Si elle est maintenue, l’aide alimentaire européenne aux plus démunis va substantiellement diminuer. “Les chefs d’État demandent aux pauvres de sauter un repas sur deux !”, dénoncent les quatre associations qui assurent la distribution en France.
Les quatre associations françaises (Banques alimentaires, Croix-Rouge, Restaurants du Cœur et Secours populaire) qui se sont battues sans relâche pour la poursuite du Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD), sont déçues, préoccupées, et le disent. Dans un communiqué commun, qui fait suite à l’accord budgétaire trouvé par les chefs d’État européens pour la période 2014-2020, elles dénoncent la réduction de l’aide alimentaire européenne. “L’Europe va verser 2,5 milliards pour 28 États contre 3,5 milliards pour vingt États actuellement. La situation sociale en Europe et l’accroissement du nombre de personnes vivant en dessous du seul de pauvreté auraient au contraire justifié une augmentation de l’aide destinée aux Européens les plus fragiles.”
En France, chaque année, l’aide alimentaire européenne permet de distribuer 130 millions de repas à environ 4 millions de personnes. Selon les calculs des associations, la contraction budgétaire pourrait quasiment réduire de moitié le nombre de repas fournis. “Nous nous trouverons devant un choix inhumain : donner moins, à qui et sur quels critères ?”
Le PEAD avait été menacé de disparition en 2011, quand plusieurs pays (notamment l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas) avaient contesté devant la Cour européenne qu’il soit financé sur les budgets de la Politique agricole commune (PAC). Ils demandaient à ce que la prise en charge se fasse au niveau national. La Cour leur avait donné raison, mais un accord avait été trouvé, prolongeant le PEAD de deux ans, jusqu’à fin 2013.
Début 2014, la nouvelle donne budgétaire va donc s’appliquer. “Même si le symbole de la solidarité semble préservé”, les quatre associations demandent aux dirigeants français, à la Commission et au Parlement européen “de s’organiser pour aboutir à un programme cohérent avec les besoins criants de millions d’Européens”.