reçus avant l’ouverture du conseil étaient venus demander deux choses : “une entrevue avec le maire, mais aussi l’arrêt de la récupération politique.” “Le problème de fond au Monery relève de la sécurité, ajoutait Michèle Picard. C’est d’abord la responsabilité de la police. Je veux bien porter beaucoup de sacs à dos mais pas celui-là. Arrêtons de confondre les rôles. Cela dit, je recevrai bientôt cette délégation de locataires.”
Évelyne Ébersviller, adjointe aux finances (PCF), par ailleurs présidente de la Sacoviv, n’a pas caché “des difficultés comme en connaissent tous les autres bailleurs”, mais a également réaffirmé la volonté de la Sacoviv de “demeurer un acteur majeur du logement social à Vénissieux”.
À noter également l’intervention de Samia Hamdiken-Ledésert, qui s’est désolidarisée de son groupe socialiste en refusant de prendre part au vote, au motif que “le transfert de propriété de la résidence Henri-Raynaud risque de fragiliser encore davantage la Sacoviv”. Un autre socialiste, Mokrane Kessi, s’est abstenu. Tout comme Maurice Iacovella et Christophe Girard dans l’opposition. Enfin Saliha Mertani (Vénissieux Respect d’avenir) a voté contre car “la charge des élus quant à la gestion de la commune est assez grande sans qu’il faille rajouter celle de bailleurs d’un foyer-logement”.
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