Culture

Fabien Martinand, entre nature et culture

Après avoir enseigné les arts plastiques au lycée Marc-Seguin et dans d’autres établissements, le Vénissian Fabien Martinand se voit consacrer par le Polaris, à Corbas, une rétrospective de quarante années de création.

Après avoir enseigné les arts plastiques au lycée professionnel Marc-Seguin et dans d’autres établissements de la région, le Vénissian Fabien Martinand se voit consacrer par le Polaris, à Corbas, une rétrospective de quarante années de création.
Depuis sa sortie des Beaux-Arts, en 1975, jusqu’à aujourd’hui, Fabien Martinand a traversé bien des périodes. On parle toujours de celles, colorées en bleu ou rose, de Picasso. Celles de Fabien se regroupent par thèmes. Au cours de la conversation, il cite les séries Toile de lin, Les portes, Les petits théâtres, Les supplices, Les brocarts, Les équilibres, Corps météores, Espace vital, etc. Malgré tout, le critique d’art Stani Chaine dit de son ami Martinand qu’il a « toujours enfoncé son clou dans le même sens ».
« Le parcours, le cheminement est plus intéressant qu’une œuvre », affirme l’artiste, qui qualifie déjà 2013 d’année « extraordinaire ». Il explicite : « C’est un grand moment pour ma carrière puisque le Polaris de Corbas m’offre une rétrospective de 40 ans, « Entre autrefois et aujourd’hui », ainsi qu’un livre, « De chair et d’azur ». Je n’en avais même pas rêvé, tant cela me paraissait incroyable. Toute ma carrière, avec des textes et beaucoup d’images, y est reconstituée. Il est en vente (48 euros) mais on pourra également en acquérir un exemplaire tiré d’une série spéciale sous coffret avec une peinture originale, pour 250 euros. Quarante originaux seront ainsi proposés le soir du vernissage, le 31 janvier, et l’on pourra choisir lequel on veut avec le coffret. 2013 est en outre l’année où je prends ma retraite d’enseignant de l’Éducation nationale. Cela se fera en février. Mais je garde la direction de l’école d’arts plastiques de Corbas, « Les ateliers Kandinsky », qui sont basés au Polaris. »
Fabien est à l’origine de ces ateliers, fondés il y a trente-deux ans à Corbas. « J’ai démarré avec huit petites dames désireuses de faire de la peinture sur soie. Je l’ai apprise en même temps que je l’enseignais. »
L’enseignement est ancré en lui. Il a été professeur d’arts plastiques au lycée Marc-Seguin, à Vénissieux, pendant dix-neuf ans. Les réformes, qui ont réduit les cours d’art de 6 à 3 heures, lui ont « pris le chou ». « J’ai atterri au lycée de l’Automobile à Bron et, depuis trois ans, j’étais en complément de service. » Autant dire qu’à 62 ans, Fabien est content de poser ses pinceaux professionnels.
« Sans le partage, on n’est rien, assure-t-il encore. J’ai beaucoup aimé le tennis, le ski, l’art et j’ai partagé mes passions. À chaque fois, j’ai été professeur ou moniteur. J’enseigne encore le ski aux vacances de février, à La Toussuire, pour rester en contact avec la montagne, ma grande passion d’adolescent. »
Une pratique qui n’est pas si éloignée de son art : « Quand tu fais du hors piste, tu laisses ta trace dans la neige. Cette dimension esthétique est inscrite dans l’homme. C’est comme sur la feuille de papier. »
Dans l’atelier qu’il occupe depuis 2000 sur les pentes de la Croix-Rousse, les tableaux sont nombreux, preuves de sa très grande activité (auparavant, il était installé place de la Paix, à côté de l’Espace Pandora, ce qui était plus logique pour ce Vénissian qui a toujours habité au Moulin-à-Vent, du côté de Ludovic-Bonin, depuis les années quatre-vingts). Il s’en excuse presque : « Je suis un hyperactif, j’ai toujours plusieurs fers au feu. Je n’en suis pas responsable, j’ai un spoutnik dans le cul. Enfin, tu ne l’écriras pas comme ça ! »
Il poursuit sur son amour des cimes : « Enfant de La Guillotière, j’ai passé mes diplômes de moniteur de ski quand j’étais aux Beaux-Arts. L’art procure des émotions, le sport aussi. Je me souviens qu’à l’armée, que j’ai faite comme gendarme de montagne, nous avons passé trois cols en courant, soit 30 bornes. C’est incroyable ce qu’on était capables de faire ! Le sport amène quelque chose sur la connaissance de soi. À 35-40 ans, je pratiquais le footing tous les jours, en plus de l’atelier. Ma vie s’est toujours organisée sur mes passions. »

Qui dit passion dit rencontres. Et Martinand n’est pas avare en amitiés. Il cite Stani Chaine : « J’avais fait une expo au centre Sévigné au début des années quatre-vingts. J’ai écrit à tous les critiques d’art et deux m’ont répondu, Stani Chaine et Nelly Gabriel. » D’autres noms suivent, rapidement : ceux d’artistes (Horacio Lo Greco, Gérard Mathie, Francis Tuzet, Jean-Charles Monot, Christian Lhopital, Aubanel), de personnes avec qui il a partagé une expérience, telle Nathalie Augert avec qui il a dirigé pendant trois ans la galerie L’usine, à Saint-Foy-lès-Lyon. Il rend hommage à Madeleine Lambert : « C’est grâce à elle que j’ai obtenu l’atelier de Vénissieux et par Vénissieux que j’ai eu accès à l’Urdla (centre international estampe & livre, installé à Villeurbanne). La Ville m’a acheté une pièce pour mettre dans sa collection, une marelle entre ciel et terre, thème repris dans le livre « De chair et d’azur ». Elle m’a aussi offert en catalogue d’exposition un livre d’art extraordinaire, « Passe-temps ».
« Il y a également Jean-Marc Laïk, qui possède la plus belle galerie de Coblence. Il m’a aidé à comprendre les rapports galeriste/artiste. Je ne suis pas facile à vendre (la couleur n’est pas facile à vendre). Jean-Marc me soutient, depuis une vingtaine d’années. Il m’a fait participer à des foires d’art contemporain. J’ai une peinture héritière de la peinture moderne et mon fil conducteur est la couleur pure. Mon père m’a acheté mes premiers livres d’art quand j’étais en 3e, en 2nd. C’est mon background, comme si Kandinsky et Picasso étaient mes parents, Gauguin, Van Gogh et les impressionnistes mes grands-parents. »
Dans cette grande famille, les dessinateurs primitifs du Tassili sont des oncles ; les expressionnistes allemands, Kirchner, Nolde et tous ceux du mouvement Die Brucke des cousins, forcément issus de germains (mais les grands aplats de couleurs de Martinand délimitent désormais le chaos créé dans les toiles de ses aînés). Comme si notre ami évoluait dans une double dimension d’instinct et de culture. Ses thèmes ont souvent opposé le corps à l’architecture, le magma au structurel, l’autrefois et l’aujourd’hui, la chair et l’azur, la nature et la culture.
Le Polaris expose une cinquantaine d’œuvres de Martinand, depuis les découpes et les totems cache-cache jusqu’aux toiles récentes qui composent la série Espace vital. Et l’artiste, comment voit-il cela, lui qui a encore bien des choses à dire ?
« Quand on est dans l’action, on se situe presque dans un autre monde. C’est une dimension étonnante, hors du temps. Quand tu te poses, tu as un regard et tu deviens le spectateur de ton travail. »
 
Fabien Martinand sera exposé du 31 janvier au 26 février au Polaris (5, avenue de Corbetta, Corbas). Vernissage le 31 janvier à 18h30. À cette occasion, l’artiste signera son livre « De chair et d’azur » (La rumeur libre éditions). Prix de vente : 48 euros.
Ouvert du mardi au vendredi de 9 heures à 19 heures, le samedi de 10 à 12 heures.
Le 11 février à 20 heures, conférence en présence de Fabien Martinand et de Stani Chaine, commissaire des expositions.
Renseignements : 04 72 51 45 55.

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