Dès 2014 Bosch se retirera totalement de l’activité photovoltaïque. Le sort du site de Vénissieux est suspendu à l’arrivée d’un hypothétique repreneur.
Les informations fournies par les syndicalistes allemands d’IG Metall à leurs collègues français de la CGT étaient donc justes : Bosch va se retirer complètement des activités solaires au début de l’année 2014.
La décision a été entérinée ce vendredi en début d’après-midi par le conseil de surveillance du groupe, et répercutée à 15 heures par Guy Maugis, président de Bosch France, aux quelque 220 salariés de Vénissieux qui travaillent à l’assemblage de panneaux photovoltaïques.
Cette décision est motivée, explique la direction, “par le manque de compétitivité dans un marché mondial en surcapacité”. L’activité de Bosch Solar Energy a généré des pertes d’environ 1 milliard d’euros en 2012. Les pertes cumulées atteignent 2,4 milliards sur ces dernières années. “Nous avons envisagé tous les scénarios alternatifs possibles, a précisé Guy Maugis, mais nous n’avons pas pu faire face à à une baisse des prix de vente de l’ordre de 40 % chaque année.” Et d’ajouter : “Même pour un groupe de notre taille, des pertes aussi importantes sont insupportables. Elles risqueraient à terme de mettre en danger la pérennité de l’ensemble de l’entreprise.”
Dans l’immédiat, ce sont les quelque 3000 salariés de la branche solaire qui sont en danger : 2800 répartis sur trois sites en Allemagne, et 220 donc sur celui de Vénissieux. “Nous avons conscience qu’une période difficile d’incertitude commence pour les collaborateurs français, a poursuivi Guy Maugis. Dans ce contexte, notre priorité est la recherche d’une solution pérennisant un maximum d’emplois.”
En clair, Bosch cherche un repreneur pour les deux chaînes d’assemblage du site du boulevard Marcel-Sembat, construites en 2011 et 2012 pour un coût de 25 millions d’euros. L’activité se poursuivrait jusqu’à la fin de l’année 2013. Mais dès 2014, si aucun repreneur ne s’est présenté, elles fermeront. “C’est un scénario que je n’envisage pas, a assuré le président de Bosch France. Je ne doute pas que les compétences de nos collaborateurs, leur professionnalisme et l’engagement dont ils ont fait preuve ces dernières années ne sauraient manquer de susciter l’intérêt de repreneurs potentiels.” Quelques contacts auraient été pris, en liaison avec le ministère du Redressement productif, mais Guy Maugis s’est refusé à avancer des noms. Eu égard à la crise qui frappe le secteur du photovoltaïque, on peut néanmoins douter avec raison de l’éventualité d’une reprise dans le courant de l’année 2013.
Du côté des syndicats, les réactions sont contrastées. La CFDT croit en un redémarrage. Elle rappelle les atouts du site de Vénissieux — “un outil flambant neuf au top niveau européen » — et mise sur des décisions du gouvernement favorables au développement de cette filière d’énergie renouvelable. Gouvernement auquel elle demande “l’organisation très rapide d’une table ronde”.
La CGT en revanche ne se satisfait pas de l’annonce de la recherche d’un repreneur. “C’est tirer un peu vite un trait sur la responsabilité de Bosch dans la destruction du potentiel industriel et humain du site de Vénissieux, observe le syndicat. (…) C’est le signe d’un abandon, c’est une solution de dernier ressort. » Et de poursuivre en rappelant que “le groupe Bosch se désengage industriellement depuis de nombreuses années de la France : de plus de 11 000 salariés au début des années 2000 nous sommes passés à 6 800 en 2012. (…). La situation de notre site s’inscrit avant tout dans cette orientation du groupe, qui dans le même temps a développé des unités de productions importantes en Tchéquie, Hongrie ou encore en Turquie.”
La CGT demande donc à Bosch de “chercher en interne dans ses domaines d’activités pour maintenir les emplois sur le site de Vénissieux”.
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