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Veninov : Windhager sera assigné en référé le 19 février

30 000 euros. C’est, par jour de retard, la somme que pourrait devoir payer le repreneur de Veninov, Windhager – que l’on voit ci-dessus lors d’une visite à Vénissieux en février 2012.

30 000 euros. C’est, par jour de retard, la somme que pourrait devoir payer le repreneur de Veninov, Windhager. Le liquidateur judiciaire, Marc Sénéchal, a en effet décidé d’assigner en référé le groupe autrichien, pour l’obliger à présenter un plan de reprise respectant les ordonnances rendues par le tribunal de commerce de Nanterre le 4 mai 2012. Windhager disposera alors d’un délai, probablement d’un mois, pour tenir ses engagements. Faute de quoi les pénalités financières débuteront. L’audience, annoncée le mercredi 6 février lors d’une réunion du comité de soutien aux Veninov, se tiendra en région parisienne le 19 février au matin.

Cette offensive judiciaire constitue le point d’orgue de l’exaspération des Veninov et de leurs soutiens face à l’inaction du repreneur. Lequel n’a plus guère de crédit aux yeux d’Yves Cormillot, expert du comité d’entreprise pour le cabinet CM&A : “Il est clair que, sauf rebondissement de dernière minute, il convient que le groupe Windhager ne fasse pas plus de mal qu’il en a déjà fait, et qu’il restitue l’ensemble des biens qu’il détient pour qu’un éventuel nouveau repreneur soit recherché, et puisse participer au redémarrage d’une des plus anciennes entreprises de Vénissieux.” Un “trésor historique” que l’expert évalue à “environ 20 millions d’euros”, que Windhager a acquis “pour un prix très modique : 2 millions d’euros pour le tènement industriel, 200 000 euros pour l’outil de travail et 300000 euros pour les marques, soit un total de 2,5 millions d’euros”.

Windhager risque bien de devoir prendre quelques cours de droit français. En plus de l’assignation en référé, le groupe autrichien pourrait être poursuivi par les ex-salariés d’une part, et les collectivités locales d’autre part.

Les Veninov envisagent en effet d’attaquer le repreneur pour “promesse d’embauche non tenue”. La note rendue par Yves Cormillot est explicite à ce sujet. “Avec un peu de recul, mon avis est que les dirigeants de la société Windhager n’ont vraisemblablement jamais eu l’intention de réaliser un véritable projet industriel mainteneur d’emplois. D’ailleurs, un ancien cadre d’Alkor-Venilia, qui a été approché par les dirigeants de Windhager, aurait indiqué que le site de Vénissieux ne les intéressait pas en tant que site de production et qu’ils recherchaient à embaucher quelques salariés, mais en aucun cas parmi ceux ayant occupé le site de Vénissieux.” Si un procès devait avoir lieu, la CGT a d’ores et déjà annoncé son intention de se porter partie civile. Tout comme le serait le comité de soutien aux Veninov, qui pourrait prochainement se transformer en association. “Leur situation est très difficile, a ainsi rappelé le député honoraire du Rhône André Gerin. Certains seront en fin de droit dès le mois d’août…”

Les collectivités locales pourraient également amener Windhager à se présenter devant les tribunaux. Michèle Picard, maire de Vénissieux, a annoncé son intention de déposer un recours au tribunal. “Nous avons mobilisé des fonds publics pour maintenir en état le site industriel, depuis un an et demi. Le Grand Lyon et la Région ayant également apporté une aide financière, je vais demander à Gérard Collomb et Jean-Jack Queyranne d’examiner les moyens de saisir la justice, afin d’obtenir le remboursement des sommes versées.”

Enfin, au cours de cette réunion du comité de soutien à laquelle ont assisté environ cent personnes, un appel “à toutes les forces sociales, syndicales, politiques de Vénissieux et à tous les parlementaires du Rhône” a été lancé. “Nous sommes à un moment charnière, assure André Gerin. On se bat pour une production made in France, Venilia demeure une marque prestigieuse. Il faut montrer que l’abandon industriel n’est pas une fatalité dans ce pays.” Présents dans la salle, Lotfi Ben Khelifa (secrétaire de la section locale du PS) et Christophe Girard (conseiller municipal d’opposition « Terre d’audace, terre d’avenir) ont annoncé se rallier à l’appel lancé par André Gerin et Michèle Picard. Yves Cormillot, quant à lui, doit rencontrer prochainement des salariés d’entreprises susceptibles de reprendre Veninov. Plus que jamais, le combat pour l’avenir de Veninov a manifestement repris.

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